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[ECLAIRAGE] Ma vie après SOS Village : Le beau message d’espoir de Carina Jerie

27 février 2016

La jeune femme rêve de fonder une famille et de transmettre les valeurs de SOS Village.

Quand elle regarde en arrière, elle est fière et heureuse du parcours effectué. Certes, son histoire est différente des autres mais Carina, 24 ans, ne regrette rien. Bien au contraire. La jeune femme a toujours été consciente de sa chance. Grandir sans parents mais dans un foyer avec d’autres jeunes qui, comme elle, venaient d’un milieu difficile, c’est ce qu’elle appelle sa chance. C’est ce qui a fait d’elle, selon ses propres mots, ce qu’elle est aujourd’hui. Une jeune femme forte, déterminée et courageuse, riche de son histoire et de son parcours. «Je suis arrivée à SOS Village lorsque j’avais neuf mois. J’étais l’une des premières résidentes. Je vivais dans une maison avec d’autres enfants et notre maman SOS. J’ai appris que ma famille biologique avait des problèmes et que c’est pour cela que je suis arrivée au village. Je n’ai jamais voulu en savoir plus»,confie-t-elle sans détour.

 

Dans son cœur, pas une pointe de rancœur ou de colère envers celle qui l’a mise au monde, cette mère qu’elle n’a jamais connue. Le vide, dit-elle, elle ne l’a jamais vraiment ressenti. Lorsqu’elle arrive à SOS Village, elle n’est qu’un bébé et n’a aucun souvenir de sa famille biologique. L’amour maternel, elle le trouve chez Marianne Alcindor, sa maman SOS avec qui elle partage une relation très forte.

 

Dans la maison, entourée d’autres familles SOS, Carina mène une vie heureuse : «Je n’ai connu que la vie au village. Pour moi, il n’y avait rien de plus normal.»Quelques années plus tard, lorsque sa sœur biologique vient la rejoindre, elle est heureuse : «On ne sépare jamais les enfants biologiques à SOS. Alors, ma sœur est venue vivre dans la même maison que moi.»Travailleuse et appliquée, elle sait que l’éducation est sa porte de sortie si elle veut un jour réaliser ses plus grands rêves. «Tous ceux qui venaient nous parler nous disaient qu’il fallait apprendre et réussir parce que la vie en dehors de SOS Village était difficile et qu’il fallait s’accrocher», raconte Carina. Cette phrase devient alors son leitmotiv.

 

Après l’école primaire, elle intègre le collège Lorette de Rose-Hill où elle travaille dur pour décrocher de bons résultats. À l’école, dit-elle, elle ne s’est jamais sentie différente des autres. Face à ses amies qui, contrairement à elle, vivent avec leur maman et leur papa, Carina se sent tout à fait comme les autres. «En plus, j’étais très occupée. Je n’avais pas beaucoup de temps pour penser à ces choses-là. Tout ce qui m’importait, c’était de travailler dur. Entre l’école, les leçons et le sport, j’avais de quoi faire»,se rappelle-t-elle.

 

Carina est, en effet, une grande sportive. Le sport lui permet aussi d’aller au bout d’elle-même et de se dépasser. Passionnée, elle fait partie de l’équipe de volley-ball de Beau-Bassin/Rose-Hill. Bien sûr, tout n’a pas été toujours facile. Elle se souvient notamment du départ de sa maman qui a été un déchirement. Mais pour maintenir le lien, elles se parlent souvent au téléphone et Carina passe les vacances scolaires chez elle à Rose-Belle. Lorsque le moment de quitter SOS Village arrive, Carina a 21 ans et fait des études d’histoire à l’Université de Maurice. La suite lui sonne alors comme une évidence : sa prochaine maison sera celle de sa maman Marianne : «C’était la suite logique des choses. On en avait beaucoup parlé avec ma maman et on savait que je n’avais nulle part d’autre où aller. Sa famille, c’était aussi ma famille. J’étais habituée là-bas et je connaissais tout le monde.»

 

Voilà trois ans déjà que la jeune femme vit avec sa maman de cœur. Contrairement aux autres enfants SOS qui choisissent de retourner vivre avec leur famille biologique ou qui n’ont d’autres choix que de vivre dans des foyers, Carina a décidé de vivre avec sa maman SOS. Grâce à un programme de SOS Village, elle effectue un stage depuis quelques mois chez DHL en tant que Finance Support,après avoir fait plusieurs jobs dont celui de Remedial Teacherchez SOS. Aujourd’hui, elle nourrit plusieurs projets, de nombreux rêves : ceux de devenir une professionnelle, de construire une petite maison et de fonder une famille : «C’est important pour moi. Je ne juge pas ma mère biologique mais mon histoire me force à devenir une adulte responsable. Je souhaite transmettre les valeurs que j’ai reçues de ma famille de SOS Village.»

 

Il y a quelques jours, Carina s’est rendue là où elle a grandi dans le cadre d’un programme lancé par l’établissement. Avec d’autres anciens, la jeune femme est revenue sur sa vie à SOS Village, partageant son histoire, évoquant les défis qui les attendent lorsqu’ils quitteront ce cocon, les encourageant à ne pas baisser les bras et à avancer. «Ça m’a fait du bien de partager mon vécu. J’ai senti que c’était mon rôle, comme un devoir envers ces enfants. Mon message pour eux était simple. C’était de réaliser la chance qu’ils ont de vivre à SOS, d’être entourés de personnes qui veulent les protéger et qui ne veulent que leur bien. C’est à eux d’accepter cette chance et de ne pas tourner le dos à la main qu’on leur tend.»

 

Un message beau, fort et plein d’espoir.

 


 

Christina Appadoo, General Manager du SOS Village Programme : «Leur trouver un logement et s’assurer de leur sécurité sont des priorités»

 

Préparer l’intégration du jeune à la société une fois qu’il quitte SOS Village, c’est l’objectif de l’Aftercare Programmemis en place par SOS Children’s Villages Mauritius qui offre un cadre de vie à caractère familial aux enfants retirés de la tutelle parentale et placés par la Child Development Unitchez cette organisation non-gouvernementale. Les enfants grandissent à sept ou à huit dans une maison, avec une maman dans le village SOS où ils bénéficient de l’éducation préscolaire, du soutien scolaire et des cours de rattrapage. Les enfants y sont encadrés et accompagnés par des professionnels incluant assistants sociaux, psychologues et éducateurs spécialisés. «C’est un travail de longue haleine. Beaucoup ne comprennent pas pourquoi ils sont ici, même si cela se passait mal chez eux, qu’ils vivaient dans un environnement difficile et vulnérable. Cela prend du temps pour qu’ils comprennent qu’ils sont là parce qu’on souhaite les protéger»,explique Christina Appadoo, General Managerdu SOS Village Programme.

 

Aujourd’hui, l’équipe de SOS Village privilégie ce qu’elle appelle l’early integration, c’est-à-dire qu’autant que possible, les bénéficiaires sont encouragés à réintégrer leur famille avant d’atteindre la majorité, quand c’est possible. Si c’est le cas, le programme de renforcement de la famille est enclenché. Si celle-ci est fragilisée par l’extrême pauvreté et la précarité, elle est alors accompagnée par des professionnels. De plus, avant le départ du jeune, c’est tout un programme qui se met en place en amont. Celui-ci est pris en charge par les encadrants pour préparer sa sortie. «Nous faisons toutes les démarches administratives nécessaires et lui donnons toutes les clés. Par exemple, nous l’accompagnons à la banque pour lui montrer comment ça se passe. Même chose pour la poste», souligne Christina Appadoo.

 

Au moment de la sortie, trois choix sont offerts au jeune. Primo : il retourne vivre chez sa famille biologique si les conditions le permettent. Deusio : il intègre un halfway home,soit un foyer d’accueil pour les enfants qui n’ont nulle part où aller. Troisièmement : certains décident de vivre avec leur maman SOS qui devient alors leur famille d’accueil : «Leur trouver un logement et s’assurer de leur sécurité sont des priorités. Certains préfèrent, malgré la pauvreté et les conditions difficiles, retourner vivre chez leur mère. C’est leur choix. Notre travail consiste alors à suivre le jeune et à aider la famille à sortir de cette situation de vulnérabilité. Nous recherchons ce qui est le mieux pour l’enfant.»

 

Outre le logement, SOS Village, grâce à des partenariats avec d’autres organisations, veille à assurer un travail au jeune qui s’apprête à voler de ses propres ailes.

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