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13 octobre 2014 03:50
Tout a commencé quand elle a senti une petite boule à son sein droit. Au début, Sylvie Madelon, 54 ans, ne s’en inquiète pas. Elle se dit que c’est probablement un muscle ou qu’elle s’est blessée avec une aiguille puisqu’elle fait de la couture. Mais les jours passent et cette petite boule devient de plus en plus sensible, la persuadant de se rendre à l’hôpital pour consulter un médecin. À aucun moment, confie-t-elle, elle ne pense à un cancer. Elle commence par faire une série de tests et, quelques jours plus tard, elle subit une première intervention. À la maison, Sylvie ne dit rien à son époux et à ses deux enfants. Quand un mois plus tard, on lui annonce qu’elle a un cancer du sein et qu’elle doit subir une ablation, elle encaisse le coup et préfère taire cette nouvelle. C’est elle qui est malade, se dit-elle. C’est donc à elle seule d’affronter la maladie : «Je me souviens que je rentrais chez moi dans le bus après que le docteur m’a annoncé cette nouvelle. Et là, j’ai pleuré. Je me disais que c’était peut-être la dernière fois que je rentrais chez moi.»
Pour une personne atteinte d’un cancer, le soutien, l’accompagnement et l’encadrement de la famille ou des proches sont très importants. Mais Sylvie se décide à affronter cette dure réalité seule. «Je ne voulais pas leur donner du souci. Et puis, je m’étais décidée à enlever ce sein et j’avais peur qu’on me décourage», souligne-t-elle. Chez elle, elle reste évasive et, quand on lui pose trop de questions, elle parle d’un problème de tension. Lorsque vient le moment d’être hospitalisée pour subir cette ablation, elle nettoie de fond en comble sa maison, prépare les affaires de ses enfants pour l’école et le repas pour quelques jours avant de s’en aller, encore une fois seule, à l’hôpital : «J’avais peur, mais je ne pensais plus à la mort. Pourquoi est-ce que moi j’allais mourir alors qu’il y a tellement de gens qui guérissent du cancer maintenant ? J’étais déterminée à ne pas baisser les bras.» Lorsque le médecin demande à parler à son époux après l’opération, Sylvie ne peut plus objecter : «Bien sûr, il m’a demandé pourquoi je n’avais rien dit. Mais il savait que j’étais forte.»
Cependant, une fois de retour chez elle, cette maman de deux enfants se rend bien compte que sa vie ne sera plus comme avant. Le rétablissement est long et le traitement lourd. Elle qui a toujours été indépendante et débrouillarde ne peut désormais plus faire certaines choses : «Je ne pouvais pas trop faire d’efforts, surtout avec mon bras droit. Je me sentais souvent fatiguée. J’oubliais des choses. Le plus dur, c’était ce miroir dans la salle de bains. La première fois que je me suis vue, c’était un choc. Et puis, j’ai commencé par mettre une serviette dessus, avant de finir par le faire enlever. Je ne supportais plus le fait de me voir.»
En effet, la mastectomie est une étape difficile et douloureuse dans la maladie. Cette amputation du sein est, dans la majorité des cas, très mal vécue par les femmes qui voient une part de leur féminité s’envoler. Avec le temps, et grâce à une prothèse dont elle a bénéficié à Link to Life, l’association qu’elle fréquente, souligne Sylvie, elle arrive un peu mieux à gérer cet aspect de la maladie. Quatre ans après la découverte de son cancer, elle doit toujours se livrer à des séances de radiothérapie : «Ce sont des traitements de cinq semaines. Je dois me rendre quotidiennement à l’hôpital et cela, sept jours sur sept. Ce n’est pas tous les jours facile, mais je garde le moral, car c’est la clé de ma survie.»
«Je refuse de mourir sans avoir vécu ma vie.» Varsha Narain n’est pas non plus de celles qui se laissent abattre. Quand on lui a découvert un cancer du sein en 2004, la jeune maman livre une lutte acharnée contre la maladie et remporte la bataille. Mais cette année, on lui a découvert une forme de cancer agressive. Un terrible choc pour la jeune femme qui, cependant, se reprend très vite. «Heureusement, je n’ai pas perdu mon esprit combatif. J’ai décidé de faire face, une nouvelle fois, à la maladie. J’ai une famille formidable qui me soutient énormément et ne pas me battre contre ce cancer n’a jamais été une option», explique la jeune femme qui est actuellement en Afrique du Sud pour des traitements.
Dans ces moments difficiles, Varsha a trouvé la force de mettre son expérience à profit et de venir en aide à d’autres femmes qui sont dans la même situation. C’est ainsi qu’elle a créé le groupe You Are Beautiful Femme, une association qui a pour but de montrer aux femmes atteintes de cancer comment prendre soin d’elle, se faire belle et garder leur féminité, en sachant comment combattre les effets indésirables des traitements. «Nous avons des ateliers de travail, des sessions de maquillage, de technique de beauté et de soins. Ces ateliers visent à redonner à ces femmes une image positive d’elles-mêmes, de l’estime et de la confiance pour faire face à cette maladie dans la grâce et la beauté», déclare-t-elle.
Profiter de chaque moment que la vie vous offre. S’émerveiller devant chacune de ses beautés, même les plus simples, car ce sont souvent celles qui ont le plus de valeur. S’enrichir de ses rencontres et surtout de ceux qu’on aime, car l’amour et le soutien de ses proches sont un pilier incommensurable. Voilà comment Jacqueline Olla, 66 ans, voit la vie depuis dix ans. En 2004, sa vie avait basculé lorsqu’une semaine seulement après la découverte de son cancer, elle avait dû subir une mastectomie. Tout s’était enclenché si vite, mais elle avait rapidement repris pied. Dix jours après son ablation, cette ancienne enseignante de primaire au couvent Lorette de Curepipe était déjà de retour au travail, tout en se livrant à son traitement et à ses séances de chimiothérapie. Plus le temps passe, plus elle se sent bien. «Je ne perdais pas mes cheveux, je n’avais pas de nausées. Je devais me rendre en France pour une formation et, comme je me sentais bien, j’ai dit à mon médecin : ‘‘je pars’’ et j’y suis allée. Tout au long de mon séjour, je n’ai pas fait de chimio», raconte Jacqueline.
Suivie par son médecin, les neuf années qui suivent se passent pour elle sans encombre. Jusqu’à ce que la maladie ne vienne la hanter une fois de plus l’année dernière : «Je me sentais fatiguée, alors qu’on n’était pas encore en fin d’année. J’avais toujours trouvé bizarre que mon médecin ne m’ait jamais fait faire de prise de sang ; je me disais que c’était lui l’expert. On m’a conseillé d’aller voir un autre docteur et c’est ce que j’ai fait. Après toute une série de tests et d’examens en tout genre, on a vu qu’il y avait à nouveau des cellules cancéreuses.» En rentrant à la maison ce jour-là, sa fille l’attendait sur le pas de la porte : «Je me souviens de ça comme si c’était hier. Je lui ai dit que c’était un cancer, encore une fois, et elle m’a dit, en pleurant : ‘‘Mami, tu ne dois pas mourir.’’ Ça m’a touchée au plus profond de moi-même et, en même temps, ça m’a donné la force et le courage de me battre.»
Profiter de l’instant présent
Bien sûr, il y a eu d’abord le choc d’apprendre une fois de plus cette terrible nouvelle, la peur, la détresse et cette question incessante : pourquoi elle ? Pourquoi encore une fois ? Sa foi en Dieu, l’amour de ses deux enfants, le soutien de ses amis et de ses collègues lui donne la force et le courage de livrer bataille une seconde fois contre la maladie. Contrairement à la première fois, Jacqueline décide de faire son traitement à l’hôpital où elle fait sa chimio, des injections et même des transfusions de sang. Si la première fois, elle n’a eu aucun effet secondaire, cette fois, elle n’y échappe pas. «Un jour, en me réveillant, j’ai vu sur mon oreiller tout un tas de cheveux. J’étais affolée et là, je passe mes doigts dans mes cheveux et c’est toute une poignée qui finit entre mes mains. Je perdais mes cheveux. C’était le choc. Je n’ai pas arrêté de pleurer. Ça attaque même mes ongles qui deviennent douloureux par moment. Mais je vais faire tout ce que je peux pour me battre», confie Jacqueline.
Sa foi a été, pour elle, un pilier. Jamais, dans ces moments-là, elle n’en a voulu au Seigneur. Au contraire, souligne-t-elle, «je rends grâce à Dieu, car ça fait plus d’un an depuis mon deuxième cancer et je suis toujours là». Ses collègues aussi lui ont été d’un grand soutien. «Une fois, en allant à l’école, j’ai été surprise de voir que toutes mes collègues avaient mis un fichu comme moi en solidarité. C’était un geste tellement beau», se souvient Jacqueline. Entre les séances de chimio, les médicaments et le régime alimentaire, sa vie n’est pas des plus faciles – les cellules cancéreuses ont attaqué son foie –, mais elle garde le moral et le sourire puisqu’elle aime la vie et qu’elle veut vivre : «Je goûte à la vie, à l’instant présent. Je profite de chaque instant. Je m’émerveille devant une jolie parole, devant une jolie fleur. Avec la maladie et cette peur de mourir, je suis beaucoup plus sensible à un regard, un geste, une parole. À l’hôpital, le service est très bien, mais j’y côtoie la misère humaine et cela me touche profondément.»
Jacqueline, aujourd’hui, est heureuse. Pour elle, pas question de laisser la maladie prendre le dessus. Avec sa fille, elle s’est récemment rendue en Afrique du Sud pour des vacances et puis, elle a fait un pèlerinage en Terre sainte. Elle a repris quelques-unes de ses activités. Engagée dans la communauté du Chemin Neuf, elle y rencontre ses amis et participe aux sessions de prière. Elle s’occupe un peu de ses fleurs et de ses plantes aussi. Et puis, depuis quelque temps, elle s’occupe chaque après-midi d’un enfant en difficulté scolaire, un geste important pour elle. Depuis plus d’un an, elle ne fait plus de projet à long terme. Son seul projet, c’est celui de vivre.
Apps Generation : Check Yourself
Il s’agit d’une application mobile qui a pour objectif d’encourager les femmes à s’autopalper, un geste indispensable à la détection précoce du cancer du sein et qui devrait être fait au moins une fois par mois. Cette application est disponible sur Apple Store et Android gratuitement, et permet d’apprendre en français, anglais, espagnol et japonais les gestes clés pour bien s’auto-examiner. De plus, il fait aussi office de rappel grâce à une configuration de l’application. Lancée par l’association Keep a Breast, #CheckYourSelfie invite les femmes autour du monde à se prendre en photo avec trois doigts sur la poitrine en signe de mobilisation contre le cancer du sein. Il existe une dizaine d’applications de ce genre en ligne, notamment Breast Check, IBreast Check, I Luv Boobies, entre autres.
You Man Reminder
En ce mois d’octobre, une toute nouvelle application sur la Toile fait le buzz. Il s’agit de You Man Reminder, lancé par Rethink Breast Cancer, une association canadienne qui lutte contre le cancer du sein. Contrairement aux autres applications, celle-ci est pour le moins décalée. Le principe est simple : il vous faut choisir parmi six beaux jeunes hommes et quatre poses plutôt suggestives de chacun d’entre eux. Ainsi, c’est lui qui vous rappellera d’examiner vos seins, dépendant de la période choisie.
Le saviez-vous ?
Bien que le cancer du sein soit la forme de cancer la plus fréquente chez les femmes, il existe également chez l’homme. Parmi les facteurs de risque, on retrouve celui de l’âge, car le risque de développer cette maladie survient souvent après 60 ans. Il y a aussi les antécédents familiaux, la prédisposition génétique et la cirrhose du foie, entre autres. Il est important que les hommes se sentent concernés par ce cancer et ne négligent pas les symptômes. À Maurice, 1 % de la population masculine serait touchée par le cancer du sein.
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