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Pauvreté : Le calvaire des familles de Dubreuil

13 août 2016

Suraj et Priya vivent avec leurs enfants dans une maison qui tombe en ruine.

Leur misère est silencieuse, mais saute aux yeux dès qu’on s’approche d’un peu plus près. À Dubreuil, plusieurs dizaines de familles vivent dans des conditions d’extrême pauvreté. Quelques feuilles de tôle en guise de maison, pas d’eau, pas d’électricité… leur réalité semble très éloignée de celle de la majorité des Mauriciens. Dans cette région où la pluie et le froid ne font pas de cadeau, la vie de ces familles est un perpétuel combat. Elles n’ont qu’un seul espoir : voir enfin la lumière au bout du tunnel.

 

Cela fait une quinzaine d’années que Vishal vit dans une petite bicoque de quelques mètres carrés avec son épouse Asha et leurs trois enfants âgés entre 7 et 13 ans. À l’intérieur, une table, quelques chaises en mauvais état et un lit constituent la seule source de «confort» de cette famille. Vishal, 39 ans, est laboureur, mais joindre les deux bouts lorsque le travail se fait rare lui demande un effort surhumain. Quand il n’est pas dans les champs, il accumule les petits boulots à gauche et à droite afin de pouvoir nourrir sa famille. «Nous devons lutter, mais c’est très difficile surtout quand on se fie à des petits boulots ici et là. Je travaille le matin pour pouvoir manger le soir», avoue-t-il.

 

Ce père de famille est en permanence en quête de travail, mais à chaque fois, dit-il, il se heurte au mépris des employeurs et aux salaires dérisoires : «Quand on vous propose Rs 4 000 par mois et que vous devez, dans cette somme, payer votre transport, faire manger la famille et envoyer les enfants à l’école, c’est décourageant.»Alors, lorsqu’ils se retrouvent sans aucune source de revenu, Vishal et Asha se fient aux donations des associations et des volontaires qui veulent bien leur venir en aide.

 

Loin du luxe

 

C’est le cas des associations Light of Hope et G.I.V.E qui se sont rendues dans cette localité récemment afin d’offrir à ces familles un peu de soulagement à travers la donation de vivres.«Ces familles vivent un calvaire au quotidien. Le constat, dans certains cas, est désolant. Maisons délabrées, matelas réduit à presque rien, manque de nourriture. Une réalité loin du luxe que bon nombre de citoyens connaissent. Malgré cette situation compliquée, force est de constater que ces villageois font de leur mieux pour donner l’arme nécessaire à leurs enfants afin de pouvoir sortir de cette pauvreté. Tous les enfants que Light of Hope a rencontrés sont scolarisés avec de bonnes notes à l’école», explique Rajiv Gunputh, responsable de la communication et des relations publiques de l’association.

 

Cette dernière prévoit même d’offrir des consultations médicales gratuites et de faire parrainer les enfants pour qu’ils aient tous accès à l’éducation. Des matériaux scolaires, des jouets, des vêtements et des chaussures ont aussi été offerts aux petits. Un geste qui n’a pas manqué de mettre un sourire sur les visages.

 

Vishal, comme beaucoup d’autres familles dans la même situation, compte énormément sur ce genre d’aide pour pouvoir subsister. Sans ça, sa famille et lui dormiraient certainement plus souvent le ventre vide. «À chaque fois que les enfants reçoivent des cahiers, des uniformes et des sacs, pour nous, c’est un soulagement et ça nous permet de les envoyer à l’école.»Cependant, s’il rêve d’offrir à sa famille un endroit beaucoup plus décent pour vivre, Vishal doit se rendre à l’évidence : la route est encore longue.

 

À quelques mètres de là, Suraj et Priya ne connaissent pas les péripéties d’une maison confectionnée avec quelques feuilles de tôle et des morceaux de bois, mais leur réalité est tout aussi difficile. Depuis 10 ans, ce couple vit dans une vieille maison qui appartenait à la grand-mère de Suraj et qui tombe en ruine. À l’intérieur, le fort taux d’humidité et de moisissure rend l’air difficilement respirable. Les rares meubles qu’ils possèdent sont dans un piteux état et les matelas complètement détruits. Le temps et le climat ont eu raison de cette maison qui ne cesse de couler et de rendre les nuits de cette famille difficiles. 

 

Malgré leur jeune âge, le couple, parent de trois enfants, rencontre de grandes difficultés à trouver du travail. Si Suraj essaie de gagner de quoi vivre en travaillant en tant qu’aide-maçon ou dans les plantations de légumes quand on le lui permet, Priya, elle, est dans l’incapacité de travailler à cause des enfants. «La garderie coûte trop cher et nous n’avons pas de quoi payer. Je n’ai d’autre choix que de rester à la maison pour veiller sur eux», dit-elle.

 

Face à la précarité dans laquelle ils vivent, la jeune mère de famille essaie de faire face du mieux qu’elle peut. Sans eau, raconte-t-elle, la famille est obligée de stocker l’eau de pluie pour faire la cuisine, la vaisselle et la lessive. Pour le bain et la consommation, elle se fie à la gentillesse des voisins qui ne rechignent pas à leur donner de l’eau. Cela fait des mois qu’ils n’arrivent pas à acheter du gaz. Du coup, Priya cuisine à l’ancienne avec du feu de bois. Souvent, dit-elle, elle n’a d’autre solution que de se rendre chez sa mère avec ses enfants. Là-bas, ils peuvent connaître, le temps de quelques jours, un minimum de confort en attendant des jours meilleurs.

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