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Par Sabine Azémia
2 septembre 2016 03:53
Mieux vaut prévenir que guérir, dit-on. C’est la raison pour laquelle le ministère de la Santé a lancé, le 18 août, un nouveau vaccin contre le Human Papilloma Virus(HPV) dans les écoles primaires. Un virus qui serait à l’origine, notamment, du cancer du col de l’utérus chez les filles. Selon un communiqué du ministère, 9 000 Mauriciennes et 500 Rodriguaises de 9 à 13 ans sont concernées par cette campagne de vaccination.
Certains parents ont refusé que leurs filles soient vaccinées car manquant d’informations sur le vaccin et ne comprenant pas tout à fait son but. Le ministre de la santé Anil Gayan, de son côté, s’est voulu rassurant lors du lancement, et a soutenu que ce vaccin, qui va se faire en deux temps, est sans risque et recommandé par l’OMS.
Pour le Dr Farhad Aumeer, consultant gynécologue, il est important de bien expliquer aux parents ce qu’il en est de ce vaccin et son importance pour les jeunes filles. «Il faut mettre l’accent sur le safety aspectdu vaccin et leur expliquer les bienfaits de ce vaccin ou mettre un programme en place pour ceux qui refusent de faire le vaccin dans l’immédiat. Le ministère de la Santé devra s’assurer du suivi des jeunes filles ayant eu le vaccin car c’est primordial pour évaluer son impact sur l’incidence du cancer dans les prochaines 7-10 années et la prévalence du HPV parmi ces sujets.»
Le Dr Aumeer met en avant l’importance d’une campagne de prévention et de vaccination assez tôt chez les filles car, bien que la prévalence du cancer du col soit plus élevée dans la moyenne de 35 à 50 ans, les plus jeunes peuvent aussi contracter cette maladie. Cette injection, dit-il, ne peut en aucun cas traiter un cancer déjà acquis ou le virus, mais agit surtout en guise de prévention avant les premiers rapports sexuels. «Il est conseillé del’administrer à un jeune âge, entre 11 à 14 ans.En général, le programme de vaccination de masse cible des filles de 11 à 13 ans. Ce n’est que récemment qu’on a débuté, au Canada, une campagne de vaccination de masse avec des jeunes écolières à partir de l’âge de 9 ans», explique le Dr Aumeer.
Pour lui toutefois, 9 ans n’est pas l’âge idéal pour bénéficier de ce vaccin. «La vaccination à 9 ans est un peu trop tôt. Ce serait mieux pour ces jeunes filles de le recevoir lorsqu’elles comprennent davantage la sexualité, le mode de transmission du virus qui, en général, est lié à l’acte sexuel ainsi que la fonction du vaccin. Et puis les vacciner à l’âge de la puberté, vers 11-14 ans, ne change en rien la protection immunitaire que prévoit le vaccin.»
À noter que le HPV peut être contracté à 99 % lorsqu’on est sexuellement active ou à 1 % par le contact sexuel et très rarement par transmission verticale de la maman au bébé pendant un accouchement. «Il faut savoir que le HPV n’est pas uniquement cancérogène au col, mais également aux parties privées, dont le pénis, à l’anus, entre autres», explique le gynécologue. Mais le col est plus concerné. «Le cancer du col de l’utérus se développe à partir de cellules du col. C’est cette partie qui est exposée pendant la relation sexuelle aux infections vaginales.»
Le cancer du col de l’utérus, comme l’indique le spécialiste, est dû principalement au Human Papilloma Virus, contracté lors de rapports sexuels. «70 % des femmes qui ont eu le cancer du col de l’utérus ont été dépistées positives aux HPV 16 et 18. Il est bon de savoir qu’il y a plusieurs souches virales du HPV (6, 11, 16 et 18) qui sont transmises lors des relations intimes par voie sexuelle ou contact sexuel, d’ou l’importance de la vaccination», souligne le Dr Aumeer.
Le vaccin contre le cancer du col de l’utérus, poursuit-il, existe en deux types principalement. «Je n’ai vu que les pamphlets qui ont été donnés aux parents des élèves à qui on propose le vaccin. Le nom du vaccin n’y est pas mentionné, mais je crois comprendre que c’est un vaccin qui se fait en deux doses. Si c’est le vaccin utilisé mondialement, il devrait être quadrivalent et protéger contre quatre souches du virus HPV, notamment le 16, 18, 6 et 11.»
Le deuxième vaccin est le cervarix, ajoute le gynécologue.«C’estun vaccin bivalent qui protège contre les souches 16 et 18 du virus. Il n’offre pas de protection directe contre les souches 6 et 11 qui sont responsables d’infections génitales. Mais il est très important de savoir que toutes les études concernant la pathogenèse du cancer du col ont montré une relation directe entre celui-ci et le virus HPV 16 et 18.»
Existe-t-il des risques ? «Le vaccin, comme tout autre vaccin, est bien, mais n’empêche qu’il existe des effets secondaires qui lui sont directement attribués, dont des rougeurs, des douleurs, des irritations, de la diarrhée, des crampes d’estomac et aussi d’autres effets plus conséquents très rares tels que l’évanouissement, les problèmes pulmonaires ou le choc anaphylactique», explique le Dr Aumeer.
Il est bon de savoir que le vaccin, qui coûte Rs 900 dans le privé, ne remplace pas le dépistage du cancer du col, le frottis, le test de dépistage de choix une fois que les femmes sont sexuellement actives.
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