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Par Sabine Azémia
21 juillet 2014 16:46
Les jeunes commencent à devenir sexuellement actifs de plus en plus tôt. Sans être forcément conscients des risques qu’ils encourent par manque d’informations ou par immaturité, sinon les deux. Une des conséquences majeures d’une sexualité précoce c’est la grossesse non désirée chez des jeunes incapables d’assumer cette responsabilité. D’ailleurs, selon le ministre Lomus Bundhoo, la grossesse chez les adolescents est un des «major concerns» à Maurice. Justement, le ministère de la Santé veut absolument combattre ce fléau à travers des campagnes de sensibilisation. En attendant, voyons, avec la psychologue Sapna Jaggeshar, quels sont les risques d’une sexualité précoce.
D’abord, elle nous en dit plus sur les raisons qui poussent les jeunes à devenir sexuellement actifs : «Dès qu’ils ont atteint la puberté et au-delà, ils éprouvent un intérêt pour les relations amoureuses et sexuelles et les comportements sexuels génitaux.» En grandissant, ces adolescents commencent à éprouver un fort sentiment d’attachement émotionnel pour leurs partenaires romantiques et trouvent cela normal de l’exprimer dans les relations sexuelles. «Il n’existe aucun moyen de prédire quand et comment un adolescent en particulier agira sexuellement. Dans l’ensemble, la plupart des adolescents explorent les relations avec l’autre, tombent amoureux et participent à des rapports sexuels avant l’âge de 15 ans», souligne Sapna Jaggeshar.
Les conséquences d’une sexualité précoce, dit-elle, sont diverses. Cette activité peut affecter l’éducation, la vie sociale et même la santé physique et psychologique des adolescents à plusieurs niveaux. «D’abord, les jeunes filles qui se livrent à des activités sexuelles courent le risque de tomber enceintes. Là, soit elles choisissent d’avorter, soit elles décident d’avoir le bébé. Celles qui choisissent l’avortement peuvent éprouver une réaction négative prolongée à l’avortement, connue comme le syndrome post-avortement. Les adolescentes qui décident de garder leur bébé ont, elles, souvent du mal à rester à l’école pour terminer leurs études ou à trouver un emploi», explique la psychologue.
Les adolescentes confrontées à cette réalité ne sont pas les seules à assumer les conséquences de leurs actes. Souvent, les enfants nés de ce genre de relations sont plus fragiles. «Comme la plupart des filles-mères ne sont pas bien physiquement et émotionnellement car n’étant pas prêtes à porter et à s’occuper d’un enfant, leurs bébés ont tendance à avoir un faible poids à la naissance et sont prédisposés à une variété de maladies.» Les bébés nés de mères adolescentes seraient de ce fait plus susceptibles de mourir dans leur première année de vie par rapport aux bébés nés de mères âgées de plus de 15 ans.
La contraception serait une solution à ce phénomène mais, à cet âge, celle-ci comporte aussi des risques. «La pilule peut augmenter le risque de formation de caillots sanguins dans les jambes, les poumons ou le cerveau entraînant un accident vasculaire cérébral. Un autre problème avec les pilules contraceptives c’est qu’elles peuvent créer un état d’anovulation – le fait de ne pouvoir ovuler pendant une longue période – et détruire des bactéries bénéfiques dans l’intestin, vous rendant plus sensibles à la prolifération des levures et aux infections», soutient Sapna Jaggeshar.
La sexualité précoce peut aussi entraîner des maladies sexuellement transmissibles telles que le VIH, comme l’a fait ressortir le ministre Lormus Bundhoo lors de la Journée internationale de la Population. Selon lui, 40 % des contaminations au VIH surviennent chez les jeunes. Selon Sapna Jaggeshar, cette tendance pourrait être expliquée par un manque d’information et de sensibilisation dans l’univers des jeunes. «Le sexe chez les adolescentes est encore considéré comme un sujet tabou et très peu de personnes en parlent. Il devrait y avoir plus de discussions sur le sujet. Les programmes d’éducation sexuelle devraient aussi être renforcés et soutenus dans les écoles secondaires.»
Le rôle des parents n’est pas négligeable non plus. Il est même primordial. La psychologue Jaggeshar précise qu’«un grand nombre d’adolescents expriment un fort désir d’avoir plus d’informations sur la façon de parler à leurs parents de la sexualité et des relations. Le rôle des parents est de communiquer avec leurs enfants sur l’éducation sexuelle, ils devraient être la principale source d’éducation de leurs enfants au lieu de les laisser trouver cette connaissance ailleurs». Le rôle de l’éducation sexuelle est, dit-elle, tout aussi important, d’autant plus que celle-ci implique des connaissances et compétences utiles liées à des questions essentielles à la sexualité, y compris concernant l’intimité, les relations humaines et l’identité sexuelle, entre autres.
La psychologue donne aussi un conseil aux moins jeunes qui souhaitent avoir des relations sexuelles. «Dès l’âge de 18 ans, si un/une jeune se sent prêt à avoir des relations sexuelles, il/elle devrait avoir atteint un niveau de maturité afin de pouvoir assumer ses responsabilité à l’avenir.» L’important, comme en toute chose, c’est de ne pas brûler les étapes et de vivre pleinement sa jeunesse sans être entraîné dans une spirale infernale qui peut avoir des conséquences négatives sur l’avenir.
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