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Southern Handicapped Association : Pour les prendre par la main

14 avril 2016

Le centre accueille les enfants atteints d’un handicap physique ou intellectuel jusqu’à l’âge de 20 ans.

Rien qu’un son. Un petit mouvement. De tous petits gestes à l’air banal qui prennent subitement tout leur sens, qui donnent de l’espoir, qui motivent et qui laissent croire que le progrès n’est pas une illusion. Ces petits pas, l’équipe de la Southern Handicapped Association, qui accueille les enfants et les jeunes (jusqu’à 20 ans) atteints d’un handicap mental ou physique dans la région sud, les constate tous les jours. Aujourd’hui, Niveshni, 3 ans, atteinte de paralysie cérébrale, a, comme plusieurs fois dans la semaine, une séance de thérapie avec l’ergothérapeute Minakchi Daworaz. En attendant, la fillette est dans sa poussette, au milieu d’enfants de son âge, dans une petite salle de classe. Contrairement aux autres qui participent à des activités de coloriage, elle ne peut pas tenir un crayon et assimiler les instructions.

 

Lorsqu’elle débarque à la Southern Handicapped Association il y a un peu plus d’un mois, la petite se trouve dans un état végétatif. La paralysie cérébrale qui affecte le cerveau du fœtus ou du nourrisson est décrite comme un trouble du développement permanent affectant la motricité et la posture. «On ne peut qu’être fier lorsqu’on la voit aujourd’hui. Il y a encore quelque temps, elle ne bougeait pas du tout et ne parlait pas. Grâce à la thérapie, elle a commencé à bouger ses pieds, tient mieux sa tête, arrive à dire les mots “bébé” ou “baba”. Elle a beaucoup avancé en quelques semaines», explique Minakchi Daworaz, consciente du potentiel de sa jeune patiente.

 

Pour la Southern Handicapped Association, tout a commencé en 1985. Ramesh Bondy et une bande de volontaires veulent venir en aide à ceux qui sont atteints d’un handicap. «On a commencé avec un peu de sport et des activités culturelles. L’objectif premier était de les sortir de la maison où ils restaient souvent cloîtrés, de leur apporter un peu de joie», souligne Ramesh, le fondateur de l’association. Au fil des années, l’ONG a évolué et s’est agrandie. Dans les années 90, un Day Care Center, premier du genre dans le Sud, ouvre ses portes à Souillac, accueillant les handicapés durant la journée. Grâce à plusieurs sponsors, Ramesh Bondy arrive à accommoder de plus en plus de bénéficiaires venant des régions avoisinantes telles que Rivière-des-Anguilles, Tyack, Camp-Diable et L’Escalier. Dans sa tête, trotte déjà une nouvelle idée : «Je me suis dit : pourquoi ne pas offrir plus à ces enfants et créer une école où ils pourront apprendre, se développer et aller au bout de leurs capacités ?»

 

«Les enfants sont pris en charge à 100 % et tout est gratuit»

 

C’est ainsi que naît, quelques années plus tard, la Special Education Needs Schoolà Surinam, qui propose la réhabilitation, une éducation spécialisée, mais aussi l’enseignement académique et la formation professionnelle. Aujourd’hui, les deux établissements accueillent 125 élèves au total. «Les enfants sont pris en charge à 100 % et tout est gratuit. Chaque matin, il y a un van qui passe les prendre et les retourne chez eux. À l’école, ils sont encadrés par des éducateurs spécialisés. Les classes sont composées de sept élèves au maximum et nous avons à notre disposition plusieurs outils technologiques qui leur sont d’une grande aide. Ils bénéficient aussi de l’accompagnement d’un psychologue, d’un physiothérapeute et d’une ergothérapeute pour les aider dans leur thérapie», souligne Rashveen Bondy qui s’occupe, lui, de l’école de Plaine-Magnien.

 

Cela fait 20 ans que Roomila Rughoonauth est engagée auprès des enfants qui souffrent d’un handicap. Bien plus qu’un travail, son job au sein de la Southern Handicapped Association est une mission qu’elle doit mener à bon port. «Je veille sur eux comme s’ils étaient mes enfants. On les encadre pour qu’ils puissent un jour être autonomes et indépendants, pour qu’ils puissent se débrouiller en sortant d’ici. Voici mon objectif. Nous avons d’importants outils et nous avons reçu plusieurs formations qui nous permettent de les accompagner selon leurs besoins», dit-elle. Et lorsque l’une de leurs élèves, Ashwanee Shoodeehul, décroche la médaille de bronze au lancement de poids aux derniers Jeux des îles, la joie est à son maximum. 

 

Outre l’éducation académique et les activités récréationnelles, l’école dispose d’un atelier artisanal qui fait aujourd’hui la fierté de l’établissement. Celui-ci réunit d’ex-élèves de l’école qui y ont trouvé un travail. En effet, Marie-Ange, Safinaz et Zarine, toutes les trois sourdes et muettes, y produisent divers produits artisanaux qui sont ensuite vendus aux hôtels, aux magasins touristiques et autres. «Nous avons plusieurs commandes pour des souvenirs mauriciens qui plaisent beaucoup aux touristes. Nos produits sont même vendus à l’aéroport», souligne avec fierté le directeur de l’établissement. Ramesh Bondy met un point d’honneur à recruter ses anciens élèves afin de leur permettre de travailler et d’évoluer : «C’est très important pour nous que ceux qui le peuvent trouvent un travail et soient indépendants. Ici, la majorité des employés sont des anciens élèves de l’école.»

 

Accompagner ceux qui vivent avec un handicap jusqu’au bout afin qu’ils soient mieux intégrés à la société est un travail de longue haleine. Mais à la Southern Handicapped Association,chaque petit pas est une motivation pour aller plus loin.

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