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Un autre regard sur les malvoyants

5 octobre 2014

Le passe-temps de Vassen Ragaven : la fabrication de produits artisanaux, entre autres.

Vivre normalement avec un handicap ; cela peut paraître insurmontable, mais pourtant, beaucoup le font avec une aisance presque spontanée. Nombreux sont ceux qui relèvent ce défi, particulièrement dans le milieu académique. Il est important de distinguer les personnes non-voyantes (aveugles) de celles qui sont malvoyantes. Celles-ci, atteintes de troubles sévères de la vue, peuvent néanmoins distinguer des formes et des couleurs et, avec un encadrement adapté, peuvent se montrer aussi douées et productives que n’importe qui.  

 

À notre arrivée à la Southern Handicapped Association, à Riambel, des sourires nous accueillent. Ils sont une dizaine de malvoyants, accompagnés du même nombre de profs qui les aident «à mieux s’intégrer à la société, et surtout à être des citoyens autonomes», rappelle Ramesh Bondy, le directeur de l’association. «Leur offrir l’opportunité de mettre en avant leurs atouts en les aidant académiquement afin qu’ils deviennent plus indépendants est, en effet, un pas en avant pour notre association», ajoute-t-il. 

 

Parmi les élèves, Mélodie Lapoule, 17 ans. Cette habitante de la région de La Gaulette nous salue d’un air timide et nous raconte sa passion pour le dessin. «J’aime dessiner, j’ai toujours été passionnée par le coloriage», partage la jeune fille. En effet, on l’aperçoit en train de faire consciencieusement des dessins dans son cahier scolaire. Elle est également une amoureuse de la nature. Apprendre à lire et à écrire est une des choses que Mélodie apprécie le plus au quotidien et le fait d’être entourée d’autres jeunes avec le même handicap qu’elle la motive et lui donne la force de s’investir davantage dans ce qu’elle fait. Son rêve, c’est de devenir une grande couturière. Bénéficiant du soutien de ses parents, Mélodie se dit être bien entourée par ses proches en n’oubliant pas l’aide que lui apportent ses profs et ses camarades de classe. 

 

«Ces journées à l’association me permettent aussi de me faire des amis qui sont comme moi», confie l’adolescente, toute souriante. Durant la journée, elle s’adonne à des parties de dominos ou de caroms avec ses amis. La musique tient un rôle important dans sa vie ; elle ajoute qu’elle adore écouter en boucle les chansons de Shakira qui est une de ses chanteuses préférées.

 

Également malvoyante, Damini Senee, habitante de Surinam et âgée de 19 ans, passe, elle aussi, ses journées à la Southern Handicapped Association. Sa passion, c’est la télévision et la musique bollywoodienne. La jeune femme, réservée et timide, nous explique que son rêve serait de devenir une grande cuisinière. Ses journées à l’école sont importantes, car pour Damini, «cet échange, tous les matins entre amis et professeurs, nous permet de nous exprimer». Elle est très sportive et participe à plusieurs activités de l’établissement, dont le caroms, et remporte souvent les matchs organisés. D’ailleurs, elle s’est récemment mise au badminton et à la corde à sauter afin de rester en bonne santé. 

 

Sa force, elle la doit à ses parents qui la soutiennent quotidiennement, et à sa grande sœur Malini, de qui elle est très proche. C’est aussi à travers les activités que le centre offre qu’elle puise beaucoup de son courage. C’est également le cas de Vassen Ragaven, 27 ans et habitant Rivière des Anguilles. Il est très doué pour l’artisanat. En effet, nous le voyons en pleine concentration dans la confection d’un panier. 

 

Le jeune homme déclare aimer ce qu’il fait. Son passe-temps, c’est de fabriquer des paniers, des poubelles à base de rotins et des produits artisanaux. D’ailleurs, cela fait dix ans qu’il s’est lancé dans ce domaine, en espérant un jour pouvoir travailler dans une grande usine artisanale. Orphelin, il partage ses journées entre la confection de produits artisanaux et le centre, à converser avec ses amis. 

 

Comme Vassen, Damini et Mélodie, plusieurs malvoyants du pays se donnent les moyens de réussir dans la vie. Ils ne baissent pas les bras et essaient tous les jours de s’améliorer en exploitant leurs aptitudes. Mais tout cela ne serait pas possible sans l’aide de leur famille et des accompagnateurs qui les portent et les poussent à se surpasser. Les enseignants ont la dure responsabilité d’apporter un support pédagogique adapté à chaque élève. Ces personnes ont fait de leur travail leur passion et mettent tout en œuvre pour aider leurs élèves. C’est le cas de Beendoomattee Duval, un des professeurs qui encadrent les malvoyants. «Après dix ans d’expérience, je vois que les conditions des malvoyants se sont beaucoup améliorées. En outre, certains élèves ont la volonté d’apprendre, ils ont de l’ambition», explique-t-elle. Et d’ajouter que le devoir des enseignants, c’est «d’encadrer les élèves et de leur donner tous les outils pour qu’ils soient autonomes». 

 


 

 

Vingt-neuf ans au service des autres 

 

À l’occasion des 29 ans d’existence de la Southern Handicapped Association, son président et ses membres, dans le but de permettre aux enfants d’avoir une meilleure condition de vie, feront le lancement officiel, le 16 octobre, du projet Promoting Mobility, avec l’affrètement d’un van spécialisé pour les enfants afin de faciliter leur mobilité. Des chaises adaptées seront également mise à la disposition des enfants «severely handicapped».

 


 

Keshini Shoodihal, Occupational Therapist – Ergothérapeute

 

Depuis trois ans, elle aide les adolescents au quotidien. Le principal objectif de Keshini Shoodihal est de les rendre autonomes et de leur permettre d’occuper une place dans la société. Diverses activités sont organisées pour donner l’opportunité aux malvoyants de mieux s’adapter à leur environnement ; par exemple des bandes fluorescentes sont placées sur les bordures d’escaliers pour les aider à mieux voir, et surtout, pour qu’ils ne se fassent pas mal. On augmente souvent les dimensions de l’alphabet pour faciliter la lecture et les aider à avancer académiquement et dans la vie de tous les jours.

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