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Par Cloé L'aimable
23 janvier 2025 09:08
À l'occasion de la Journée mondiale de l'hypersensibilité, il est essentiel de lever le voile sur cette réalité souvent méconnue. Loin d'être une faiblesse, l'hypersensibilité est une manière unique de percevoir le monde, marquée par une intensité émotionnelle et une grande réceptivité sensorielle. Grâce aux éclairages de Gheshna Jumnah-Ram, psychologue inscrite à l’AHPC et méta-coach certifiée par l’ISNS, nous explorerons les facettes de cette particularité. À travers ses conseils, découvrez comment reconnaître, comprendre et valoriser l’hypersensibilité pour transformer ce trait en force.
Vous sentez-vous profondément touché par vos émotions, votre environnement ou les relations humaines ? Alors, peut-être que vous êtes hypersensible. Mais avant toute chose, il est essentiel de bien comprendre ce qu’est l’hypersensibilité. Comme l’explique notre psychologue Gheshna Jumnah-Ram, cela désigne une réactivité émotionnelle et sensorielle plus intense que la moyenne. Les hypersensibles ressentent les émotions de manière plus profonde et réagissent plus fortement aux stimuli de leur environnement, qu’il s’agisse de bruits, d’odeurs, de lumières ou d’interactions sociales.
Ce phénomène, qui peut toucher plusieurs aspects de la vie quotidienne, est souvent lié à une grande empathie, une perception affinée des détails et une propension à l’introspection. Loin d’être un trouble psychologique ou une faiblesse, l’hypersensibilité est en réalité une variation naturelle de la sensibilité humaine. Cette particularité, étudiée notamment par la psychologue Elaine Aron, qui a popularisé le terme «Highly Sensitive Person» (HSP) ou «personne hautement sensible», concerne environ 15 à 20 % de la population. Toutefois, son expression varie d’une personne à l’autre, selon des degrés divers.
Voyons les symptômes de l’hypersensibilité. «L’hypersensibilité se manifeste sous différentes formes, influençant de nombreux aspects du quotidien», explique la psychologue. Parmi les caractéristiques les plus marquantes, on retrouve une sensibilité accrue aux stimuli sensoriels. Les bruits forts, les lumières vives, certaines textures ou encore des odeurs spécifiques peuvent devenir rapidement stressants ou épuisants pour un hypersensible, alors qu’ils sont perçus comme normaux par d’autres. En raison de cette forte réceptivité, ils éprouvent souvent le besoin de se retirer au calme pour se ressourcer. Les lieux bruyants ou les interactions sociales intenses peuvent rapidement les épuiser, rendant les moments de solitude essentiels à leur équilibre.
Par ailleurs, leur empathie intense est une caractéristique importante. Les personnes hypersensibles ressentent profondément les émotions des autres, ce qui leur permet de faire preuve d’une compréhension remarquable. Cependant, cette qualité peut parfois les submerger, notamment dans des contextes émotionnellement chargés ou face à la détresse d’autrui. Sur le plan personnel, beaucoup de personnes hypersensibles présentent un perfectionnisme marqué et un besoin de reconnaissance. Elles s’imposent des standards élevés, craignant la critique ou la déception. Une remarque négative, même minime, peut ainsi les affecter de manière disproportionnée.
En raison de leur surcharge émotionnelle et sensorielle, les hypersensibles peuvent également avoir des difficultés à gérer le stress. Elles ressentent parfois une anxiété exacerbée ou se sentent dépassées face à des situations qu’elles perçoivent comme intenses ou difficiles. Cette hypersensibilité s’accompagne souvent d’une hyper-vigilance, les poussant à anticiper les dangers ou à analyser minutieusement les situations sociales. Une tendance qui peut devenir une source d’épuisement.
De plus, l’hypersensibilité, comme beaucoup de traits psychologiques, semble résulter d’un mélange complexe de facteurs génétiques, biologiques et environnementaux. Bien qu’il soit difficile de définir avec précision ce qui la provoque, voici quelques pistes principales qui permettent d’expliquer ce phénomène :
Facteurs génétiques et biologiques : Des études suggèrent que l’hypersensibilité a une base génétique. «En effet, certains individus naissent avec un système nerveux plus réactif, ce qui les rend plus sensibles aux stimuli externes et plus enclins à vivre des émotions intenses», explique la psychologue Gheshna. Cette prédisposition génétique pourrait être liée à une sensibilité accrue dans certaines zones du cerveau, notamment dans celles qui traitent les émotions et les stimuli sensoriels. Des recherches en neurosciences montrent également que les personnes hypersensibles ont une activité cérébrale plus élevée dans les zones responsables de la prise de conscience, de l’empathie et de l’autorégulation émotionnelle.
Influence des expériences de vie et de l’environnement : les expériences vécues, en particulier pendant l’enfance, jouent un rôle important dans le développement de l’hypersensibilité. Des environnements familiaux instables, des événements traumatiques ou une éducation très stricte ou émotionnellement chargée peuvent exacerber la sensibilité d’une personne. «En revanche, un environnement aimant, sécurisant et compréhensif peut aider à réguler cette sensibilité et à la transformer en une force. Les interactions sociales, la manière dont les émotions ont été gérées dans la famille ou les expériences scolaires peuvent contribuer à façonner l’expression de l’hypersensibilité à l’âge adulte», ajoute Gheshna Jumnah-Ram.
Traumatismes émotionnels et hypersensibilité : l’hypersensibilité peut également être liée à des événements traumatiques ou des expériences émotionnellement difficiles, surtout lorsqu’elles ont eu lieu pendant l’enfance ou l’adolescence. Des personnes ayant vécu des situations de violence, de rejet ou de négligence peuvent développer une sensibilité accrue aux émotions et stimuli externes en raison de leur mécanisme de défense pour anticiper les dangers.
Facteurs culturels et sociaux : les attentes sociales et les normes culturelles peuvent également influencer l’expression de l’hypersensibilité. Dans certaines cultures, il peut être mal vu de montrer des émotions fortes ou d’être «trop» sensible. Les hypersensibles vont alors intérioriser ces normes, ce qui peut exacerber leur ressenti d’inadéquation ou de rejet social.
Cependant, l’hypersensibilité n’est pas une maladie, mais plutôt un trait de personnalité ou une caractéristique psychologique. Ainsi, il ne s’agit pas de «guérir» de l’hypersensibilité, car ce n’est ni une pathologie ni un défaut. Il serait plus juste de parler d’apprentissage pour gérer cette sensibilité accrue et en tirer profit dans la vie quotidienne. Le but pour une personne hypersensible n’est pas d’éliminer cette sensibilité, mais plutôt de développer des stratégies pour la comprendre, l’accepter et vivre avec elle de manière harmonieuse. Voici quelques conseils de la psychologue Gheshna Jumnah-Ram qui peuvent aider à mieux gérer l’hypersensibilité.
Reconnaître et accepter
La première étape consiste à reconnaître et accepter son hypersensibilité. Beaucoup de personnes hypersensibles se sentent souvent «différentes» ou incomprises, et il est important de comprendre que ce trait n’est ni une faiblesse ni une anormalité. Ensuite, mettre en place des limites personnelles. L’un des défis pour les personnes hypersensibles est la surcharge sensorielle et émotionnelle. Apprendre à mettre des limites est essentiel pour éviter d’être submergé. De plus, le stress peut être particulièrement difficile à gérer pour les hypersensibles. Les techniques de relaxation, comme la méditation, la respiration consciente, le yoga ou la pleine conscience, peuvent aider à se recentrer et à apaiser l’esprit. Les personnes hypersensibles ont besoin de temps et d’espace pour se ressourcer. Il est important de prendre soin de soi en adoptant des routines qui favorisent le bien-être physique et émotionnel. Dans certains cas, consulter un thérapeute ou un psychologue spécialisé peut être d’une grande aide. La thérapie peut permettre d’explorer les causes profondes de l’hypersensibilité et d’apprendre des outils adaptés pour mieux la vivre au quotidien.
D’ailleurs, en parlant de psychologue, voyons voir comment on peut encourager un proche souffrant d’hypersensibilité à aller consulter. «Encourager une personne hypersensible à consulter un professionnel, comme un psychologue, peut parfois être délicat. En effet, leur sensibilité accrue les rend plus vulnérables au sentiment de jugement ou de stigmatisation, ce qui peut les dissuader à chercher de l’aide», explique la psychologue. L’hypersensibilité n’est ni un défaut ni une anomalie à corriger. Consulter un psychologue ne vise pas une «guérison», mais permet de mieux comprendre ses émotions et de développer des outils pour vivre sereinement avec sa sensibilité. La consultation psychologique, normale et bénéfique pour tous, aide à mieux gérer le stress, les émotions intenses, les relations interpersonnelles et la confiance en soi. Elle offre un espace confidentiel, bienveillant et sans jugement, où les psychologues apportent un soutien professionnel respectueux. Cette démarche enrichissante aide à naviguer avec assurance dans un monde parfois difficile pour un hypersensible.
En outre, communiquer avec une personne hypersensible nécessite une approche empathique et attentive. Elle ressent profondément les émotions, ce qui rend l’écoute active essentielle : reformulez ses propos pour montrer votre compréhension et validez ses sentiments avec bienveillance. Adoptez un langage réfléchi, en évitant les critiques brusques et les généralisations. Respectez ses émotions sans les minimiser : des phrases comme «Je comprends que cela t’affecte» favorisent une meilleure connexion. Créez un environnement sûr en évitant les disputes et en choisissant des moments calmes pour aborder des sujets délicats. Soutenez son besoin de solitude en reconnaissant qu’il s’agit d’une manière de se ressourcer. Enfin, montrez-lui des signes d’affection sincères et apprenez à identifier les signes de surcharge émotionnelle, comme la nervosité ou le besoin de retrait, pour offrir un soutien adapté.
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