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Athlétisme

Jérémie Lararaudeuse : «2025, se mo lane»

16 juin 2025

Le hurdler mauricien, Jérémie Lararaudeuse, enflamme les pistes en cette année 2025. Le quadricolore ne cesse de faire tomber les records de Maurice sur le 110 m haies. Après le 60 m haies en janvier, puis le 110 m une première fois le 2 juin, le pensionnaire de Nantes Métropole Athlétisme vient d’en remettre une couche cette semaine au Meeting International de Montreuil, en France. Une semaine après avoir enregistré 13.50 à Prague, en République tchèque, le Mauricien abaisse le chrono à 13.31 et n’est plus qu’à 4 centièmes des minima pour les Championnats du monde d’athlétisme qui se dérouleront en septembre au Japon. Un retour en grâce pour le jeune Curepipien après deux saisons compliquées. Sollicité par 5-Plus dimanche, Jérémie Lararaudeuse nous parle de cette étape difficile mais aussi de sa saison 2025.

C’était comment la course à Montreuil ?

Ce n’est pas la course la plus propre que j’ai faite, mais elle a été très efficace. Les conditions étaient excellentes. Tout était réuni pour faire un bon chrono. Le temps, le vent, la température étaient bons, la piste rapide, les adversaires rapides, donc tout ça m’a aidé à donner le meilleur de moi-même. Mon objectif était de sortir dans les starting-blocks, de faire ma course comme à l’entraînement et de faire une bonne performance. Au final, je réalise un 13.31, ce qui m’a beaucoup surpris, car je n’ai pas ressenti de sensations hors normes ou hyper rapides durant l’épreuve. C’était juste une bonne course.

En enchaînant les records cette année, vous semblez être dans une bonne dynamique ?

Effectivement, cette saison, je me sens dans une bonne dynamique, que ce soit en hiver comme en été. À chaque fois que je suis en piste, soit je suis régulier à l’arrivée, soit je fais un bon chrono. Ça montre qu’il y a eu une bonne préparation en amont avec mon coach et le staff pour produire ces résultats. Ces performances ne nous surprennent pas et nous savons que d’autres vont suivre. L’objectif primaire est de faire les minima pour les Championnats du monde prévus en septembre au Japon et de courir encore plus vite pour progresser dans le classement mondial. Actuellement, je suis dans le Top 18, mais si je parviens à atteindre le Top 10 ou le Top 8, je serai en mesure d’aller chercher une place en finale à Tokyo.

Comment est cette saison 2025 ?

Si je devais décrire cette saison, je dirais : consistante. Je suis solide dans tous les compartiments, que ce soit dans la préparation, au niveau de la nourriture, la récupération, et ces bonnes dispositions se reflètent en piste. Du coup, 2025, se mo lane mo krwar !

Quels sont vos objectifs ?

L’objectif est de faire les minima pour les Championnats du monde. À chaque fois que je suis parti aux Mondiaux, c’est grâce à mon classement. Je ne dis pas que ce n’est pas bon, mais réaliser les minima est encore meilleur. Cela va me permettre de dégager de nouvelles perspectives pour ma carrière. Les performances attirent les sponsors, notamment les grandes marques d’équipementiers, et ce support me permettra de passer à un autre échelon dans ma carrière.

Vous êtes en France depuis un moment et cette transition vous a beaucoup aidé à progresser malgré les sacrifices que ce changement a engendrés ?

Quand je suis parti de Maurice, j’avais 20 ans. Se séparer de sa famille, de ses amis et des personnes qu’on apprécie est une décision très difficile, mais nécessaire pour pouvoir réaliser son rêve. Au début, c’était un peu dur, surtout avec le climat. Le froid ici n’a rien à voir avec Maurice (rires). Ça m’a pris un peu de temps pour m’habituer. La première année était bien, j’ai fait une saison remarquable avec un titre de vice-champion d’Afrique. La deuxième et la troisième année ont été plus compliquées. Je me suis blessé à plusieurs reprises, j’ai manqué plusieurs podiums importants, mais ces épreuves m’ont aussi renforcé, m’ont poussé à travailler encore plus pour être en mesure d’enchaîner les performances. À un moment, j’étais tellement triste à cause de ces échecs, que j’ai failli abandonner, mais ces épreuves m’ont rendu plus fort.

Comment étiez-vous après les Mondiaux en salle au mois de mars ?

J’étais vraiment déçu après les Mondiaux de Chine. Je visais une place en demi-finale. Jamais un Mauricien n’est arrivé en demi à des Mondiaux en salle. Du coup, je voulais réaliser cet exploit et j’étais content d’avoir pu le faire. Après, quand j’ai vu que je devais faire le record de Maurice pour passer en finale, j’étais en mode «wow», vu que c’était à ma portée. Cependant, après mon élimination, j’étais vraiment contrarié quand j’ai constaté que je pouvais non seulement aller en finale mais aussi aller chercher la médaille de bronze, la troisième place. C’était navrant pour moi, mais cet échec m’a donné la force et la volonté de rebondir plus fort, de travailler encore plus afin de mettre toutes les chances de mon côté pour réaliser de bonnes performances aux Mondiaux de Tokyo.

Qu’est-ce qui vous a marqué en Chine ?

En Chine, j’ai eu un déclic. J’ai remarqué que je suis arrivé au même niveau que mes adversaires. Il n’y a que des petits détails qui nous séparent. Quand j’ai fait Top 13 en salle, j’ai réalisé que je ne suis pas loin du Top 8. J’ai pris conscience que je ne suis plus ce jeune Jérémie qui vient d’arriver sur le circuit, mais que je peux désormais accéder en finale et, si tout se passe bien, aller chercher une médaille. Je ne suis plus en train d’essayer de rejoindre la cour des grands, j’y suis déjà.

Au vu de vos performances, on peut espérer que vous envisagez mieux la suite ?

Toutes ces expériences ont servi à me montrer que rien n’est impossible. Il suffit d’un bon gros chrono et tout change. Pour y arriver, il faut continuer à persévérer, à se donner à fond dans la préparation, et toujours rester performant à chaque sortie afin de pouvoir atteindre ses objectifs.

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