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14 juin 2025 18:28
Elle y est allée et elle a rayonné. C’est avec le titre de première dauphine que notre compatriote Kelly Wayne a quitté l’aventure Miss Trans France. Elle nous raconte sa belle expérience...
Une belle histoire : «L’aventure en elle-même était vraiment magnifique. J’ai rencontré des personnes intéressantes, d’autres femmes trans qui sont intelligentes, motivées, avec chacune un parcours différent. On est toutes multicolores dans ce monde et d’avoir pu connaître et partager toutes ces histoires m’a permis de comprendre ce qui se passe en dehors de notre belle île. J’ai fait la connaissance de Polynésiennes et, franchement, j’ai été bluffée par leur histoire et leur culture. Chez elles, les trans sont très respectées. C’est même mis en valeur. Je n’ai peut-être pas eu la couronne, mais j’ai été nourrie par beaucoup de découvertes. J’ai vu une richesse en chaque personne et je sors grandie de cela, dans ma tête et dans ma culture générale. C’est ma première participation à un concours et j’ai été moi-même, authentique, à toutes les étapes... Je n’ai pas voulu lisser mon image pour plaire à qui que ce soit. Je ne m’attendais pas à arriver à la deuxième place. J’en suis très honorée et je remercie toutes les personnes qui m’ont soutenue, tous ces Mauriciens qui m’ont envoyé des messages d'encouragement et qui ont voté pour moi. Merci à tous... J'ai été vraiment touchée. Je ne m'attendais pas à un tel impact. C’est un honneur d’être première dauphine dans un tel concours.»
Pourquoi j'ai participé à Miss Trans France 2025 : «Le déclic a été que le concours pouvait être une plateforme pour devenir une ambassadrice pour la cause. On m’a vendu un beau tableau et j’ai été déçue à la fin. On m’avait fait comprendre que le but de cette élection était de trouver une ambassadrice pour la cause trans, qu’ils recherchaient une voix... Et comme moi, je n’ai jamais cessé de donner de la voix pour cette cause qui est ma réalité et que j’ai à cœur, et que je n’ai jamais eu peur de dire ce que je pense, je me suis lancée dans le concours pour représenter la communauté dans toutes ses couleurs et dans toutes ses formes. Quand on voit tout ce qui se passe autour de nous actuellement, et quand on voit ce qui se passe avec les prises de positions de Trump concernant la communauté, c’est parce qu’il y a eu, selon moi, trop d’extrême. Je voulais casser cette image clichée qu’on met en avant concernant la femme trans avec l’hyper sexualisation, le fait de la caricaturiser, etc. Car derrière une réalité de trans, il y a des gens qui souffrent. Parler de personnes qui ne sont pas nées dans le bon corps, ce n’est pas quelque chose de banal. J’ai vécu cela, je sais ce que c’est. Il y a de la souffrance derrière. Ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère. Derrière la transexualité, il y a des personnes, des jeunes qui souffrent, quand on cherche, par exemple, à t’exorciser parce qu’on dit que tu es habitée par le démon... Quand tu es insultée, harcelée... On ne peut pas prendre cela à la légère. On ne peut pas rester insensible. C’est pour toutes ces raisons, pour mettre en avant une réalité que j’ai voulu participer à ce concours mais, au final, ça s’est révélé être un concours de beauté. Je n’ai pas besoin d’un concours pour savoir que je suis belle. J’étais motivée par l’aspect militant du concours mais à la fin, ça n’a pas été ça...»
Une belle leçon : «Il n’y a pas eu de changement entre celle que j’étais avant le concours et celle que je suis aujourd’hui. J’ai toujours été une militante pour la cause trans et je le serai toujours, pour combattre l’injustice pour toujours mettre la communauté trans en avant. On connaît mon histoire, on sait ce que j’ai vécu, comment j’ai été déracinée de mon île et en vivant en France, j’ai pu voir à quel point c’est différent de chez nous. Tout est en place. Je rêve de pouvoir revenir à Maurice et partager tout ce que j’ai appris, tout ce que j’ai vécu en métropole par rapport à la communauté trans. C’est le rêve que je chéris...»
La suite : «Je viens de remporter une nouvelle bataille. Ça y est, j’ai eu mon statut de femme. C’est validé. Le tribunal de Paris a tranché. Je suis maintenant reconnue en tant que femme et pour moi, ça veut dire beaucoup. C’est quelque chose d’extraordinaire. Il a fallu que je sois loin de mon pays pour l’obtenir mais le combat n’est pas fini. Mes avocats travaillent sur mon dossier. On va avoir recours à la justice. Comme Maurice a signé pas mal de conventions devant la Commission des droits de l’homme, ils seront obligés d’accepter la décision du tribunal de Paris. J’espère pouvoir retourner dans mon île. Dans une autre bataille, je dois maintenant demander ma naturalisation comme Française. Car je dois être française avant de retourner dans mon île. J’ai hâte de retrouver, mon pays, ma famille, mes amis, ma culture.»
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