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5 avril 2025 18:25
Une soirée de prière a pris une tournure choquante pour un jeune pasteur de 36 ans qui officie depuis 10 ans à la House of Glory, une église chrétienne apostolique, à Caroline. Le religieux a été victime d’une agression sauvage de la part d’un habitant de cette localité qui obstruait la route et qui n’a pas apprécié qu’on le klaxonne. Cet habitant de l’Est s’est retrouvé avec une mâchoire fracturée. C’est avec beaucoup de peine qu’il raconte sa mésaventure.
Il serre ses dents… au sens propre. Une terrible douleur lui vrille la mâchoire et il ne sait pas trop comment faire pour la calmer et même pour parler correctement. Malgré l’inconfort, il s’efforce, avec courage et détermination, de raconter la mésaventure qui l’a emmené là. Kunal Anoup, âgé de 36 ans et pasteur depuis 10 ans à la House of Glory, une église chrétienne apostolique située à Caroline, a été sauvagement agressé par un automobiliste dans la soirée du 29 mars après un temps de prière dans cette localité. «Je suis toujours en état de choc. Les mots ne manquent pas pour décrire la douleur. Malgré cette épreuve douloureuse, je pardonne à mon agresseur», dit-il difficilement avec une grimace de douleur.
Le pasteur et ses fidèles avaient eu une journée très chargée ce jour-là. Ils avaient débuté la matinée par une distribution de food pack à quelques familles dans le besoin du village d’Olivia. Et ils ont terminé par une séance de louanges à 19 heures, dans leur lieu de culte, avant de dîner tous ensemble. «Il y avait des invités. Nous avons partagé un repas avec eux dans la joie et la bonne humeur. Nous nous sommes quittés vers 22 heures. Je suis allé déposer quelques fidèles chez eux. C’est sur le chemin du retour que j’ai été attaqué», raconte l'habitant de l'Est. Il devait alors récupérer son épouse ainsi que Sarhvesh Racktoo, un habitant de Trou-d’Eau-Douce qui est devenu infirme à la suite d’un grave accident au Waterpark en janvier 2010.
«À un moment, sur mon chemin, il y avait deux voitures garées sur la gauche, l’une à côté de l’autre, obstruant la route. Il y avait un van derrière moi dont le conducteur n’arrêtait pas de klaxonner. Les deux voies étaient complètement bloquées. J’ai klaxonné à mon tour pour avertir les conducteurs des deux voitures qui obstruaient la route que j’allais faire un doublement afin d’éviter un accident. L’une des deux personnes a alors commencé à me lancer des injures. Je me suis ensuite arrêté sur le parking du dispensaire, 50 mètres plus loin, pour me garer. J’étais toujours au volant lorsque la personne qui m’avait insulté quelques minutes plus tôt s’est dirigée vers moi pour continuer de m’injurier. Je lui ai alors demandé de se calmer», souligne Kunal Anoup.
«Premye kout pwin»
La situation s’est toutefois envenimée. «Monn dimann li kifer li ankoler koumsa. Monn dir li anou koze trankil. Pa kone ki moman li fini ouver mo laport loto ek donn mwa enn premye kout pwin dan figir. Linn trap mo semiz ek linn ras mo lamans enn sel kout. Linn tir mwa dan loto ek so lafors. Monn dir li mo enn paster, mo fek fini fer lapriyer. Mo ti ousi dir li ki mo ena enn zanfan andikape pou pran pou retourn li so lakaz. Monn redir li kalme li. Sa finn plis eksit li. Linn dir mwa si mo enn paster bizin bat mwa plis. Linn donn mwa enn deziem kout pwin lerla. Mo panse samem kinn kas mo lamaswar. Linn kontign zour mwa an piblik. Monn dimann li pardon. Sa pa finn anpes li kontign imilie mwa», se souvient le religieux. L’autre conducteur était également sur place et n’aurait pas levé le petit doigt. Le voisinage ne serait pas intervenu non plus. «So kamarad ek bann lezot dimoun inn get mwa gagn bate me zot pann fer nanye pou mwa. Bien apre ki lot sofer-la inn koz ek mwa ek dir mwa ki mo pa ti bizin tronpe. Li ti ousi donn mwa enn nimero telefonn. Mai kan monn apel lorla, se enn madam kinn pran ek linn dir mwa ki monn tronp dimoun. Un véhicule de la police est passé par-là peu après, transportant une dame en urgence à l’hôpital. Les policiers m’ont conseillé de me rendre au poste de police au plus vite pour porter plainte.»
Le pasteur s’est d’abord rendu à Trou-d’Eau-Douce pour déposer Sarhvesh Racktoo avant de prendre la direction du poste de police le plus proche. Il a quitté les lieux avec un Form 58 et a ensuite reçu les premiers soins au SAJ Hospital. Après cela, il est rentré chez lui. «Bann dokter pa ti fer mwa admet. Kouma pa ti ena dantis aswar-la, zot ti dir mwa retourne apre. Monn al get enn dantis prive so landime. Kan fini fer x-ray, linn dir mwa ki ena de fraktir. Linn donn mwa papye pou admet an irzans lopital mem zour», confie Kunal Anoup. Il a subi une intervention chirurgicale à l’hôpital Jeetoo dans la matinée du mercredi 2 avril et a été autorisé à rentrer chez lui dans l’après-midi. «Dokter fini dir mwa ki mo pa pou kapav koze kouma bizin pandan kat a sis semenn.»
Le trentenaire est sous médication mais n’arrive pas à manger, dit-il. «Mo pe kapav bwar zis dilo ek dile.» Il ne peut pas non plus travailler pour l’instant. «Je fais du marketing digital. Je travaille à la maison. Je travaille également pour Aqua City. Mais je suis actuellement en congé forcé car je n’arrive pas à parler convenablement.»
À l’heure où nous mettions sous presse, la police n’avait toujours pas arrêté son agresseur présumé. «Monn fer mo ti lanket. Monn resi kone kisana sa dimounn kinn bat mwa», affirme le pasteur, qui ajoute qu’il craint désormais pour sa sécurité. Son agresseur présumé, dit-il, serait un habitant d’un quartier très connu de Caroline qui serait impliquée dans le trafic de produits illicites. «Je suis chrétien. Je lui pardonne malgré tout mais justice doit être rendue», lâche le pasteur Kunal, la mâchoire déchirée par une atroce douleur.
Le pouce d'un habitant de Bon-Accueil sectionné lors d’un autre cas d'agression routière
Le phénomène prend de plus en plus d’ampleur à Maurice. Il s’agit de la road rage qui se décrit comme un comportement agressif au volant chez certains automobilistes qui utilisent des insultes grossières, des cris, des menaces physiques ou des méthodes de conduite dangereuses visant d’autres conducteurs, piétons ou cyclistes dans le but d’intimider ou de libérer la frustration. La road rage au volant entraîne souvent des altercations, des dommages matériels, des agressions et des collisions qui peuvent causer de graves blessures physiques ou même la mort.
Un habitant de Bon-Accueil peut en témoigner. Il s’est fait sectionner le pouce lors d’une agression au sabre dans la soirée du 30 mars. Il pointe du doigt un habitant de Brisée Verdière. Dans sa déposition, ce jeune homme de 27 ans raconte qu'il descendait d’un autobus en compagnie d’un ami, vers 18h30, lorsqu’une voiture qui roulait de façon dangereuse a failli les renverser. Son ami s’est ensuite approché du conducteur pour le réprimander pour son comportement. Celui-ci aurait alors retiré un sabre pour l’agresser à deux reprises. Il souligne que son ami a pu contenir les coups avec ses mains qui ont eu des blessures. Et lorsqu'il est intervenu en faveur de son ami, il a reçu un coup de sabre qui lui a sectionné le pouce.
Premiers soins
L'agresseur présumé a ensuite pris la fuite. «Sofer loto-la inn tir enn sab anba so kousin loto ek linn tap mwa enn kout», souligne le jeune homme dans sa déposition. La police s’est rendue sur place peu après. Ils ont retrouvé la victime avec la main ensanglantée en compagnie de deux autres personnes. Selon les premiers éléments de l’enquête, les trois jeunes saccageaient la voiture en question en l’absence du conducteur. La police indique également que le garçon au pouce sectionné et ses deux amis étaient sous l’influence de l’alcool. Le blessé a été transporté au SAJ Hospital par la police. Il a été admis en salle après avoir reçu les premiers soins. Il a également eu une blessure au pied gauche. Son état n’inspire cependant aucune inquiétude.
Un peu plus tard dans la soirée, un Security Officer de 29 ans, s’est rendu au poste de police de Brisée Verdière. Un remorqueur venait de transporter sa voiture sur place. En perquisitionnant le véhicule, les policiers ont recueilli un sabre. «Sab-la pa pou mwa. Depi monn aste loto-la sab la ti ladan mem», a-t-il déclaré. La police l'a toutefois arrêté et il a passé la nuit au poste de police de Belle-Mare. Les policiers de cette région ont eu fort à faire ce soir-là. Le frère du Security Officer a également porté plainte à la police. Ce guide touristique de 31 ans explique qu’il se trouvait chez lui vers 23h45 lorsqu’une groupe d’au moins 10 personnes est venu chez lui armé de sabres, de gourdins et de barres de fer. «Sorti deor. Nou pou touy twa la», lui auraient lancé ceux présents.
Il allègue que les assaillants présumés sont entrés dans son garage et ont saccagé une voiture et une moto avant de prendre la fuite. Dans sa déposition, il a balancé les noms de cinq personnes habitant Bon-Accueil, dont un policier. L’enquête policière se poursuit.
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