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8 novembre 2025 19:00
L’homme d’affaires malgache très controversé, Mamy Ravatomanga, est au centre d’une enquête internationale pour blanchiment d’argent impliquant plus de 100 sociétés et des transferts financiers transfrontaliers. L’homme, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, est actuellement détenu à Maurice où il fait le va-et-vient entre la clinique, le tribunal et l’hôpital, car il aurait des problèmes de santé, alors que se pose avec insistance la question de son éventuelle immunité diplomatique.
Jet privé, sociétés offshore, milliards transférés et plusieurs arrestations à ce jour… L’affaire Mamy Ravatomanga s’étend désormais au-delà des frontières et mobilise plusieurs juridictions dans la région. Pour cause : l’homme d’affaires malgache est actuellement au cœur d’une enquête de grande envergure menée par la Financial Crimes Commission (FCC).
Son audition, qui a duré près de quatre heures durant la semaine écoulée avant sa comparution devant la justice et son hospitalisation, porte sur un vaste réseau de sociétés et des mouvements financiers estimés à plusieurs milliards de roupies. Au total, l’enquête vise plus d’une centaine de compagnies enregistrées à Maurice. Certaines sont également liées à des structures offshore aux Seychelles. Environ Rs 7,2 milliards auraient transité par des comptes associés à ces entités. La FCC cherche à établir si ces transactions relèvent de blanchiment d’argent, de montages financiers frauduleux ou d’entente délictueuse.
L’audition a également abordé les liens supposés entre Mamy Ravatomanga et Junaid Haroon Fakim. L’avocat et ancien commissaire de la FCC, arrêté le 30 octobre, fait l’objet des charges provisoires de «Public official using his office for gratification» et de «Breach of confidentiality». Il est soupçonné d’avoir transmis à Mamy Ravatomanga des informations confidentielles lors d’une rencontre secrète à Quatre-Bornes alors même que l’homme d’affaires malgache était déjà visé par une enquête.
La FCC a arrêté deux autres personnes dans cette affaire : David Thomas, cadre du groupe SODIAT, et l’homme d’affaires Naseer Beekhy. Le 6 novembre, l’affaire a connu un autre rebondissement lorsque la cour a ordonné la détention de Mamy Ravatomanga, qui était initialement admis dans une clinique privée. Il a alors été transféré en cellule policière à Port-Louis. Mais ses avocats n’ont pas lâché l’affaire, plaidant des raisons médicales et humanitaires pour le maintenir sous surveillance médicale. L’homme d’affaires a finalement été admis à la Coronary Care Unit de l’hôpital Jeetoo. Le lendemain matin, il a été cette fois été transféré au centre de détention de Vacoas, avant d’être conduit dans l’après-midi… à l’hôpital Victoria.
Parallèlement, un mandat d’arrêt international émis par la justice malgache en octobre reste en vigueur le concernant. Les autorités malgaches accusent le milliardaire de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Dans un communiqué officiel, le ministère malgache de la Justice a rappelé que ce mandat «existe, est valide et demeure opposable dans tous les pays». Ce ministère réfute, par ailleurs, les accusations de «harcèlement politico-judiciaire» formulées par les avocats de l’intéressé, en soulignant que plusieurs plaintes ont été déposées contre lui à Madagascar, à Maurice, en France et aux États-Unis.
L’une des interrogations majeures de l’affaire concerne l’éventuelle immunité diplomatique dont pourrait bénéficier Mamy Ravatomanga, en raison de fonctions consulaires qu’il est soupçonné d’assumer ou d’avoir assumées. Des experts en droit international précisent toutefois que ce statut, s’il est confirmé, ne couvre pas les infractions financières ni les procédures judiciaires en cours dans les pays hôtes. Depuis son arrivée à Maurice à bord d’un jet privé en octobre, l’homme d’affaires s'est retrouvé dans la tourmente car la FCC ne le lâche pas. Les autorités mauriciennes et malgaches collaborent désormais avec d’autres juridictions, notamment aux Seychelles, où certaines des sociétés concernées seraient enregistrées. Affaire à suivre…
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