Publicité
Par Qadeer Hoybun
7 septembre 2025 00:28
Le monde sportif mauricien retient son souffle. Le pays est au bord d’une suspension par le Comité international olympique (CIO). L’organisme suprême du sport mondial a décidé de geler provisoirement les fonds de financement alloués au Comité olympique mauricien (COM), aussi longtemps que l’instance mauricienne n’aura pas procédé à l’élection d’un nouveau bureau exécutif. Une démarche qui s’inscrit dans le litige opposant la branche mauricienne de l’olympisme à un groupe de fédérations mené par la Fédération mauricienne de tennis (FMT).
C’est une première dans l’histoire du sport mauricien et sans doute une situation qui n’aurait jamais dû se produire et qui, bien évidemment, fait tache sur la réputation de Maurice à l’international. Le Comité olympique mauricien vient de recevoir une première sanction du Comité international olympique. Cette démarche intervient dans le litige qui oppose l’instance mauricienne au groupe mené par Jean-Michel Giraud, président de la Fédération mauricienne de tennis.
Ce désaccord concerne les élections pour le renouvellement de l’exécutif du COM. Un exercice qui devait se tenir après les Jeux olympiques de 2024 mais qui, plus d’un an après, n’a toujours pas eu lieu. Il faut savoir que le délai prescrit pour tenir cette assemblée a expiré le 11 août de cette année et, passé cette date, les premières sanctions ont commencé à tomber.
L’instance internationale a décidé de geler à titre provisoire les programmes et les fonds alloués par le CIO, la Solidarité Olympique (SO) et l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Afrique (ACNOA) au COM. Une suspension qui restera en vigueur tant que la branche mauricienne n’aura pas procédé à l’élection d’un nouvel exécutif à sa tête.
Le CIO avait déjà soumis une feuille de route au COM en avril dernier pour régler les différents points de discorde et, par la même occasion, lancé un appel aux deux parties pour trouver un terrain d’entente afin de pouvoir aller de l’avant avec l’assemblée générale élective (AGE) du COM. Mais quatre mois après, la situation est restée inchangée.
Il faut savoir que les élections au sein du comité olympique ont été reportées à deux reprises en raison de deux plaintes déposées par la FMT, l’une devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) et la deuxième en Cour suprême. Le groupe de Jean-Michel Giraud conteste la participation de deux fédérations, à savoir le pentathlon moderne et le roller et skate, aux suffrages, étant donné que ces dernières n’ont pas la reconnaissance des autorités mauriciennes. De l’autre côté, Philippe Hao Thyn Voon, président du COM, et son équipe estiment le contraire en vertu de la Charte Olympique et soutiennent que ces deux instances sont reconnues par leurs fédérations internationales.
Dans une lettre adressée au COM le 26 août, portant les signatures de James Macleod, directeur des relations CNO et SO, et de Mustapha Berraf, président de l’ACNOA, le CIO s’indigne de «cette situation de blocage» qui perdure dans le sport mauricien. L’un des points évoqués est le désaccord concernant la participation de ces deux fédérations et la non-tenue des élections dans les délais prescrits par les statuts de l’instance mauricienne et selon la Charte Olympique.
Le CIO s’indigne que ces deux instances n’aient entrepris aucune démarche pour régulariser leur situation. «Nous ne comprenons toujours pas pourquoi ces deux fédérations n’ont pas encore fait le nécessaire au cours des dernières années pour régulariser leur situation au niveau local et régler ainsi définitivement le problème qui affecte désormais votre CNO», peut-on lire dans la lettre.
Cette suspension restera en vigueur tant que les parties concernées ne trouvent pas un accord et que les élections n’ont pas lieu. Le CIO a une nouvelle fois demandé aux parties concernées de trouver très rapidement un compromis, faute de quoi le CIO et l’ACNOA envisageront d’autres mesures selon la Charte Olympique.
Le gel des fonds ne concerne pas les soutiens accordés aux sportifs mauriciens par la Solidarité Olympique mais le financement de futurs projets comme les formations et autres activités qui tombent sous l’égide du CIO, de la SO et de l’ACNOA.
Le COM et la FMT ont rendez-vous en Cour suprême le 19 septembre. Un accord entre les deux groupes lors de cette audience ou lors de la réunion prévue le mardi 9 septembre au ministère de la Jeunesse et des Sports (voir ci-contre) permettrait de débloquer la situation et d’aller vers des élections dans un délai d’environ six à huit semaines. Dans le cas contraire, il faudra s’attendre à d’autres sanctions du CIO.
Jean-Michel Giraud, président de la FMT : «Que le droit de Maurice soit respecté»
Le président de la FMT est d’avis que la démarche du CIO est un sérieux revers pour le COM. Il avance que la FMT est disposée à retirer sa plainte si les deux fédérations ne participent pas aux suffrages. «C’est une honte pour le COM, ils ont reçu une claque du Comité international olympique. Il y a deux fédérations qui ne sont pas en conformité avec les lois mauriciennes et qui sont membres du COM. Ce n’est pas normal que des représentants d’institutions non conformes aux lois du pays siègent au sein du Comité olympique. C’est une situation extraordinaire et ce n’est qu’à Maurice qu’on voit ça. Tout ce que je veux est que le droit de Maurice soit respecté. J’ai d’ailleurs fait la proposition que nous allons retirer notre plainte si ces deux fédérations ne participent pas aux élections», martèle Jean-Michel Giraud.
Aarti Gulrajani-Desscann, secrétaire générale par intérim du COM : «Nous essayons de trouver un consensus»
Suite à la première salve de sanctions du CIO, Aarti Gulrajani-Desscann, secrétaire générale par intérim du COM, a rencontré la presse. «Cette sanction est la première étape dans un processus qui pourrait mener à des suspensions encore plus graves si la situation ne change pas. Nous savions que cela allait venir et nous avons essayé de trouver un terrain d’entente entre les différentes parties. Nous avons discuté avec les fédérations de pentathlon moderne et de roller-skate mais ces dernières ont l’appui de leurs fédérations internationales, qui estiment qu’elles sont en droit de participer aux élections en vertu de la Charte Olympique. Nous ne pouvons plus aller contre la Charte et, de ce fait, avons prévenu le CIO de la situation. Il y a aussi les deux plaintes déposées par la FMT en Cour suprême et au TAS. Nous essayons de discuter avec les parties concernées pour trouver un consensus afin de pouvoir aller de l’avant au plus vite avec les élections. La seule solution est que : soit ces deux fédérations ne participent pas à l’AGE, soit que la FMT retire sa plainte», souligne Aarti Gulrajani-Desscann.
Publicité
Publicité
Publicité