Publicité
Par Michaëlla Seblin
26 janvier 2025 06:30
Seul l’année change ! C’était également un 24 janvier. Le président Pradeep Roopun présentait alors les grands axes du programme de l'alliance MSM-ML, promettant une transformation vers une Inclusive High Income and Green Mauritius.
24 janvier 2020 - 24 janvier 2025 : quelle est la différence et qu’est-ce qui a changé ? Cette fois, c’est le nouveau gouvernement qui dévoile ses ambitions à travers un discours lu par le président de la République Dharam Gokhool, dans une présentation plus soignée. Les grandes idées sont au rendez-vous, le discours adopte un ton de rupture, suscite des rêves, nourrit l’espoir d’un changement, porté par des mesures audacieuses dont l’objectif est un pont vers l'avenir !
Qui pourrait s’opposer à des réformes constitutionnelles, à un nouveau modèle économique, à l’amélioration des services publics, à la construction de nouveaux hôpitaux, au renforcement de la démocratie, à l’introduction de la télévision privée, à une révision du congé parental ou encore à des initiatives ambitieuses sur le plan écologique ? Mais, tout comme le MSM, jugé en 2024 pour avoir échoué à tenir les promesses de son discours-programme, c’est dans quatre ans, en 2029, que nous pourrons évaluer la portée des annonces du gouvernement Ramgoolam. Aura-t-il tenu ses engagements audacieux ou aura-t-il simplement charmé la population avec un discours-fleuve rempli de bonnes intentions ?
Se projeter cinq ans en avant rappelle que les discours-programmes, aussi ambitieux soient-ils, restent souvent des déclarations d’intention qui peinent à se concrétiser. Cette projection peut aussi être une occasion d’établir un calendrier de travail réaliste, avec des échéances fixes, des responsables de projets et des suivis rigoureux pour redonner du sens aux paroles politiques, tout en recréant une confiance entre les citoyens et l’État. Le gouvernement Ramgoolam saura-t-il se distinguer de celui de Jugnauth, qui vient de payer le prix de ses promesses non tenues, face à un électorat impatient de voir des changements après avoir massivement voté pour le nouveau pouvoir ?
S'il faudra attendre sur le long terme pour avoir une vue d’ensemble de tout ce qui aura été fait concrètement, le gouvernement – et c’est tout à son honneur – a annoncé au moins un délai court (six mois) en vue d’une Constitutional Review Commission, qui aura pour mission de proposer des réformes majeures : la création d’un Collège électoral pour élire le président de la République (Gokhool a échappé à ce critère), les recommandations pour des réformes constitutionnelles et électorales rendant la tenue d’élections locales obligatoires à intervalles régulières, l'élimination de l'obligation de décliner son appartenance ethnique, la création d’une loi sur le financement des partis politiques et l'introduction d’une dose de proportionnelle ainsi qu’une augmentation du nombre de femmes à l'Assemblée nationale.
Nous retiendrons aussi de cette plateforme le droit de révoquer des parlementaires dans des situations spécifiques, une idée révolutionnaire du groupe Rezistans ek Alternativ qui voit plusieurs de ses propositions figurer en bonne place dans le discours-programme. Si cette commission-là semble porteuse d’espoir et redessine un nouveau paysage qui renforce notre démocratie, on s’attend à ce que ceux et celles qui y siègeront soient de vrais professionnels compétents, indépendants et qui ne doivent pas leur place au copinage politique !
L'ironie veut que ce soit Joe Lesjongard, actuel leader de l’opposition, ancien ministre et homme fort de Jugnauth, qui «veillera à ce que les mesures prévues soient effectivement mises en œuvre durant ce mandat»… Si seulement il avait fait preuve de la même ardeur au temps où il était parmi les dirigeants du précédent gouvernement, il aurait pu contribuer à l’exécution de nombre de mesures annoncées dans les discours-programmes et budgétaires de son équipe d'alors !
En attendant, tous les yeux sont rivés sur le gouvernement qui a intérêt à démarrer rapidement les travaux de sa nouvelle feuille de route. Les citoyens, habitués aux fausses promesses, veillent ! Et espèrent que ce 24 janvier-là ne ressemble pas à celui de 2020 ! Sinon, ce ne serait que l’année qui change…
Publicité
Publicité
Publicité