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12 avril 2025 18:30
Pendant trois jours, soit les 15, 16, et 17 avril, se tiendront les Assises de l'Éducation dont le but est d'améliorer et de redéfinir le système éducatif du pays. Entre attentes et objectifs, zoom sur un grand rendez-vous sur lequel les professionnels du secteur fondent beaucoup d'espoir...
Trois jours pour exposer, pour échanger, pour partager, pour débattre. Trois jours pour écouter, pour apprendre, pour avancer, pour tirer des leçons, pour améliorer... Car du mardi 15 avril au jeudi 17 avril, se dérouleront Les Assises de l’Éducation pour se pencher sur le fonctionnement du secteur éducatif de notre île. Cet événement tant attendu, qui «réunira les principaux acteurs du secteur de l'éducation, y compris des personnes-ressources, des universitaires, des syndicalistes et des représentants de Rodrigues, entre autres», se veut un rendez-vous fort pour répondre aux failles de notre système éducatif comme l’indiscipline, le taux d’échec, ou encore le manque d’enseignants, entre autres. L'ouverture, ce mardi à 9 heures à l'auditorium du Mahatma Gandhi Institute à Moka, aura lieu en présence d’invités importants comme le Professeur David Stephens, de l’Université de Brighton, Albert Nsengiyumva, secrétaire exécutif de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), et Louise Haxthausen, directrice régionale et représentante du Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique australe.
Quel est l’importance d’une telle rencontre ? C’est la question que nous avons posée au ministre de l’Éducation Mahend Gungapersad. «C’est une grande consultation avec tous les stakeholders dans le milieu de l’éducation. Avant de venir avec des changements, il nous faut écouter les gens qui seront affectés par les changements en question. Le ministre li pa advise li mem. Li bizin pran konsey, li bizin a lekout de tou sa ban dimounn ki evolve dan sa sekter-la. Les Assises, c’est une plateforme privilégiée où les personnes viennent avec leurs idées, leurs visions, leurs contributions pour partager et débattre», nous confie Mahend Gungapersad. Pour lui, ces trois jours s’annoncent très riches.
«Il y aura des sessions plénières où les gens qui seront là pourront interragir avec des professionnels de différents horizons : des syndicalistes, des enseignants, des recteurs ou encore des personnes qui travaillent dans le secteur du primaire, entre autres. Des professionnels étrangers seront aussi présents. C’est une plateforme extraordinaire. Un tel événement, peu importe le ministre qui est en place, peu importe que ce soit au début ou à la fin du mandat, doit être un rendez-vous régulier où il y a une réflexion, une remise en cause, pour voir tout ce qui a été accompli, ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. Et dans ce cas, il faudra penser à comment améliorer ce qui n’a pas marché, et concernant ce qui a bien fonctionné, il s’agit de voir comment le consolider davantage. Voilà dans quelle perpective je vois l’importance d’un tel rendez-vous, parce qu’au final, il s’agit de redynamiser le système éducatif et de voir ensemble dans quelle direction nous voulons mener, pas seulement le secteur éducatif, mais tout le pays», explique le ministre pour qui un bon système éducatif peut emmener beaucoup de changements.
«Beaucoup de choses reposent sur notre éducation. Si les fondations, la base de notre système éducatif est bonne, c'est toute notre société qui en sortira gagnante et consolidée. Il s'agit de l'éducation de tout un pays et on doit voir quels sont les besoins du pays. On réalise de plus en plus que les besoins du pays ne sont pas uniquement académiques. On doit revoir les valeurs qui ont été délaissées. C’est la raison pour laquelle il y a autant de violences et de problèmes dans les écoles. Et autant de problèmes dans notre societé. On peut trouver des solutions aux malaises qu’il y a dans le pays sur les bancs de l’école, quand on éduque nos enfants. Faut-il continuer avec une pression académique sélective sur nos enfants ? On peut aussi faire les deux : permettre à ceux qui ont le potentiel de briller de le faire et prendre aussi par la main ceux qui sont en échecs scolaires et leur permettre d’exprimer leur potentiel. On doit chercher plusieurs chemins pour amener nos enfants à leur destination. C’est ça la finalité de l’éducation», précise Mahend Gungapersad.
Sans leçons particulières ?
Ce grand rassemblement éducatif est synonyme d’espoir pour ceux et celles qui souhaitent le meilleur pour les étudiants mauriciens. Dans le cadre des Assises de l’Éducation, Suttyhudeo Tengur, négociateur de la Goverment Hindi Teachers Union (GHTU), qui est pour «une éducation sans frontières», met en avant une réflexion pour une éducation sans leçons particulières. «Valeur du jour, la particularité des leçons privées a pris le dessus sur l’éducation formelle de l’école publique. D’où le boom des institutions d’éducation privées, avec les parents qui préfèrent faire des sacrifices financiers pour assurer à leur progéniture des lendemains meilleurs. Parallèlement, les leçons privées payantes continuent d’exister de plus belle», souligne le syndicaliste.
Pour lui, l’impact des leçons particulières a un double effet : «Il y a d’abord une pression sur la situation socio-économique et financière des parents et ensuite une pression sur les élèves qui doivent concourir pour les examens du PSAC, du SC ou du HSC. Cette double pression pèse lourd sur la qualité de vie de ces jeunes. Il y a certes des parents qui vivent dans une certaine abondance économique qui peuvent se payer le luxe des écoles privées aussi bien que des leçons particulières. Mais là où le bât blesse, c’est que la majorité des parents à revenus moyens doivent faire face d’abord à la hausse quotidienne du coût de la vie et aussi supporter ces dépenses additionnelles des leçons, ce qui est particulièrement dur pour des familles nombreuses.»
Figures incontournables dans le milieu éducatif, les enseignants souhaitent aussi voir le système évoluer. Et les propositions tout comme les attentes dans le cadre des Assises de l’Éducation sont nombreuses. Nadine Ramsamy, enseignante, est pour que les jeunes Mauriciens puissent s’enrichir de plusieurs bagages afin de pouvoir mieux communiquer dans une société moderne. «Pour moi, il faudrait introduire le langage des signes dès le pré-primaire. Chaque enfant devrait non seulement savoir signer, mais aussi le comprendre. Dans notre société qui est remplie de malaises et de problème sociaux, il est primordial de pouvoir donner de l’amour aux autres sans exception», dit-elle en mettant en avant sa proposition qui, selon elle, pourrait contribuer à rendre plus riche notre système éducatif qui sera, cette semaine, sous les feux des projecteurs avec les Assises de l’Éducation...
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