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Aux États-Unis

Le pape Léon XIV : son rôle de pont dans un continent de plus en plus divisé

31 mai 2025

Quelques jours après être devenu le 267e pape de l’Église catholique, Léon XIV a donné le ton de son pontificat, en dénonçant une économie «qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres».

Avec surprise et fierté. C’est ainsi que les Américains ont accueilli l’élection de Léon XIV, qui est entré dans l’histoire en devenant le premier pape originaire des États-Unis. S’il est né à Chicago, celui qui a aussi des origines de la Nouvelle-Orléans est suivi de très près, surtout au pays de l’Oncle Sam, qui est en ce moment très divisé...

Il a défié les pronostics des bookmakers. Car alors que ces derniers s’attendaient à l’élection du cardinal italien Pietro Parolin, du Philippin Luis Antonio Tagle ou encore de Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, c’est un Américain qui a succédé au pape François. En effet, l’annonce du choix de Robert Francis Prevost comme nouveau chef de l’Église catholique a surpris plus d’un. En devenant le 267e souverain pontife, Léon XIV est aussi devenu, le jeudi 8 mai, le premier pape de l’histoire originaire des États-Unis, provoquant la surprise, certes, mais aussi la fierté chez les Américains à un moment où le continent est très divisé.

Né à Chicago, dans l’Illinois, le cardinal Robert Francis Prevost est titulaire d’une licence en mathématiques de l’Université de Villanova et d’une maîtrise en théologie de la Catholic Theological Union de Chicago. Il a été ordonné prêtre en 1982, à l’âge de 27 ans, et est également détenteur d’un doctorat en droit canonique de l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin à Rome. Alors que les États-Unis se retrouvent de plus en plus au cœur de l’actualité internationale, du fait des décisions de leur président et à un moment où le pays bouleverse l’ordre géopolitique mondial, beaucoup s’interrogent sur les relations que le nouveau pape entretiendra avec Donald Trump.

Ce dernier avait rapidement réagi sur son réseau social après l’annonce : «Félicitations cardinal Robert Francis Prevost, qui vient d’être nommé pape. C’est un tel honneur de réaliser qu’il est le premier pape américain. Quelle excitation et quel grand honneur pour notre pays. J’ai hâte de rencontrer le pape Léon XIV. Ce sera un moment très significatif», avait écrit Donald Trump pour saluer cette nomination inattendue. Ce n’est pas un secret que l’ancien président avait des relations compliquées avec le pape François. Après sa prestation de serment en janvier, signant son retour à la Maison-Blanche, le pape François, qui avait à cœur la défense des exclus, s’était une nouvelle fois prononcé sur la question des expulsions de migrants, qui, disait-il, «portaient atteinte à la dignité de nombreux hommes et femmes».

JD Vance, vice-président des États-Unis et converti au catholicisme, avait aussi salué l’élection de Léon XIV : «Félicitations à Léon XIV, le premier pape américain, pour son élection ! Je suis certain que des millions de catholiques américains et d’autres chrétiens prieront pour le succès de son pontificat. Que Dieu le bénisse !» Cette nomination surprise avait aussi été soulignée par Joe Biden, qui avait écrit : «Que Dieu bénisse le pape Léon XIV de l’Illinois.» Et Barack Obama n'avait pas, non plus, manqué de relever cette première au sein de l’Église catholique : «C’est un jour historique pour les États-Unis.» George W. Bush avait, pour sa part, salué «un moment porteur d’espérance pour les catholiques d’Amérique et les fidèles du monde entier», alors que Brandon Johnson, maire de Chicago, n’avait pas caché sa fierté : «Tout ce qui est grand vient de Chicago, y compris le pape ! Félicitations à Léon XIV, premier pape américain. Nous espérons vous accueillir à nouveau chez vous très bientôt.» Le gouverneur de l’Illinois, JB Pritzker, avait, lui aussi, évoqué ce moment historique : «Le pape Léon XIV ouvre un nouveau chapitre, au moment où nous avons besoin de compassion, d’unité et de paix.»

«Le peu que j'ai et que je suis»

Selon certains experts en géopolitique, le pape Léon XIV, fort de son expérience missionnaire au Pérou, est considéré comme une figure capable de faire le lien entre plusieurs réalités ecclésiales. Ainsi, ils affirment qu’il est «un Américain qui devrait être capable de parler aux dirigeants américains, et qui ne devrait donc pas s’aligner sur Trump». Pour ces spécialistes, «le pape a définitivement encore une influence géopolitique dans le monde» et plusieurs chefs d’État «reconnaissent à l’Église catholique cette capacité d’interpeller au niveau politique».

Pour de nombreux observateurs, le pape Léon XIV a désormais la mission d’être un homme de synthèse dans un monde fracturé. Ces dernières semaines, il s’est rapidement mis au travail. Dans une de ses récentes homélies, il a ainsi évoqué les défis à venir : «Je vous exprime également toute mon affection, avec le désir de partager avec vous, sur notre chemin commun, les joies et les peines, les difficultés et les espoirs. Je vous offre moi aussi “le peu que j’ai et que je suis”, et je le confie à l’intercession des saints Pierre et Paul et de tant d’autres frères et sœurs dont la sainteté a illuminé l’histoire de cette Église et les rues de cette ville.»

Aux États-Unis, la Nouvelle-Orléans suit également de près le nouveau pape. Le saint-père, de par ses origines, a une histoire particulière avec cette région. Ses ancêtres, notamment ses grands-parents maternels, Joseph Nerval Martinez et Louise Baquié – qui se sont ensuite installés à Chicago –, mais aussi ses arrière-grands-parents, Jacques Martinez et Marie Rose Ramos d’un côté, et Ferdinand David Baquié et Eugénie Grambois de l’autre, ont ainsi vécu à La Nouvelle-Orléans (Louisiane), connue pour être la plus française des villes américaines.

«Aux États-Unis, tout le monde est ravi d’avoir notre premier pape américain, mais je crois aussi sincèrement qu’il est le pape de l’Amérique, c’est-à-dire de toute l’Amérique, du Nord, du Sud et centrale», nous confie notre compatriote Dominique Macquet, qui vit aux États-Unis avec sa famille.

À La Nouvelle-Orléans, le Mauricien Dominique Macquet s’est ainsi intéressé à l’histoire liant le nouveau souverain pontife à cette ville : «J’ai parlé à notre prêtre à l’église et il m’a donné des informations très intéressantes et passionnantes sur le pape Léon XIV et ses racines de la Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Aux États-Unis, tout le monde est ravi d’avoir notre premier pape américain, mais je crois aussi sincèrement qu’il est le pape de l’Amérique, c’est-à-dire de toute l’Amérique, du Nord, du Sud et centrale. Il a travaillé au Pérou pendant plus de 20 ans et a toujours soutenu les réfugiés vénézuéliens. Lorsqu’il était évêque de Chiclayo, au Pérou, il a défendu leurs droits et leur bien-être. Il a également siégé au Conseil d’administration de Caritas Pérou, qui apporte une aide humanitaire aux migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d’asile. Son travail et son dévouement lui ont valu d’être intronisé cardinal au Vatican par le pape François», nous confie notre compatriote, qui fonde beaucoup d’espoir dans le parcours du nouveau pape.

«Il est définitivement un pape des temps modernes, qui n’a pas peur de s’exprimer sur les médias sociaux, notamment en qualifiant Trump et son vice-président de “wrong” par rapport à leurs opinions sur les immigrés et les réfugiés. Je crois qu’il continuera sur la voie du pape François et qu’il sera le nouveau pape du peuple et le pape de l’Amérique», conclut Dominique Macquet, qui souhaite un bon pontificat au premier pape américain de l’histoire...

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