Publicité
Par Michaëlla Seblin
1 février 2025 20:31
La tournure prise par l’affaire Quirin n’est qu’un rappel de la réalité cruelle qui rythme la vie politique. Voilà un député, longtemps considéré comme le «shadow minister» des Sports et qui, après avoir porté les couleurs de son parti au sein de l'Alliance du Changement, se retrouve (pour l’heure) relégué au rang d’indépendant.
L’officialisation de son expulsion est venue de son colistier du n° 20, le ministre Bhagwan, qui, en tant que secrétaire, a informé la Speaker que son camarade ne fait plus partie du MMM ! Ah ces amitiés conjoncturelles ! Sauf revirement de situation, Quirin va peut-être devoir choisir entre faire cavalier seul et rejoindre le camp d’une maigre opposition qu’il a lui-même combattue il y a peu !
Dans cette sphère où le rapport de force prévaut, défier son leader, exprimer sa frustration – que le député qualifie de blessure – est une faute impardonnable. L’élu du n° 20 en fait l’amère expérience après avoir contesté, dans la presse, la nomination de Nagalingum (au ministère des Sports), un maroquin qu’il convoitait et dont il se sentait légitimement héritier après avoir été responsable de ce dossier pendant des années !
Nagalingum pourrait répondre que lui aussi a dû renoncer aux Administrations régionales, ministère qui lui a échappé, après que le Rouge Woochit a été imposé à ce poste ! D’autres ministres ne sont pas nécessairement heureux de leur place dans la hiérarchie et du maroquin obtenu…
Au fond, l’épisode Quirin n’est que l’illustration du cynisme de la realpolitik : aux promesses multipliées lors des campagnes électorales succède l'inévitable désillusion lorsque les places à pourvoir se révèlent insuffisantes pour satisfaire les ambitieux, les passionnés et les fidèles. L’affaire s’annonce particulièrement complexe après une victoire de 60-0 issue d’une alliance regroupant quatre partis sur toile de fond d'un système où plusieurs critères (ethnicité, choix des leaders…) l’emportent à l’heure des nominations.
C’est à ce même jeu d’ombres qu’on a assisté ailleurs, à l’exemple de la nomination du Speaker, où Aumeeruddy-Cziffra a finalement été préférée (malgré les protestations d’une partie des militants) à d’autres figures courtisées pour présider le Parlement ! Ce n’est pas tant le choix de la compétente Speaker qui est mise en cause, c’est la pratique de promettre un unique poste à plusieurs personnes, qui portent aujourd’hui leur frustration en bandoulière !
S’il y a un autre cas qui illustre la brutalité du monde politique, c’est celui de Jasmine Toulouse ! Alors que pendant la campagne électorale, Bérenger reconnaissait le sacrifice de la jeune candidate qui avait cédé son ticket de la circonscription n° 1 (pour faire de la place à Parapen de ReA) et promettait à celle-ci un rôle-clé dans un prochain gouvernement de l’Alliance du Changement, aujourd’hui, on découvre que le rôle-clé est un poste de conseillère au ministère des Arts et de la Culture ! Du moins, c’est tout ce qui a été annoncé jusqu’ici…
Il y a les blessés, les frustrés, les déçus… Et puis, il y a les autres ! Ceux qui, loin d’être écartés, voient leur patience et fidélité récompensées. Tous les yeux sont aujourd’hui rivés sur Lormus Bundhoo, ancien ministre de la Santé, récemment nommé CEO d’AML !S'il est vrai que son passage à la Santé n’a pas laissé un mauvais souvenir, sa nomination soulève une question : est-ce son expérience qui justifie son nouveau rôle ou s’agit-il d’un renvoi d’ascenseur à un travailliste loyal ?
Aux yeux du public, qui se considère légitimement employeur de l’équipe gouvernementale après l’avoir portée au pouvoir par une victoire écrasante, la méritocratie devrait l’emporter. Si les citoyens découvrent que l’Alliance du Changement s’est contentée de slogans creux durant sa campagne électorale — des promesses qui, une fois au pouvoir, se révèlent vides de sens — et que, finalement, c’est le favoritisme qui domine, il n’y aura aucune différence entre ce gouvernement et le précédent.
Or, alors que le discours-programme nous promettait «Un pont vers l’avenir», les agissements actuels illustrent plutôt un retour vers le passé…
Publicité
Publicité
Publicité