Les proches d’Alexandrine Batour entre choc, révolte et incompréhension

La police se retrouve avec une énième affaire de féminicide sur les bras. Jean Roland Wong Yuan Kwong, 44 ans, a avoué l’agression mortelle de sa compagne Marie Alexandrine Annabelle McIntosh, née Batour, aux petites heures du samedi 12 avril. Le drame s’était déroulé au domicile du couple, à Flic-en-Flac, quelques heures plus tôt. L’homme avait, dans un premier temps, essayé de faire passer ce décès pour une mort naturelle, mais l’autopsie pratiquée par le Dr Jankee Prasad, Police Principal Medical Officer, a indiqué que la femme de 43 ans était morte étouffée.

Des visages défaits et bouleversés. L’atmosphère est très lourde en cette fin de matinée du samedi 12 avril, à la chapelle ardente d’Elie & Sons à Beau-Bassin, où la dépouille de Marie Alexandrine Annabelle McIntosh, née Batour, est exposée avant la cérémonie funéraire prévue en début d’après-midi en l’église de St-Marc à Flic-en-Flac. Ceux présents sont tous en état de choc.

Un sentiment d’incompréhension et de révolte animent également les proches de cette jeune femme de 43 ans qui a succombé aux coups de son concubin la veille, lors d’une dispute conjugale. «Linn gagn enn lamor atros», s’indigne une dame venue soutenir la famille endeuillée après avoir appris l’horrible nouvelle. Un autre proche vient tout juste de lui apprendre «ki ti ena mark ble partou lor so lekor».

Le ton monte subitement dans le corridor où ces deux-là sont assis. «Sa kalite-la inn martiriz li ? Bizin fer li al ramas savonet andan !» se révolte cette femme d’une cinquantaine d’années. La famille proche de la victime n’a pas souhaité faire de commentaires étant trop éprouvée par ce terrible malheur.

Cette affaire a éclaté le vendredi 11 avril. Ce jour-là, Roland Wong a sollicité le SAMU et l’aide du personnel d’une clinique privée après avoir, dit-il, retrouvé sa compagne Alexandrine Batour inconsciente dans leur lit, à l’étage de leur domicile à l’avenue Nénuphar, Flic-en-Flac, vers 14h30. Il a expliqué être monté voir si elle allait mieux car elle se sentait mal plus tôt.

Mais aucun médecin n’est venu sur place. L’homme s’est alors rendu au poste de police de la localité muni de la carte d’identité nationale de la jeune femme. Après avoir signalé le décès de celle-ci, il a raconté aux policiers qu’ils vivaient en concubinage depuis huit ans. Sur les instructions du Dr Jankee Prasad, Police Principal Medical Officer, les policiers ont ensuite transporté la dépouille d’Alexandrine Batour à la morgue. Des officiers du Scene of Crime Office, de la Criminal Investigation Division de Flic-en-Flac et du Field Intelligence Office se sont également rendus sur place pour les besoins d’une enquête.

Le médecin légiste a pratiqué une autopsie du corps dans la soirée, vers 23h55, en présence d’un autre médecin et d’un haut-gradé de la police. Le Dr Jankee Prasad a ainsi conclu qu’Alexandrine Batour est morte étouffée. Soupçonnant fortement un acte criminel, il a alerté les enquêteurs après avoir remis la dépouille de la victime à sa sœur Isabelle Virginie pour les funérailles.

Roland Wong a ensuite été interpellé et conduit au bureau de la CID de Flic-en-Flac vers 00h30. Pressé de questions, le quadragénaire n’a pas tardé à passer aux aveux. Dans sa déposition, cet employé d’une imprimerie a expliqué avoir roué de coups sa compagne et l’avoir mortellement étranglée dans un accès de colère lors d’une dispute.

Le suspect comparaîtra devant le tribunal de Bambous ce lundi 14 avril pour sa mise en accusation provisoire pour «murder». Son entourage, tout aussi choqué, avance qu’il est connu pour être «enn piti trankil». Alexandrine était précédemment mariée à un étranger mais elle était veuve depuis de nombreuses années. Elle laisse derrière elle un fils marqué à vie par ce terrible malheur car il devra désormais vivre sans la personne essentielle de son existence, qui a été tuée d’une manière atroce par son partenaire.