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Ma belle expérience du National Youth Parliament

30 août 2025

Muhammad Uzair Ahseek, Durga Pariag et Nunkoo Mahavir Gossagne nous racontent les deux jours passés dans la peau de parlementaires.

Le Parlement est un lieu où se prennent des décisions importantes pour l'avenir du pays. Mais qu'est-ce que cela signifie de travailler dans cet environnement ? Des jeunes ont eu l'occasion de le découvrir, le temps d'une expérience qui les a plongés dans la peau des ministres et des députés. Ils partagent ce qu'ils ont retenu de cette aventure politique...

Et si les jeunes prenaient le pouvoir ? C’est l’expérience qu’ont vécue récemment des jeunes qui ont eu l’opportunité de se mettre dans la peau des ministres et des députés au Parlement. Pendant deux jours, ils ont découvert les rouages de la politique, les défis de la gouvernance et les responsabilités qui incombent aux élus. En effet, la quatrième édition du National Youth Parliament (NYP) s’est tenue les 21 et 22 août et a rassemblé 76 jeunes participants âgés de 14 à 23 ans. Cette initiative est organisée par l’Assemblée nationale mauricienne dans le but de fournir aux jeunes participants une plateforme pour s’engager dans des débats sur des questions nationales et internationales dans un cadre parlementaire. Elle vise également à susciter l’intérêt pour l’histoire, ou encore les procédures parlementaires, et à renforcer les compétences en matière de prise de parole en public, de présentation, de leadership et de prise de décision.

Pendant deux jours donc, la nouvelle génération a occupé les bancs du Parlement et de jeunes hommes et jeunes femmes ont eu l’opportunité de se glisser dans la peau des ministres et des députés, pour découvrir les coulisses du pouvoir et les défis de la gouvernance. Comment ont-ils vécu cette opportunité ? C’est la question que nous avons posée à trois jeunes qui se sont improvisés parlementaires, le temps d’un exercice pas comme les autres.

Durga Pariag, qui poursuit actuellement un B.A. (Hons) en Philosophie indienne à l’Université de Maurice/Mahatma Gandhi Institute, a officié comme ministre de l’Éducation et des Ressources humaines et elle n’est pas près d’oublier ce qu’elle a vécu. «Ça a été pour moi une expérience unique car, depuis très jeune, le Premier ministre indien Narendra Modi m’inspire. Durant l’exercice, j’ai eu le privilège de présenter et de m’exprimer sur une motion dans le cadre de l’ODD 4 (le quatrième des 17 objectifs de Développement Durable - ODD - fixés par l’ONU). Bien que la motion ait principalement porté sur le renforcement des partenariats entre l’éducation, l’industrie et la recherche afin d’améliorer l’employabilité à travers les compétences STEM et techniques, j’ai également souligné l’importance d’intégrer la philosophie dans notre système éducatif. Je suis convaincue que la philosophie doit retrouver sa place centrale en tant que mère de toutes les disciplines. Souvent, l’éducation se résume aux notes, examens et statistiques d’emploi. Si ces indicateurs sont importants, ils ne reflètent pas le véritable objectif de l’éducation. Une nation prospère non seulement par le nombre de diplômes qu’elle produit, mais par la qualité de la pensée, de l’éthique et du caractère de son peuple», nous confie Durga. Elle sort, dit-elle, définitivement grandie de cette parenthèse au Parlement : «Ça m’a enseigné l’importance d’une préparation rigoureuse et du mentorat. Je suis particulièrement reconnaissante envers le personnel du Clerk de l’Assemblée nationale pour nous avoir guidés non seulement à devenir des parlementaires éthiques, mais aussi à développer notre propre voix et approche pour le bien de notre pays, plutôt que d’imiter les autres. Je remercie également ma mère Simla pour son soutien constant ; elle m’a toujours encouragée à donner le meilleur de moi-même et à la rendre fière grâce à mes réalisations. Une des leçons les plus profondes que je retiens concerne la critique et la résilience. Ce parcours a été transformateur, enrichissant non seulement mes compétences académiques et en leadership, mais aussi ma boussole morale et mon engagement envers le service public.»

D’un témoignage à un autre, le même sentiment de satisfaction. C’est en tant que Junior Minister of Arts and Cultural Heritage que Nunkoo Mahavir Gossagne, 22 ans, étudiant en BA (Hons) Hindi et habitant de Quatre-Bornes, a, lui, évolué dans l’hémicycle. «C’est une bonne chose que nous ayons des politiciens expérimentés, tant au gouvernement que dans l’opposition. La politique locale est très intéressante et chacun doit la suivre, car nous sommes un État indépendant. Si chaque citoyen commence à suivre la politique locale, il contribuera d’une manière ou d’une autre à l’amélioration du pays. La critique positive est un moyen d’aider le gouvernement à œuvrer pour l’amélioration du pays», confie le jeune homme qui gardera, dit-il, de bons souvenirs des moments qu’il a vécus : «Ce fut une expérience unique. J’ai fait la connaissance de nombreuses personnes. J’ai même rencontré d’anciens participants du NYP qui nous ont guidés pendant notre formation, ce qui a été très utile. J’ai eu la chance de pénétrer dans l’hémicycle, auquel tout le monde n’a pas accès, sauf dans la galerie publique ou lors des journées portes ouvertes, même si l’accès à l’intérieur de la Government House est limité. J’ai également rencontré la présidente de la Chambre, l’honorable Shirin Aumeeruddy-Cziffra, pendant la formation. Elle était ravie de nous rencontrer et nous a rendu visite à plusieurs reprises pendant les séances de formation pour nous aider. Le NYP m’a permis de comprendre l’indépendance des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. J’ai pu comprendre le travail des ministres pour répondre aux motions qui leur sont soumises. J’ai également eu l’occasion de découvrir le processus de rédaction des questions d’intérêt privé, leur soumission au greffier du Parlement et les procédures en vigueur.»

Muhammad Uzair Ahseek, qui s’est glissé dans la peau du Speaker, ne retient lui aussi que du bon de cette incursion dans les rouages du Parlement. «À mon sens, le climat politique actuel à Maurice demeure instable, marqué par une méfiance croissante du public envers les institutions, la reddition de comptes et la méritocratie. C’est un enjeu d’une importance capitale qui mérite d’être traité en urgence. Pour ce qui est de la jeunesse, nous évoluons dans un environnement souvent peu accueillant et démotivant. On nous considère encore comme «immatures» et «inexpérimentés», ce qui nous prive d’une réelle place dans les affaires d’intérêt national. D’un côté, on réclame davantage de jeunes en politique ; de l’autre, on nous juge trop inexpérimentés pour y contribuer pleinement. Quelle ironie ! Les jeunes ne devraient pas seulement s’exprimer derrière les écrans et les réseaux sociaux. Il est essentiel de mettre en place des plateformes concrètes et efficaces pour que nos idées soient non seulement entendues, mais également traduites en actions.»

Il a, souligne-t-il, beaucoup appris de ces deux jours. «Cette expérience fut véritablement une opportunité unique dans une vie, et je rends grâce à Dieu de m’avoir permis de la vivre. Être Speaker n’avait rien d’une tâche facile. C’est un rôle exigeant, mais grâce à l’accompagnement précieux de mes mentors et au soutien constant des greffiers de l’Assemblée nationale, il m’a été possible de mieux comprendre et d’assumer cette lourde responsabilité. Dès le départ, je savais que je ne pouvais pas plaire à tout le monde, et d’ailleurs ce n’était pas mon rôle. Mon devoir était d’être impartial, libre de toute crainte ou de toute faveur. J’ai même eu à faire face à une situation singulière : mon meilleur ami, Muhammad Ouwéïs Beharry, participait en tant que député de l’opposition. Au début, j’ai moi-même ressenti la difficulté d’agir sans parti pris, mais très vite, j’ai compris que dans l’hémicycle, nous n’étions plus deux amis : j’étais le Speaker et lui, un député. J’ai donc rendu plusieurs décisions contre lui, sans hésitation. Certes, il m’a fait part de sa frustration en dehors de la Chambre, mais au final nous en avons ri et nous avons retrouvé notre complicité intacte. J’ai aussi appris à sortir de ma zone de confort et à accueillir les différents points de vue avec un esprit ouvert et un cœur bienveillant», nous dit Muhammad Uzair Ahseek, en revenant sur sa belle expérience du National Youth Parliament...

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