Meenatchee Bissesur : 100 ans de vie, d’histoire et de partage

Elle a vu défiler tout un monde, dont les visages ont changé au fil des décennies. Elle a vu naître, grandir et s’épanouir trois générations, portant en elle les récits d’un autre temps. Elle qui a bravé les tempêtes et savouré les éclaircies, qui a su transformer les épreuves en leçons de vie. Elle qui a transmis, avec patience et tendresse, les valeurs qui cimentent encore sa famille aujourd’hui. Elle ! c’est Meenatchee Bissesur, Fifi ou Aka Fi pour les intimes, 100 ans de force, de foi et d’amour. Les 15 et 24 août, entourée des siens, elle a marqué ce siècle de vie par une prière et une fête respectivement.

Enn ti bolfam… Mais tellement grande pour ses proches. Meenatchee Bissesur est le cœur d’une famille soudée comme les maillons d’une même chaîne. Toujours présente, que ce soit dans les instants de joie ou les épreuves, elle incarne la force tranquille et l’amour inconditionnel. Née le 20 août 1925, Fifi a célébré son centième anniversaire en deux fois, le 15 août par une prière et le 24 août dans une salle de fête à Curepipe, entourée de tous ses proches. «On a toujours fêté son anniversaire par une prière, car ma mère est une femme très croyante», confie son fils Ravin avec émotion.

Avant tout, Meenatchee Bissesur est une mère attentionnée de deux enfants, une grand-mère dévouée de trois petits-enfants et une arrière-grand-mère aimante de deux arrière-petits-enfants. À chacun d’eux, elle a transmis les valeurs d’une vie : le respect, le partage, la solidarité et la foi. Malgré le poids des années, Aka Fi déborde encore d’énergie. Son passe-temps favori reste la cuisine, véritable terrain d’expression de son savoir-faire et de son amour. «Ma mère est une excellente cuisinière. Depuis que je suis devenu veuf, il y a 11 ans, elle m’a toujours épaulé. Elle prépare encore les bons petits plats qu’elle faisait quand j’étais enfant», ajoute son fils.

Meenatchee est une femme qui n’a jamais reculé devant rien. Voilà 16 ans qu’elle a perdu son époux, qui travaillait au ministère de l’Éducation. Depuis, elle continue de s’occuper de sa maison, de faire son ménage et, bien sûr, de cuisiner. Pourtant, après le décès de sa belle-fille, la vie de Meenatchee a basculé. Elle a connu un vide profond, perdant peu à peu l’espoir et ses repères. Mais même face à cette épreuve, elle a trouvé la force de veiller sur sa petite-fille. «Ma mère a toujours aidé ma fille dans son éducation. Elle a été présente, que ce soit sur le plan moral ou financier. C’est une femme très dévouée», raconte-t-il avec fierté.

Quant à son secret de longévité, il se résume en quelques principes simples mais précieux : toujours être une bonne personne, aider les autres, manger sainement, rester active et remercier Dieu chaque jour. Femme de foi et de cœur, Meenatchee a aussi beaucoup voyagé au cours de sa vie. Et bien qu’elle n’ait pas eu la chance de poursuivre de longues études, elle possède cette sagesse rare qui lui permet de donner de bons conseils au bon moment. Même à son âge, Meenatchee aime encore faire des sorties et aller à la rencontre des gens. Toujours soignée et élégante, elle reste très coquette, convaincue que l’on doit garder confiance en soi en toutes circonstances. «Elle nous a appris les valeurs d’une vie, comme la courtoisie, l’importance du rangement, la gentillesse et bien d’autres encore», relate son fils avec fierté.

Pour fêter son 100e anniversaire, la famille a organisé une prière, fidèle à la tradition qui rythme chaque 15 août depuis des décennies. Et ce n’est pas tout ! Meenatchee a célébré une deuxième fois ce bel âge. Dans une salle des fêtes à Curepipe, entourée de ses proches, elle a soufflé ses 100 bougies.

En outre, en ce jour mémorable, Cynthia, la petite-fille de Meenatchee a tenu à lui adresser quelques mots empreints d’émotion : «Ce n’est pas simple, car il y a des liens qui ne se décrivent pas facilement… des liens tissés au fil du temps, de l’amour, du chagrin partagé et du bonheur vécu côte à côte. Tu n’as jamais été «seulement» ma grand-mère. Depuis 11 ans, tu es devenue la présence féminine de notre maison, celle qui a su recréer autour de moi un cocon quand la vie avait brutalement changé. Depuis le départ de maman, tu as endossé ce rôle avec une force tranquille, sans jamais te plaindre, avec cette douceur et cette sagesse qui n’appartiennent qu’à toi. Et comme tu le dis si souvent, tu t’occupes de moi depuis que maman m’attendait… Ce lien-là, il ne s’explique pas, il se ressent dans chaque geste, chaque regard, chaque silence partagé. Tu m’as tant appris. Tes conseils m’ont souvent éclairée quand j’étais perdue, ta générosité m’a toujours rappelé que le don de soi est une richesse inestimable. Alors en ce jour si symbolique, je veux simplement te dire : merci. Merci d’avoir été toujours là. Merci d’être ce que tu es. Et surtout, merci d’avoir fait de ma vie un lieu où, malgré l’absence, l’amour n’a jamais manqué.»