Marjorie Desveaux, enseignante au collège St Esprit de Rivière-Noire
Bilan positif. Après une année, Prevokbek, le programme d’études dans la langue créole mis sur pied par le Prevocational Department (PVD) des collèges catholiques fait son petit bonhomme de chemin et «porte ses fruits».
C’est du moins ce qu’affirme Marjorie Desveaux, enseignante au collège pré-professionel de St-Esprit, à Rivière Noire, et membre du comité qui a élaboré le projet : «Cela fait chaud au cœur de voir des élèves qui ont été exclus du système éducatif reprendre confiance en eux et reprendre goût àl’éducation. On peut dire que le projet d’utiliser le créole comme mode d’enseignement fait ses preuves.»
Ils s’appellent Mélanie, Eric ou encore Stéphanie et ont pour la plupart entre onze et treize ans. Il y a deux ans, leur avenir était incertain : ils avaient fait deux tentatives aux examens du CPE et avaient essuyé deux échecs. Ils n’étaient donc pas en mesure de poursuivre leurs études. Mais grâce au projet des responsqbles de l’éducation catholique, une troisième chance leur est donnée pour qu’ils puissent, après quatre ans, trouver une place dans un collège traditionnel ou alors suivre un cours à l’IVTB. Il s’agit d’un programme éducatif de quatre ans. Et le médium d’enseignement est le créole.
Des 17 collèges gérés par le Bureau d’Éducation Catholique (BEC), dix appliquent déjà le Prevokbek. Les autres pensent s’y mettre dès que possible. Utilisée comme vecteur d’apprentissage, la langue maternelle, selon Dev Virahsawmy - coordonnateur du programme - est appelée à redresser le niveau de lecture et d’écriture des adolescents qui ne sont pas dans le système éducatif traditionnel.
«Tout est enseigné dans la langue maternelle : les maths, le dessin et même les langues, que ce soit l’anglais ou le Français. Nous avons constaté que les étudiants assimilent plus rapidement grâce à ce programme. Nous sommes très fiers quand nous voyons ce que peuvent faire aujourd’hui des étudiants qui, il y a une année, ne savaient ni lire ni écrire. Aujourd’hui, ils se débrouillent bien», explique Marjorie Desveaux, Hervé de St Pern, le directeur du BEC est lui aussi satisfait. Il trouve encourageant les résultats révélateurs du projet après une année : «Le projet dure quatre ans et au bout de la première année le créole semble aider ces élèves à remonter la pente, bien qu’ils aient auparavant échoué. Nous, les autorités catholiques, nous croyons en la langue maternelle. Et les résultats des élèves qui fréquentent nos classes pré-professionnelles nous confortent dans cette certitude.»