Il est à la fois aimé et détesté... Et ce qui est sûr, c’est qu’il ne laisse pas indifférent. Ce n’est donc pas une coïncidence si le personnage à la fois controversé et adulé est devenu, ce mercredi 6 novembre, le 47e président des États-Unis avec une longueur d’avance sur son adversaire, la démocrate Kamala Harris. En effet, le milliardaire républicain, Donald Trump, a réussi son inimaginable pari en retrouvant pour la deuxième fois, le chemin de la Maison Blanche après son premier mandat en 2016, à travers une victoire électorale qualifiée d’historique, avec ce retour sous forme de revanche.
Cette élection, qui a un écho planétaire et qui a passionné dans une Amérique fracturée avec ces deux candidats diamétralement opposés, a ainsi mobilisé, durant la semaine écoulée, l’actualité internationale. Car celui qui, bien avant de devenir président, il y a huit ans, était déjà une figure incontournable des écrans américains, a fait mentir tous les sondages qui parlaient d’élections serrées en remportant haut la main ce scrutin aux dépens de la candidate démocrate qui, pour de nombreux Américains, symbolisait l’espoir pour dessiner une nouvelle ère. Mais pour ceux qui parlaient de «quatre ans d’enfer», et qui voulaient «sauver l’Amérique» et «sortir la tête de l’eau», cette élection est saluée et est vivement célébrée.
C’est à 11h25, heure de Maurice (ce mercredi 6 novembre), en compagnie de son clan, dont sa femme Melania, et dans une mise en scène bien orchestrée, devant le monde entier sur l’air de God Bless the U.S.A de Lee Greenwood, que Trump, 78 ans, est venu revendiquer sa victoire avant l’annonce officielle, en s’adressant aux Américains sous une salve d’applaudissements et d’acclamations avec des «USA, USA, USA...» qui ont résonné pour accueillir le nouveau président.
«Nous avons écrit l’histoire. Nous allons aider notre pays à guérir. Nous allons réparer tout ce qui est cassé. C’est une victoire politique que notre pays n’a pas connue auparavant. Je lutterai pour vous, pour votre famille. Il s’agit d’une victoire magnifique pour les États-Unis. Nous allons vous rendre très heureux et vous rendre fiers de votre vote. L’Amérique nous a donné un mandat puissant....», a déclaré un Donald Trump, comme d’habitude, très sûr de lui, tout en étant porté par sa victoire.
Et c’est justement en jouant de son charisme qu’il a avancé ces dernières années en développant une industrie du divertissement, avant de devenir une personnalité majeure de la scène politique américaine et internationale. Le milliardaire qui a fait fortune dans l’immobilier – en 1983, il a construit son premier gratte-ciel, la Trump Tower, qui marque le paysage new-yorkais – est à la tête d’un empire financier, avec des bâtiments prestigieux qui portent son nom. Mais, l’homme qui a plus d’un tour dans son sac a aussi laissé son empreinte dans l’univers audiovisuel, notamment lorsqu’il a décidé de créer et de co-produire, en 2004, une émission de télé-réalité, The Apprentice. Le succès est immédiat et l’émission bat des records d’audience (28 millions de téléspectateurs le soir de la finale de la première saison). Donald Trump se prête au jeu et prend les commandes de la présentation du jeu pendant plusieurs saisons.
Souvent qualifié de personnage extravagant, la cote de popularité de Donald Trump, marié au mannequin slovène Melania Knauss, avec qui il a eu un fils, Barron William, né en 2006, et qui est également grand-père de sept petits-enfants, n’a cessé de grimper ces dernières années et cela, même s'il a un parcours émaillé de plusieurs évé-
nements : coups d’éclat politiques, tweets rageurs, déclarations mensongères et décisions unilatérales, sans oublier les scandales qui lui collent à la peau. La campagne électorale de cette présidentielle fera date car Trump a survécu à deux tentatives d’assassinat et son premier adversaire, le président Joe Biden, s’est retiré quelques mois avant le jour de l’élection, avant que Kamala Harris se jette dans la course comme candidate à la présidence. Selon les observateurs politiques, ce serait le message de Trump sur l’économie et l’immigration qui aurait trouvé un écho auprès de l’électorat car son slogan «L’Amérique d’abord» semble avoir touché la corde sensible des votants, qui ne voyaient pas d’un bon œil les milliards de dollars dépensés pour soutenir l’Ukraine et qui estiment que cet argent serait bien mieux dépensé dans leur pays. Selon des analyses, Kamala Harris aurait été pénalisée car en tant que vice-présidente de Joe Biden pendant quatre ans, il y avait des inquiétudes sur le fait qu’elle répète les mêmes choses qui ont émaillé ces dernières années. Face à Donald Trump qui a commencé sa campagne tout de suite après son élection perdue en 2020, le Parti démocrate se serait laissé distancé lorsque Joe Biden, malgré la précarité de sa santé, s’était lancé dans la course à la présidentielle pour briguer un hypothétique second mandat, avant qu’il décide, avec un retrait clair et rapide, de passer la main à Kamala Harris qui, malgré tout, n’a pas su convaincre.
«C'est quelqu'un de très imposant»
La candidate démocrate a appelé Donald Trump mercredi pour le féliciter de sa victoire à l’élection présidentielle, a indiqué un de ses conseillers. Avec cet appel, la vice-présidente sortante reconnaît ainsi sa défaite. Elle a parlé au futur président de l’importance d’une passation pacifique du pouvoir et d’être un président pour tous les Américains. «Nous devons accepter», a déclaré Kamala Harris en parlant des résultats de l’élection quand elle a pris la parole après la victoire de Trump. Elle a demandé à ses partisans de continuer à se battre. «Nous n’abandonnerons jamais la lutte pour la démocratie et pour la règle de droit», a-t-elle lancé, tout en promettant d’«aider» Trump dans la transition. Plusieurs dirigeants étrangers, ainsi que le chef de l’Otan, ont depuis ce mercredi félicité Donald Trump qui fascine autant qu’il est critiqué. Connu pour son énergie inépuisable et son côté ambitieux, celui jugé comme étant plus instinctif que réfléchi, qui ose tout dire et qui cogne généralement là où ça fait mal, marque tous ceux qui ont pu le rencontrer.
Le Mauricien Nevin Rupear, qui a pu le côtoyer, se souvient d’un homme charismatique qu’il a croisé dans les coulisses de Miss Universe dont le milliardaire était co-propriétaire. «Je l’ai rencontré en janvier 2015 dans le cadre du concours Miss Universe, un monde dans lequel j’évolue. Cette année-là, c’est Pallavi Gangaram qui était la représentante mauricienne au concours à Doral, Miami. À un certain moment, j'ai pu ainsi échanger quelques mots avec Donald Trump. Il était très gentil et super sympathique. C’est quelqu’un de très imposant quand on le rencontre en personne. Il est grand, costaud et est toujours entouré de ses agents de sécurité. Il assistait comme moi aux répétitions des Miss avant la grande finale qui allait avoir lieu durant la soirée. Je l’ai trouvé très avenant. On s’est ainsi parlé et il disait qu’il connaissait Maurice, que c’est une très belle île et qu’il espérait venir visiter le pays. Il m’avait aussi dit : "Enjoy your time here, enjoy the USA, enjoy the pageant". Il a une présence incroyable de par son physique. Quand on le voit, on voit la stature de l’homme d’affaires qui sait ce qu’il veut. C’est d’ailleurs de façon très professionnelle qu’il dirigeait Miss Universe comme tous ses business. J’ai aussi pu comprendre que c’est quelqu’un qui aime beaucoup son pays, les États-Unis, et qui veut promouvoir le savoir-faire américain sur le plan local et aussi à l’international», nous confie Nevin Rupear en revenant sur ce moment avec celui qui est aujourd’hui à nouveau président des USA.
Une autre compatriote, Isabelle Antoo Carver, ex-Miss Mauritius, a elle aussi eu l’occasion de rencontrer le milliardaire lorsqu’elle avait représenté le pays au concours international en 2006. «Toutes les Miss qui allaient représenter Maurice et leur pays respectif avaient l’occasion de rencontrer Donald Trump. Je me souviens d’une personne très humble. Il s’est présenté à nous de façon très simple. Il nous a saluées avec un handshake et je me souviens surtout qu’il avait été très courtois. Et il était très respecté par rapport à l’organisation de Miss Universe», nous dit notre compatriote qui, depuis, suit le parcours politique du milliardaire qui, de par sa personnalité, ne laisse pas insensible...
Maurice à l’heure américaine
Le Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, n’a pas manqué d’adresser ses félicitations à Donald Trump pour sa victoire à la présidentielle américaine. «Maurice se réjouit de poursuivre et de renforcer son partenariat avec les États-Unis», a-t-il écrit sur son compte X, ce mercredi 6 novembre. «Ces élections nous permettent de prendre du recul pour comprendre l’importance de voter et la valeur de la démocratie», a déclaré pour sa part Henry Jardine, l’ambassadeur des États-Unis à Maurice, lors de l’Election Breakfast à la Maccarthy House, ce mercredi 6 novembre.