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Un empêcheur de tourner en rond

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Clifford Maniacara, qui se dit le porte-parole des parents des enfants catholiques, avec sa chemise à fleurs qu’il porte souvent lors de ses réunions d’explications

Il a une grande gueule et pousse souvent un coup de gueule. Sa propension à dire des choses sans demi-mesure, jusqu’à heurter certaines susceptibilités, a failli coûter cher à une radio privée. Clifford Maniacara, 52 ans, a le verbe facile et ne laisse pas indifférent tant au niveau de son combat qu’à celui de ses dérives récentes. Rencontre avec celui que beaucoup prennent pour le pendant catholique de Suttyhudeo Tengur.

Le président de la Fédération des Associations des Parents-Élèves des Écoles Catholiques (FAPEC-primaire) se présente comme l’avocat  des enfants qui, selon lui, seraient pénalisés avec la comptabilisation des points dans les langues orientales au CPE. Du simple citoyen et père de famille qu’il était dans sa belle demeure curepienne, le voilà propulsé sur le devant de la scène.  Il est partout, sur toutes les radios, de toutes les rencontres nocturnes. Il est en pèlerinage permanent. Il mobilise ses troupes pour qu’elles le soutiennent dans sa cause qu’il croit juste et noble. Mais, un micro en main, il fait des dégâts et polémique. Il indispose aussi ceux qui sont moins hystériques, comme le BEC forcé de sortir un communiqué pour se dissocier de cette brebis égarée. Clifford Maniacara n’en a cure, il blesse quelquefois par ses paroles. “A slip of the tongue”, dit-il simplement.


Le feuilleton “La guerre des langues”, dont il est l’un des protagonistes, ne fait que commencer. Lui, l’homme qui dit vouloir combattre ce qu’il appelle “une injustice”,  crie haut et fort que les points des langues orientales ne doivent pas être comptabilisés aux examens du CPE. “Il faut que tous les enfants mauriciens soient considérés sur un pied d’égalité”, dit-il. Il va chez les ministres, revendique ce qu’il décrit comme “un droit”, part de région en région pour prendre la parole “contre les langues orientales”, fait la une des journaux et provoque même - comme on dit aujourd’hui - “des dérapages”. Des mots qu’il crache  sur les ondes d’une radio privée, (“des divinités tamoules traumatisent les enfants”) provoquent toute une polémique : des Mauriciens réagissent, les associations socioculturelles montent au créneau pour critiquer les propos de cet homme qui reconnaît toutefois avoir mal agi: “J’étais sous l’effet de l’émotion après avoir été, moi aussi, agressé verbalement. Je présente mes excuses”, dit-il. Ce “dérapage” a aussi alerté l’Independent Broadcasting Authority (IBA) qui a ramené, au cours de la semaine dernière, les directeurs des radios privées à l’ordre et a annoncé la prise de sanctions pour éviter que ce genre d’incidents se renouvelle. Sur ces entrefaites le cabinet s’est saisi de l’affaire et le Premier ministre devait pousser un coup de sang contre les radios privées.


Sa jeunesse
Clifford Maniacara est né le 10 octobre 1951. Marié depuis 22 ans à Patricia, il est père de deux enfants, Sandrine, 20 ans, et Ludovic, 10 ans, sa raison de vivre. “J’adore les enfants”, dit-il bien calé dans son fauteuil chez lui. Lors des  réunions d’explications au cours desquelles il prend la parole, il réclame que le créole ait sa place dans le programme scolaire. Toutefois, chez lui à la maison, le créole n’est pas très prisé. Dans les conversations avec ses enfants, il utilise un mélange de créole et de français: “ C’est important pour moi d’utiliser ces deux langues car le créole est notre langue maternelle et le français, une langue de communication. Donc, on utilise les deux langues à la maison”. Sa fille aînée fréquentait le collège Lorette de Vacoas lorsqu’elle était au primaire et elle a fait ses études secondaires au collège Lorette de Quatre-Bornes. Pourquoi le choix de ces écoles dites “star schools” pour sa fille ? “Ma fille voulait aller au collège Lorette de Vacoas car sa meilleure amie y était et c’est pour cette raison qu’on l’a mise, ma femme et moi, là-bas. On voulait essayer et tenter l’expérience. Pour mon fils, on a voulu changer et on l’a mis à l’école St-Esprit RCA qui ne se trouve pas très loin de notre maison”.   Depuis 34 ans déjà, Clifford Maniacara est inspecteur des travaux au ministère des Collectivités locales, un métier qu’il exerce tout en menant son combat. “C’est vrai qu’on ne le voit pas souvent à la maison, pris qu’il est par son boulot et ses réunions. Mais on s’y est habitué”, nous dit sa fille Sandrine, étudiante en ‘Marketing Management’ au DCDM. Pour le fils Ludovic, qu’il appelle affectueusement Ludo, son père est quelqu’un qui croit en son combat. “Je sais ce qu’il fait. Il s’élève contre la comptabilisation des points des langues orientales aux examens du CPE et je pense comme lui. Je n’ai jamais étudié une langue orientale et ce n’est pas maintenant que je vais commencer”, nous dit-il. Clifford ne nie pas qu’il a le soutien total de sa famille: “J’ai besoin du soutien de mes enfants tout comme celui de ma femme car me sentir soutenu par eux est important”.  Quant à sa femme Patricia, elle nous dit partager aussi l’avis de son mari sur les langues orientales. “Comme lui, je pense que c’est une injustice”, dit-elle. Selon elle, si son mari a un défaut, c’est qu’il ne veut jamais perdre. “Il veut réussir tout ce qu’il entreprend”, dit-elle.


Son enfance à Mahébourg
Enfant, Clifford Maniacara était à l’abri du besoin. Il ne s’en cache d’ailleurs pas: “Je n’ai jamais manqué de quoi que ce soit dans ma jeunesse; pourtant, on était à onze enfants. Mon père, Sydney, était propriétaire de camions et de bus. Il est mort en 1984 et ma mère, Anadette, est décédée en 2001. Nous nous sommes tout le temps bien entendus”, nous dit-il. Ses études du primaire, il les a faites à l’école  Mahébourg RCA. Il en garde d’ailleurs de bons souvenirs. “Avec ma bande de copains, on allait voler des mangues chez des voisins alors qu’il y avait un manguier dans ma cour”, raconte-t-il. “On a dû déménager suite à des problèmes que mon père a connus dans son travail. J’aimais tellement habiter à Mahébourg”, ajoute-t-il. Il a ensuite fait ses études secondaires au collège Saint-Joseph à Curepipe.


Après cette incursion dans sa vie sociale, Clifford Maniacara nous a raconté ses débuts dans la Fédération des Associations de Parents-Élèves des Écoles Catholiques. “C’est mon univers”, nous dit-il. C’est en 2000, suite à l’invitation d’un ami, qu’il s’est  joint à l’association. “En juin 2000, j’ai été élu de facto président de l’association car il n’y avait pas de candidat qui s’était présenté pour assurer cette fonction. En 2002, on m’a demandé de reprendre la présidence; mon mandat prendra fin dans quelques mois. Ma fédération est tout à fait légale et j’occupe un poste dans la légalité”, dit-il. “La fédération s’occupe de  46 écoles, écoute les doléances du personnel et gère une caisse à laquelle contribuent les écoles pour des projets divers”, ajoute-t-il.


Refermant cette parenthèse sur cette partie de sa vie, il nous dit être “gonflé à bloc” pour mener son combat jusqu’au bout. “À prévoir notre combat en Cour suprême et si besoin est, on va avoir recours au Conseil Privé de la Reine”. Et si vous perdez ? Il nous répond: “Il nous faudra accepter mais on n’en est pas encore là”.

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