Le père Henri Souchon
Injustice!! Injustice envers les enfants non-hindous... C’est le mot lâché à chaque rencontre de la Fédération des Associations des Parents-Enseignants des Écoles Catholiques (FAPEC) ces deux dernières semaines. Elle demande une réaction immédiate du gouvernement sur la question des langues orientales et la langue créole. Prenant la parole à Cassis, vendredi soir, le père Henri Souchon clame justice pour les collèges catholiques. “Je demande 100% des places dans les collèges catholiques, pas 50%”, dit-il.
La FAPEC a, lors de sa deuxième réunion d’explication avec les parents, vendredi dernier à Cassis, insisté sur le fait que le gouvernement doit prendre une décision au plus vite cette année. Les 43% d’élèves qui ne font pas une langue orientale, la reconnaissance et l’introduction de la langue créole comme matière à l’école et les 50% des places réservées dans les collèges catholiques sont les sujets phare abordés au cours des différentes réunions de la FAPEC. “Avant, les catholiques avaient 50% des places réservées dans les collèges catholiques, maintenant ils ont 0%”, a dit le père Henri Souchon, vendredi dernier à Cassis. Il semble oublier que les collèges confessionnels peuvent toujours disposer de 50% des places mais qu’ils ne peuvent plus recruter sur le critère religieux. Il propose un système de ‘voucher’ que l’État pourra offrir aux parents, ce qui leur permettra de choisir un collège de leur choix. Le père Henri Souchon a aussi fait allusion à des statistiques qui, selon lui, démontrent clairement “que la langue hindi est en perte de vitesse”. Se basant sur des statistiques datant de l’an 2000 sur le nombre de langues parlées habituellement à Maurice (language usually spoken at home) et dont lui-même avait fait une analyse dans l’édition de 5-Plus en date du 28 avril 2002, il soutient que de 652 193 personnes qui parlaient habituellement le créole à la maison en 1990, le nombre a augmenté pour atteindre 791 465 en l’an 2000 alors que pour la langue hindi parlée à la maison le nombre est passé de 12 848 personnes en 1990 à 7245 en l’an 2000. Il a aussi affirmé que moins de 25 000 Mauriciens sur une population d’un million parlent une langue orientale. Le père Henri Souchon avait alors déclaré : “La langue créole se porte bien, n’en déplaise à certains”. Il a aussi affirmé que les langues orientales mobilisent 2000 professeurs et que “cela coûte aux contribuables quelque Rs 200 millions par an alors qu’il y a des parents qui n’ont pas le moyen d’acheter un livre de catéchisme pour leurs enfants”.
Clifford Maniacara, de la FAPEC (primaire), a lancé un appel à tous les parents pour qu’il n’y ait pas de dérapage. “Il ne faut pas avoir des bagarres. Respectez vos voisins”, a-t-il dit. Parlant de sa rencontre de jeudi dernier avec le Premier ministre, Paul Bérenger, il a fait savoir que cette rencontre n’a rien donné de concret. Jean-Pierre Maurice, président de la plate-forme pour l’Unité des Créoles, estime pour sa part qu’il ne faut pas attribuer une couleur communale à la lutte de la FAPEC. Il faut qu’une option nous soit vite proposée ou alors on va sanctionner ce gouvernement en 2005 comme ce fut le cas pour Jugnauth en 95”, a dit Jean-Pierre Maurice.
Denis Grand-Port, de la FAPEC (secondaire), s’est, lui, attardé sur le critère social que l’État propose à l’Église pour remplacer le recrutement sur une base religieuse. “On a demandé à Steven Obeegadoo de nous définir le critère social et il n’a pu nous donner des explications”, a affirmé le président de la FAPEC (secondaire). Norbert Potié, un autre orateur à Cassis, a réclamé que la langue créole soit introduite comme une matière pour que les descendants d’esclaves puissent apprendre leur culture. Le Premier ministre, Paul Bérenger, a aussi abondé dans le même sens, vendredi soir à Pailles; il a soutenu l’option de la langue créole comme matière, peut-être pour l’année prochaine. Norbert Potié a aussi lancé un appel aux associations culturelles pour qu’elles viennent en aide à la FAPEC. “On demande aux associations socioculturelles comme l’Arya Sabha et à toutes les communautés leur aide pour que la langue et la culture créole soient introduites à l’école tout comme les langues orientales pour les autres communautés de Maurice”, a-t-il aussi ajouté. Il a aussi fait état qu’il y a un manque d’enseignants pour le mandarin. “Il y a des cas où il y a des enseignants étrangers qui enseignent les langues orientales. Cela devient alors plus difficile pour nos enfants”, dit-il. Les organisations catholiques présentes à Cassis vendredi soir sont aussi en faveur d’un amendement à l’‘Equal Opportunities Act’ pour l’enseignement des langues sur une base égalitaire à Maurice. Hier, au centre social de Ste-Hélène à Curepipe, les organisations catholiques ont accueilli et écouté les parents qui ont des doléances, pour pouvoir loger une action en Cour. “Il y a eu douze parents avec des difficultés qui sont venus nous voir. Dès demain, on va voir notre avoué”, nous a dit Clifford Maniacara. Un forum sur la langue créole avait aussi eu lieu mercredi dernier auquel Mario Flore et le père Filip Fanchette avaient participé. Les organisations catholiques tiendront une autre rencontre demain à Roche-Bois et mardi à Bel-Air. Elles ne savent pas encore si elles vont respecter une trève durant le carême qui commence mercredi prochain.