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Un créateur d’emplois qui intéresse le gouvernement

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Joe Lesjongard, ministre des Terres et du Logement, des PMEs, de l’Artisanat et du Secteur informel

Le secteur informel crée de plus en plus d’emplois et il faut tout mettre en oeuvre pour le ramener vers le secteur formel. C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre à l’issue de la dernière rencontre entre le gouvernement et le secteur privé, il y a trois semaines de cela. Mais comment? La réponse sera sans doute connue à l’issue du ‘brain committee’ et du comité gouvernemental qui se pencheront bientôt sur la question.

Marchands ambulants, maçons, pêcheurs, couturières, ‘casseurs’, petits entrepreneurs, entre autres, figurent parmi les opérateurs du secteur informel. Ravi est marchand de ‘dholl puri’ et de ‘roti’ à Rose-Hill depuis plus de 20 ans. Pour lui, c’est un travail dur mais qui lui permet de bien gagner sa vie même si “ce n’est pas le grand luxe”. “Je vends au minimum 300 paires de ‘roti’ et de ‘dholl puri’ par jour, ce qui me fait au moins Rs 1500 en une journée”, déclare-t-il. Ravi dit avoir essayé de trouver un emploi dans le secteur formel et qu’il est inscrit au bureau de l’emploi depuis une dizaine d’années : “Mais les emplois qu’on me propose ne m’apporteront qu’un salaire de misère. Je préfère donc continuer à être marchand ambulant même si je ne gagne rien les jours où je ne travaille pas et que je n’aurai pas de pension quand je prendrai ma retraite. J’essaie de mettre un peu d’argent de côté pour mes vieux jours”. Ravi explique qu’il opère sans permis depuis que la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill a cessé d’en accorder à cause d’une trop grande demande. Selon lui, cet état de choses a causé une augmentation du nombre de marchands ambulants, dont certains - il dit ne pas comprendre comment - “ont de superbes maisons et autres richesses”. Il espère que l’initiative du gouvernement de créer un ministère du Secteur informel va aider à y mettre un peu d’ordre.


Définir une stratégie
Un ‘brain committee’ constitué de membres du gouvernement et du secteur privé sera bientôt mis sur pied par le ministre des Terres et du Logement, des Petites et moyennes entreprises, de l’Artisanat et du Secteur informel, Joe Lesjongard, pour se pencher sur ce phénomène. Les conclusions de ce comité seront ensuite transmises à un comité gouvernemental présidé par le PM qui définira la stratégie finale en ce qui concerne ce secteur informel. Pour l’heure, on soutient du côté du ministère du Logement, des Petites et moyennes entreprises, de l’Artisanat et du Secteur informel que ce dernier se penchera, entre autres, sur une étude faite par De Chazal Du Mée (DCDM) en collaboration avec le ‘Mauritius Research Council (MRC) en 2001 sur l’économie informelle pour l’aider à définir sa stratégie et peut-être, dans un premier temps, apporter des solutions temporaires au problème de l’économie informelle.


Selon ce sondage, 27% de la population, soit quelque 227, 800 Mauriciens, opère dans ce secteur. 37 800 sont ‘self employed’, 93 800 sont des ‘moonlighters’ - c’est à dire qu’ils ont un premier emploi dans le secteur formel et un second dans le secteur informel -, 76 100 cumulent deux emplois dans le secteur formel et 20 100 sont de la population inactive (retraités, étudiants, femmes au foyer) mais ont des activités générateurs de revenus. Les activités informelles sont pratiquées par toutes les catégories de la population, mais plus particulièrement par les habitants venant des milieux ruraux et pauvres. Le secteur informel, qui opère sans les permis et licences requis, existe principalement dans le commerce en gros et le secteur de l’hôtellerie et de la restauration; ceux-ci sont suivis des secteurs de la construction et des services personnels.


Perte d’un maximum de Rs 4,7 milliards pour l’État
L’économie informelle, comme l’indique le sondage effectué, est le résultat de plusieurs facteurs économiques et macroéconomiques : la montée du chômage et la réduction du nombre d’emplois dans le secteur formel ; l’évasion fiscale (car une majorité des ‘moonlighters’ ne déclarent pas leurs revenus gagnés d’un second emploi et un grand nombre de ‘self-employed’ ne paient pas la taxe même si leurs revenus sont taxables), la perception que les coûts d’opération dans le secteur formel sont très élevés (coût de la licence et du permis, contributions à la Sécurité sociale), les salaires insuffisants obtenus à travers l’emploi dans le secteur formel, le manque ou l’insuffisante application des régulations dans le pays et  la perception que l’argent public est mal utilisé. Selon le sondage, le secteur informel a pour conséquence de faire perdre  un maximum de Rs 4,7 milliards à l’État en termes d’évasion fiscale. Toutefois, il ajoute que ce chiffre pourrait être bien moindre car il se pourrait qu’il n’y ait pas 100% d’évasion fiscale dans le secteur informel et aussi qu’un nombre de produits et services du secteur informel soient exemptés de la taxe à cause du faible taux d’investissement de ceux qui y opèrent. Par ailleurs, les opérateurs informels n’ont pas de protection sociale. Cela implique une exposition accrue aux risques du travail et une probabilité qu’ils continuent à travailler après l’âge de la retraite à cause de l’absence d’un plan de pension. Pour contrôler le secteur informel, DCDM propose de revoir l’enregistrement des opérateurs commerciaux ainsi qu’un renforcement des lois et la simplification des procédures. Elle propose aussi que des campagnes de promotion soient menées pour encourager les opérateurs informels à devenir formel. La formation est aussi considérée comme étant un facteur important pour augmenter la possibilité que des personnes vulnérables soient employées dans les secteurs comme l’informatique et la communication.


Plus de contrôle mais…
Pour nombre de personnes, le contrôle du secteur informel est essentiel car ce secteur n’arrête pas de se développer; mais ces personnes expriment aussi des réserves. “C’est un secteur énorme qui continue à se développer à cause de la montée du chômage, des difficultés administratives et financières pour se faire enregistrer. Certaines personnes se tournent vers ce secteur parce qu’elles doivent survivre;  elles ne peuvent pas attendre. Mais d’autres y voient aussi un moyen pour blanchir de l’argent ou pour ne pas payer la taxe; cela tient quelquefois de la mafia”, déclare Chandan Jankee, responsable du département économie à l’Université de Maurice. Selon lui, un contrôle dans ce secteur est nécessaire “mais il faut prendre le temps de bien étudier le phénomène car si on force les opérateurs informels à entrer dans le secteur formel du jour au lendemain, cela risque d’avoir un impact social négatif. C’est un processus qui doit être naturel”.


Renu Padaruth, responsable du ‘National Women Entrepreneur Council’ qui regroupe environ 600 femmes opérant des petites entreprises informelles, est, elle aussi, d’avis qu’il faut amener le secteur informel vers le formel. “C’est à l’avantage de tous les opérateurs car ils ont accès à des facilités qu’ils n’ont pas dans le secteur informel mais ce n’est pas si évident car la plupart du temps, ils manquent de moyens”, dit-elle. Pour Darma Mootien, qui s’occupe du ‘Trust Fund For the Integration of Vulnerable Groups’, il est également important d’amener le secteur informel vers le secteur formel. “Pour les petits entrepreneurs que nous finançons, il est très difficile de se lancer dans le secteur formel car ‘gros réquin manz ti réquin’ mais s’ils se regroupent, ce sera possible.  Ils pourront, par ailleurs, profiter des cours de formation donnés par la ‘Small and Medium Industry Development Organisation’ (SMIDO) et développer une stratégie de marketing commune”, soutient-il. Tous sont d’accord pour dire que le secteur formel est un gros créateur d’emplois et qu’il ne faut pas l’étouffer en introduisant des lois trop strictes mais qu’il faut y mettre de l’ordre. “La plupart des entrepreneurs commencent par une petite entreprise dans le secteur informel avant de rejoindre le secteur formel en se développant. Il faut trouver des moyens pour les contrôler,  les encadrer et les aider à se joindre au secteur formel”, souligne-t-il. 

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