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Au cours d’une messe à Bel Air, le discours de l’évêque crée des vagues

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Mgr Maurice Piat

Cette semaine a été une semaine très mouvementée pour les autorités catholiques et le gouvernement. Tout a commencé suite aux propos de Mgr Maurice Piat contre l’État au cours d’une messe, dimanche dernier. Ces propos n’ont pas manqué de “choquer” et de susciter de vives réactions de la part de l’alliance gouvernementale dont quelques membres assistaient à la célébration. “L’Église vit des moments très difficiles”, a-t-il dit au cours de la messe. Après l’arrivée du jugement écrit, le Premier ministre, Paul Bérenger, a annoncé que “le gouvernement se propose de réexaminer le MoU à tête reposée à la lumière du jugement”.

Cette semaine a été une semaine très mouvementée pour les autorités catholiques et le gouvernement. Tout a commencé suite aux propos de Mgr Maurice Piat contre l’État au cours d’une messe, dimanche dernier. Ces propos n’ont pas manqué de “choquer” et de susciter de vives réactions de la part de l’alliance gouvernementale dont quelques membres assistaient à la célébration. “L’Église vit des moments très difficiles”, a-t-il dit au cours de la messe. Après l’arrivée du jugement écrit, le Premier ministre, Paul Bérenger, a annoncé que “le gouvernement se propose de réexaminer le MoU à tête reposée à la lumière du jugement”.


C’est à la fin de la messe pour commémorer les 169 ans de l’abolition de l’esclavage en l’église du Saint-Esprit à Bel Air Rivière Sèche, que l’évêque, Mgr Maurice Piat, s’est dans un bref discours attaqué avec force au gouvernement qui, a-t-il dit, “a trahi l’Église” et a “renié les accords du MoU” qui les liaient. Les autorités gouvernementales n’ont pas tardé à réagir aux accusations de Mgr Piat. Le ministre de l’Éducation, Steven Obeegadoo, qui se trouvait en Afrique du Sud où il assistait à une conférence sur l’Éducation à distance, a dû rentrer au pays. Au cours d’une conférence de presse conjointe mercredi dernier, les dirigeants de l’alliance gouvernementale, Paul Bérenger (MMM), Pravind Jugnauth (MSM), Maurice Allet (PMSD) et Sylvio Michel (OF/Les Verts), ont répliqué aux dires de l’évêque. “Nous n’avons trahi personne. Ce n’est pas de notre faute si tout le monde a constaté que le critère religieux est anticonstitutionnel”, a répondu le PM, Paul Bérenger. Celui-ci a aussi fait part de ses regrets “quant aux procédés de l’évêque” de tenir un tel discours “au cours d’une messe” tout en ajoutant “que le gouvernement n’a pas l’intention de suivre Mgr Piat en adoptant aussi ce genre de ton”.


Les propos de Mgr Piat
C’est après avoir donné la bénédiction finale, et au moment où l’assistance s’attendait le moins, que Mgr Piat a fait une sortie virulente contre le gouvernement et contre le syndicaliste Suttyhudeo Tengur pour ses allégations. Étaient présents dans l’assistance, en sus du chef de l’Etat, le leader de l’Opposition, Navin Ramgoolam, l’ancien président de la République, Karl Offmann, le vice-Premier ministre, Pravind Jugnauth, les ministres Motee Ramdass, Nando Bodha et Joe Lesjongard. Tous ont été surpris de la teneur du discours de l’évêque. “L’État nous a trahis et a renié tous les accords qui nous liaient”, a-t-il dit. “Zot vinne rode nou, zot ris nou dans réforme, après zot déclare MoU qui fine signé illégal”, devait-il aussi déclarer. En sus d’accuser l’État de “trahison” et “d’avoir renié le Memorandum of Understanding”, l’évêque a aussi reproché au gouvernement son silence sur les allégations de Suttuhudeo Tengur concernant l’affaire des Rs 11,5 m. “Li dire nou fine coquin cash gouvernement. Nous donne coup de main gouvernement pour so la rentrée avec nou propre moyen. Après Tengur dire nous qui fine coquin cash et gouvernement reste tranquille pendant 6 mois”, a-t-il fait part. Concernant l’affaire des 50% des places réservées dans les collèges catholiques - dans laquelle le jugement du Conseil privé de la Reine a été favorable à Suttyhudeo Tengur, et dont le jugement écrit tant attendu est arrivé au pays mardi dernier - l’évêque devait dire “nou fine perdi ene bataille, nou pas encore fin perdi la guerre”. Toujours faisant allusion à l’affaire des 50% des places réservées, Mgr Maurice Piat s’est aussi demandé comment l’Église pouvait apporter une contribution à “cette urgence nationale pour qui banne pli pauvre gagne éne bon l’éducation pas zis dans nu l’école mais dans tout l’école?”. Lors de son discours, Mgr Piat a aussi précisé que les autorités catholiques contrôlent toujours les 50% des places dans leurs collèges. Ce qui change, a-t-il dit, c’est l’usage du critère religieux pour gérer ces 50% des places lors des admissions. L’évêque s’est alors posé la question: “Ki qualité critère bizin servi pour que la qualité de vie selon l’Évangile capave énan dan nou collèges?”.
Abordant l’affaire des Rs 11, 5 m, dont la demande de l’Église à l’État est contestée par Suttyhudeo Tengur et qui fait objet d’une enquête par l’ICAC, l’évêque devait faire savoir que l’Église catholique a entamé la construction de plusieurs collèges dans certaines régions de l’île et que les habitants de ces endroits attendaient beaucoup de l’ouverture de ces collèges. “Mais astère, le temps MoU fine cancel, cot nou pou gagne cash pou construire ça banne collège là”, devait-il demander. Nous avons aussi appris que c’est sous des applaudissements que l’évêque a conclu son discours et les personnalités présentes ont quitté l’église sans s’attarder pour la traditionnelle tasse de thé.


Le PM réagit
Répondant aux accusations de Mgr Piat, Paul Bérenger, a lors de sa conférence de presse mercredi dernier, “souhaité que le dialogue reprenne entre les autorités catholiques et le gouvernement” En réaction aux accusations de Mgr Piat contre l’État, le Premier ministre, Paul Bérenger, a, suite à l’arrivée du jugement écrit sur l’affaire des 50% des places réservées dans les collèges catholiques, proposé aux autorités catholiques, comme en novembre 2002, de “remplacer le critère religieux pour ses admissions par le critère social tout en accordant la priorité aux meilleurs élèves des Zones d’Éducation Prioritaire”. Étaient aussi présents lors de cette conférence de presse, Pravind Jugnauth (MSM), Maurice Allet (PMSD) et Sylvio Michel (OF/Les Verts) qui ont répliqué aux accusations de Mgr Piat lors de la messe à Bel Air. “Nous n’avons trahi personne. Ce n’est pas de notre faute si tout le monde a constaté que le critère religieux est anticonstitutionnel”, a dit Paul Bérenger au début de la conférence de presse. Concernant l’accusation de Mgr Piat qui dit que l’État a trahi l’Église, Paul Bérenger a tenu à préciser “les faits” en affirmant que “l’État, sous différents régimes, ignorait comment l’admission des élèves dans les collèges catholiques se faisait et comment les autorités catholiques disposaient de ces 50% des places”. Le PM a aussi fait part que l’Église n’avait jamais évoqué la pratique des 50% des places réservées selon des critères religieux jusqu’à la révélation en Cour de l’ancien directeur du Bureau de l’éducation Catholique (BEC), Michaël Atchia, sur cette pratique. Il précise aussi que c’est lorsque le gouvernement a voulu avoir l’avis du Parquet qu’il a appris que ce procédé de recrutement est anticonstitutionnel. “Le jugement de la Cour suprême est venu par la suite confirmer l’avis du parquet et à la suite de cela nous avons essayé de convaincre Mgr Maurice Piat d’adopter de nouveaux critères de recrutement, soit un recrutement donnant priorité aux meilleurs élèves des Zones d’Éducation prioritaires. Mais les autorités catholiques n’étaient pas d’accord avec cette proposition et elles ont décidé d’aller devant le Conseil privé de la Reine”, a expliqué Paul Bérenger.
Paul Bérenger a aussi expliqué que devant le Conseil privé de la Reine, l’État se devait de retenir les services de grands avocats britanniques, dont Lord Lester. “Lord Lester, nous faisant part de ses opinions, nous a fait savoir que le recrutement des 50% n’était pas possible”, dit Paul Bérenger. Après quelque temps, le jugement du Conseil privé de la Reine est venu confirmer que le recrutement sur une base religieuse est anticonstitutionnel. Paul Bérenger a ainsi précisé que ce n’était pas de la faute du gouvernement si tout le monde constate que le critère religieux, comme mode de recrutement, est contre la constitution de Maurice. “Voilà les faits”, a-t-il conclu. Revenant sur les propos de Mgr Piat au cours de la messe à Bel Air, Paul Bérenger a dit avoir noté que peut-être l’évêque est d’accord avec l’introduction du critère favorisant les défavorisés. “Bravo, c’est ce que nous avons préconisé à la suite du jugement de la Cour suprême en 2002”, dit-il. Paul Bérenger devait alors faire allusion à Soeur Cyril Mooney en visite à Maurice qui, pense elle aussi à un recrutement sur des “critères sociaux” et qui selon Paul Bérenger “va dans la même direction que le gouvernement”.

L’affaire des 50 % des places réservées
Se référant au jugement écrit qui est arrivé au pays mardi dernier, le PM devait dire “qu’il n’y a rien de nouveau dans le jugement écrit et partant du fait que les collèges catholiques reçoivent des subsides des fonds de l’État, le recrutement sur une base religieuse n’est pas constitutionnel”. Il a aussi affirmé que le gouvernement, malgré ce qui est arrivé à Bel Air, “souhaite que le dialogue reprenne avec les autorités catholiques et que plus que jamais le gouvernement souhaite que le critère social ‘gagne priorité’. C’est ce que l’alliance gouvernementale souhaite proposer aux autorités catholiques à tête reposée et en regardant l’avenir”, a-t-il dit. Faisant aussi allusion aux propos de Mgr Piat qui aurait dit que l’avocat de l’État a qualifié le MoU de “caduc et d’illégal”, Paul Bérenger devait dire “que l’évêque se trompe”. Se réferant aux notes de Lord Lester, il a affirmé que ce dernier aurait dit que “si l’appel est rejeté, il faudrait possiblement travailler sur un nouveau MoU”. Paul Bérenger a alors précisé que pour cette partie de la plaidoirie de Lord Lester, ce dernier n’avait pas consulté l’État d’abord. “Cette partie de sa plaidoirie n’était pas “clear” avec le gouvernement.  C’est un grand avocat, il fait son travail comme le lui dicte sa conscience professionnelle”, a-t-il fait ressortir. Il a alors ajouté: “Le gouvernement se propose de réexaminer le MoU à tête reposée à la lumière du jugement”.


L’affaire des Rs 11, 5 m et les allégations de Suttyhudeo Tengur
Abordant l’affaire des Rs 11,5 m, les allégations de Suttyhudeo Tengur et la démarche de ce dernier à l’ICAC, Paul Bérenger a fait savoir que le gouvernement n’a pas tardé à réagir. Il a affirmé que ce sont les autorités catholiques elles-mêmes qui ont tardé à répondre aux allégations du syndicaliste. “Aussitôt que les autorités catholiques ont répondu à Tengur, nous avons confirmé et dénoncé la démarche malsaine de ce dernier”, a-t-il affirmé. Dans un autre volet de sa conférence de presse, Paul Bérenger, s’est dit inquiet car l’affaire Tengur “se mélange avec des sujets très dangereux notamment l’introduction du créole dans le cursus scolaire, la comptabilisation des points des langues orientales aux examens du CPE”, a-t-il dit. Parlant des langues orientales, Paul Bérenger a  précisé aussi que depuis janvier 2002, des classes de rattrapage ont lieu après les heures de classe.  Le PM a aussi annoncé, en parlant de la langue créole, que le gouvernement et l’Unesco travaillent sur deux projets pilotes dont un ‘comprehensive paper’ pour utiliser le créole comme langue maternelle et comme base d’enseignement pour la filière préprofessionnelle.

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