Les crépitements sont impressionnants, la chaleur accablante. En quelques secondes, d'énormes panaches de fumée noire se répandent sur plusieurs kilomètres. Les flammes, tels de gigantesque spectres, sont menaçantes. Imprévisibles, voire incontrôlables, elles sont capables de tout détruire sur leur passage... en une poignée de minutes. Elles effraient, détruisent, réduisent à néant et, hélas, dans certaines circonstances, elle tuent aussi.
Les feux de forêt sont devenus, depuis quelques années, de véritables fléaux qui accablent et laissent derrière eux un paysage calciné et parsemé de cendres, avec de graves conséquences pour la faune et la flore. Conséquences directes du dérèglement climatique, ces incendies et mégafeux s'enchaînent et se multiplient sur toute la planète. Ces derniers temps, pas un continent n’est épargné par les destructions de forêts et les dégâts sont inestimables, autant pour les êtres humains que pour l'environnement. Et partout également, lorsque les feux font rage, il y a les mêmes scènes de désolation, d'évacuation, de frayeur, et des moments d'impuissance face au danger qui avance.
Durant la saison estivale en 2022, l'Europe a subi une vague de chaleur qui a engendré des dizaines d'incendies, les uns plus impressionnants que les autres. Et la France panse encore ses plaies. Car le pays n'est pas près d'oublier ce que les experts qui se penchent sur ce problème appellent «l'été de tous les feux». Ce cauchemar brûlant a ébranlé la Gironde, l'Isère, la Drôme ou encore l'Aveyron, et de nombreux hectares de forêt ont été la proie de ces feux destructeurs. «Ce phénomène saisonnier est appelé à se répéter, voire à s'aggraver, en raison du réchauffement climatique», avancent les professionnels de l'environnement. Un rapport de l'ONU indique ainsi que les incendies dévastateurs vont continuer d’augmenter pour cette raison, même dans l'Arctique. Pour l’heure, ces feux de plus en plus fréquents et intenses ces dernières années touchent aussi bien l'Europe que la Russie ou les États-Unis. Et cette année encore, le monde est en alerte. De nombreux pays sont sur le qui-vive et ont déclaré la guerre aux flammes.
Il y a quelques semaines en Espagne, un feu «hors de contrôle» a rappelé au pays qu'une nouvelle année noire pour les forêts est à craindre. Au moins 3 000 hectares de terrain ont été la proie des flammes sur ce territoire. Et 700 personnes ont dû être évacuées par précaution dans quatre localités voisines de l’incendie. Plusieurs points en commun relient les pays qui sont touchés par les incendies, notamment un déclenchement du feu favorisé par des températures élevées et des vents forts. Ces derniers temps, la Russie non plus n'a pas été épargnée par d'importants feux provoqués par une importante vague de chaleur. Conséquences : des morts, des milliers d’hectares touchés alors qu’un manque accru de pompiers se fait ressentir car beaucoup sont partis faire la guerre.
Ces derniers jours, c'est le Canada qui fait face à des mégafeux. Depuis les premiers incendies qui ont ébranlé le pays de façon précoce début mai, les feux n'ont jamais été aussi nombreux et précoces. Le pays n’en finit pas de se consumer. Selon des statistiques qui datent du 13 juin, la carte des incendies restait constellée de rouge : 449 feux et près de 5 millions d’hectares partis en fumée – et ça ne cesse d'augmenter. Les chiffres démontrent le double de la moyenne enregistrée par le pays sur la dernière décennie, alors même que l’été, propice aux feux, n’a pas encore commencé. Et pendant ce temps, trois provinces – le Québec, l’Alberta et la Colombie-Britannique – ont déployé les grands moyens pour limiter les dégâts.
«C'est très triste»
Cette actualité brûlante monopolise évidemment l'attention. Car les incendies de forêt inquiètent, nuisent à la qualité de l'air de millions de personnes ainsi qu’à la faune et la flore dans une bonne partie de l'Amérique du Nord. Des allers et venues incessants d'avions bombardiers d’eau qui sillonnent le ciel, de même que les nombreux soldats du feu déployés pour faire face au fléau, témoignent de l'ampleur du danger. Car les flammes géantes sont incontrôlables. Plus de 4,7 millions d'hectares de forêt ont déjà brûlé depuis le début de l'année et les conséquences de ces feux se font ressentir jusque sur la côte est des États-Unis, plongée dans un nuage de fumée étouffant. Les autorités canadiennes sont unanimes : jamais le pays n'avait connu une telle situation. À tel point que des sapeurs-pompiers du sud de la France sont allés prêter main-forte à leurs collègues dans la province canadienne du Québec pour faire reculer les flammes.
Damien Poonoosamy, un compatriote installé dans le pays touché, suit la situation de près et se dit attristé par la tournure des événements. «C'est très triste et désolant de voir ce qui ce passe au Canada, surtout au Québec, avec le pire feu de forêt de son histoire. Des milliers de personnes ont dû être déplacées dans plusieurs régions du Québec. Les conditions météorologiques de ces derniers jours n'ont malheureusement pas aidé à une amélioration de la situation. Il est d'autant plus triste de constater que le Canada n'était pas prêt à faire face à une telle catastrophe écologique», nous confie le jeune homme qui assiste impuissant, comme tous les Canadiens, à la destruction de milliers d'hectares de forêts.
Pour lui, les images donnent vraiment froid dans le dos. «J'ai vu aux infos que la fumée provenant des feux de forêt vont même jusqu'au États-Unis voisin. Dans certaines régions, les enfants ne peuvent même plus sortir dehors tant la qualité de l'air est mauvaise. En voyant la nature se dégrader, je me demande quel monde on est en train de laisser à la génération future. On comprend par-là que chacun a sa part de responsabilité dans le changement climatique et que si tout le monde faisait un effort, on pourrait au moins diminuer les catastrophes», souligne Damien qui estime que chaque habitant de la planète devrait réagir pour essayer de remédier à la situation.
«Il est primordial de préserver la nature et d'être plus responsable. Tout ce qui ce passe dans ce monde me fait penser à une chanson de Soprano qui dit : “Tout ce que la nature a donné, la nature le reprendra”. Il est peut-être déjà trop tard, mais on peut encore limiter les dégâts. Protégeons notre planète», déclare le jeune homme qui garde quand même espoir face à la situation dramatique dans son pays d'adoption. Un pays qui, malgré l'ampleur du phénomène, mène une lutte sans merci face aux flammes dévastatrices...