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Après sa libération sous caution

Nyjel Beerjeraz : «J’ai failli mourir... Aujourd’hui, je veux vivre autrement»

31 mai 2025

Près d’un mois après son interpellation brutale – filmée, virale, dénoncée –, Nyjel tente de réapprendre à vivre. Le jeune homme, autrefois connu pour des délits liés à la drogue et des vols, avait été arrêté le 30 avril à l'issue d’une course-poursuite suivant une histoire de vol de voiture. Il tente aujourd’hui de se relever chez son grand-père Georges à Albion.

Il a été officiellement arrêté le 13 mai à sa sortie d’une clinique privée, avant d’être présenté en cour le mercredi 28 mai. Il a obtenu la liberté conditionnelle après avoir fourni une caution de Rs 10 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 30 000. Il est aujourd’hui libre, mais meurtri.

Nous retrouvons Nyjel allongé sur une table de massage. Le masseur, concentré, glisse ses mains sur le crâne de Nyjel et nous dit. «Il faut bien masser la tête… C’est peut-être de là que viennent ses problèmes pour marcher ou se tenir debout.» Nyjel ouvre lentement les yeux, esquisse un sourire. Le visage est plus reposé qu’auparavant, mais les marques physiques et psychologiques restent visibles. Il tente de se reconstruire, lentement. «Ça va mieux, surtout moralement. J’ai eu beaucoup de soutien. Je suis heureux d’être rentré chez moi», dit-il.

Il raconte sa détention : «Je rampais pour aller aux toilettes. Il n’y avait pas toujours des médicaments. Les policiers me mettaient sur une chaise pour que je puisse me doucher. Le jour de mon arrestation, j’étais paniqué. J’ai eu peur pour ma vie. Dans la voiture, j’ai reçu un coup, après, c’est le trou noir. Je ne me souviens plus. C’est à l’hôpital que j’ai repris connaissance. Ce que j’ai vu dans la vidéo m’a choqué. Je ne comprends pas comment on a pu me faire ça. Je n’avais rien fait aux policiers.» Il rejette les accusations provisoires de tentative de meurtre portées contre lui. «Ils disent que j’ai voulu foncer sur eux, mais ce n’est pas vrai. J’étais figé. Tétanisé. Je voulais juste fuir.»

Loin des clichés du «bad boy», Nyjel livre une introspection rare. «Aujourd’hui, je suis clean. J’ai envie d’apprendre le métier de mon grand-père. Me remettre en forme. Reprendre ma vie. Je n’arrive toujours pas à dormir sur mon côté gauche. J’ai mal à cause des coups. Mais je veux aller de l’avant. À ceux qui vivent une situation similaire, je vous dis que ce n’est pas trop tard. La drogue n’est pas une finalité. Quand on est seul, on garde tout pour soi. Mais il faut parler. Chercher de l’aide. Moi, j’ai failli mourir et ça m’a changé. Aujourd’hui, je veux vivre autrement. Je remercie tous les Mauriciens et aussi ceux de l’étranger pour leur soutien. Cela m’a remonté le moral. Et je crois que c’est Dieu qui m’a tendu la main. J’ai survécu !»

«On ne l’abandonnera pas !»

À ses côtés, son grand-père Georges. Cet homme discret porte sur ses épaules le poids de la reconstruction de son petit-fils. Il parle peu, mais ses gestes sont précis. Il a fait venir un masseur, pris des rendez-vous médicaux, transmis les papiers au tribunal. «Il est rentré, mais il ne va pas bien physiquement. Il ne peut toujours pas se tenir debout. On attend un certificat médical. Peut-être que les policiers viendront ici pour qu’il signe, car le déplacer est difficile.» Il soupire : «C’est vendredi dernier seulement que la CID m’a officiellement donné des nouvelles de ma voiture. Avant ça, on attendait, sans rien savoir. Nous attendons maintenant notre avocat, Me Bibi, pour la marche à suivre.»

Le jeunes homme a le soutient de ses grands-parents Jeanine et Georges.

Jeanine, la grand-mère de Nyjel, est loin par les kilomètres mais présente par le cœur. Depuis la France, elle suit chaque rebondissement, téléphone à son mari trois fois par jour, multiplie les prières. «Cette violence a déclenché une prise de conscience. Nyjel est un instrument de Dieu. Je suis pratiquante et je crois que ce qui lui est arrivé servira à éveiller les consciences.» Elle tient à préciser qu’elle n’a jamais toléré les dérives de son petit-fils :* «J’ai moi-même porté plainte contre lui quand* il allait trop loin. Je n’ai jamais toléré ses écarts. Mais ce qui lui est arrivé est inacceptable. On ne traite pas un être humain de cette façon.»

Très active dans le social, Jeanine veut maintenant transformer cette épreuve en action concrète. Elle projette de fonder un lieu d’écoute pour les jeunes confrontés à la drogue et même à l’alcool : «Avec l’amour, on peut soigner. Je veux créer un espace d’accompagnement, inspiré par la communauté des Béatitudes, pour aider les jeunes en souffrance. Pas besoin de médicaments : il faut de l’écoute, du travail, de la foi. La drogue n’est pas une fatalité. Ce combat, je vais le mener. Pour Nyjel, pour les autres et pour leur redonner espoir. Je remercie tous les membres de notre famille, nos amis, les groupes de prière ainsi que les trois curés qui nous ont soutenus et accompagnés depuis le 30 avril.»

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