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Par Michaëlla Seblin
10 décembre 2017 03:03
Jusqu’ici, c’est un renversement total de son scénario ! Il annonçait un référendum entre le gouvernement et lui, il se retrouve à livrer bataille envers les autres partis de l’opposition. Il croyait que le PMSD était un allié, il découvre qu’un jeune coq bleu s’aligne contre sa candidature. Il démissionne du Parlement pour montrer son opposition au projet Metro Express, le voilà qui avoue son impuissance devant le démarrage de ce mode de transport alternatif.
Au final, Bhadain, l’homme-catalyseur de la prochaine partielle, aura eu tout faux dans la lecture de son synopsis. Sa stratégie de départ est bonne pour la poubelle. Est-ce que le prochain épisode qu’il annonce se révélera exact ? Ou bien se fourbera-t-il une nouvelle fois ? En tout cas, l’ancien ministre de la Bonne gouvernance prend un risque énorme en annonçant non seulement sa victoire (ce que font tous les candidats pour s’armer psychologiquement), mais en allant jusqu’à prédire qu’il sera élu avec 2 000 votes d’avance. Comme s’il était normal pour lui de se substituer aux électeurs de Quatre-Bornes !
Si Bhadain aurait dû faire preuve de prudence, c’est parce qu’il joue, là, sur le terrain de la crédibilité. Endroit où il a plutôt laissé des plumes, eu égard à toutes les casseroles qu’il traîne depuis son passage au gouvernement. Car, malgré son audace et un certain courage pour claquer la porte de l’Alliance Lepep, Roshi Bhadain, celui qui aime jouer à «pa mwa sa, li sa» et qui tente de nous faire avaler d’incroyables couleuvres, ne pourra gommer sa participation collective dans un gouvernement où les scandales se succèdent et dans lequel il a aussi joué sa partition. Affaire Dufry-Frydu, démantèlement de la BAI, résiliation du contrat Betamax (dont nous payons chèrement les conséquences en ce moment même)…
Donc, de deux choses l’une, soit les résultats du 18 décembre confirmeront que (i) Bhadain marquera effectivement l’histoire (comme il le clame) en devenant une nouvelle force politique sur l’échiquier avec son Reform Party. Ce succès serait alors la plus belle des cautions, et, lui permettrait, dans un deuxième temps, d’établir une organisation ayant pour objectif un rayonnement national. Soit, (ii) cet ancien ministre du MSM n’aura été qu’un épiphénomène, rejeté à la première occasion par la circonscription n°18. Il aura alors fait la démonstration d’une double incapacité : ne pas pouvoir ébranler Pravind Jugnauth, ni le gouvernement de celui-ci. De ce fait, si Bhadain perd cette partielle, il ne retrouvera pas son siège de député et il devra faire une croix sur d’éventuelles questions à l’Assemblée nationale concernant des dossiers embarrassants qu’il prétend détenir sur l’actuel gouvernement. («Cloud, baké malpropreté…». Ça vous parle ?)
Mais une défaite de Bhadain illustrera aussi son impuissance à se positionner comme une alternative majeure face aux partis de l’opposition. Ceux-là, qu’il croyait au départ solidaires de sa personne, l’ont vite fait déchanter quand il a compris qu’il ne serait pas le candidat «consensus». Au final, Bhadain n’aura réussi qu’à diviser l’opposition, chacun se servant de cette partielle pour mesurer ses forces et trouver un positionnement futur, le regard rivé sur les législatives.
C’est ainsi que Bhadain, esseulé, dirige ses tirs sur toutes les têtes de l’opposition, quitte à faire voir que l’arrogance dont il faisait montre hier, comme ministre, est resté intact aujourd’hui, en tant que leader du Reform Party. Exemples de ses déclarations : «Tania Diolle kouma dir inn met li la pou fer konkour bote.» Sur les ondes de Top FM, où il était venu faire un show, avant de quitter le plateau : «Boolell kapon.» À l’adresse de la candidate du MMM : «Mo less Nita Juddoo debat pou trwaziem plas.» En direction de Dan Maraye : «Pa kone si PMSD inn fini fer lalians avek parti travayis.» Des attaques nous rappelant la suffisance de Bhadain qui, pourtant, promettait de faire de la politique autrement. Alors, nouvelle force ou épiphénomène ? Réponse dans une semaine…
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