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Par Cloé L'aimable
14 février 2025 21:10
La gastro-entérite gagne du terrain : plus de 1 000 cas ont été enregistrés en une semaine dans les cinq hôpitaux de l’île. La cause principale ? Les températures intenses qui favorisent la prolifération de ce virus. Pour mieux comprendre cette situation préoccupante et apprendre à vous en protéger, nous avons sollicité l’expertise du Dr Han Mui Heinsley pour un éclairage sur les symptômes, les précautions essentielles et les traitements adaptés afin de limiter les risques et éviter les complications.
Vous ressentez une forte douleur au ventre, de la diarrhée ou même des crampes ? Vous souffrez peut-être de gastro-entérite. Pas de panique, nous sommes là pour vous aider. Comprendre ce phénomène est essentiel pour mieux le combattre.
**Qu’est-ce que la gastro-entérite ? **
«Par définition, la gastro-entérite, aussi connue sous le nom de diarrhée infectieuse, est une inflammation du tractus gastro-intestinal incluant l’estomac et les intestins. Elle est caractérisée par une diarrhée qui peut ou non être accompagnée de vomissements», explique le Dr Han Mui Heinsley. Cette infection digestive violente peut être causée par un virus, une bactérie, un champignon ou un parasite. Elle affecte les organes digestifs, dont les parois s’enflamment temporairement. Les principales voies de contamination incluent l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés, ainsi que la transmission par contact direct.
Quelles en sont les causes ?
Les responsables de la gastro-entérite, soit les agents pathogènes à l’origine de cette maladie, varient selon les cas. Dans 50 à 60 % des situations, des virus comme le norovirus et le rotavirus sont en cause. Les bactéries, présentes dans 30 à 40 % des cas, incluent des noms bien connus comme la salmonelle, le campylobacter, l’E. coli et le S. aureus. Enfin, les parasites sont responsables de seulement 2 % des infections, une occurrence rare à Maurice.
Quels sont les modes de transmission?
«Le principal mode de transmission de la gastro-entérite est la voie féco-orale, impliquant un contact direct ou indirect avec des surfaces ou des aliments contaminés. Une simple poignée de main, un objet non stérilisé et même l’air après un vomissement peuvent suffire», explique le docteur Han Mui Heinsley. Les bactéries, comme la salmonelle, se retrouvent fréquemment dans le poulet ou les œufs insuffisamment cuits, tandis que le S. aureus est souvent lié aux produits laitiers comme le fromage. Pour les aliments à base de riz, de farine ou de céréales, le Bacillus cereus est le coupable.
«À Maurice, les épidémies de gastro-entérite surviennent surtout pendant l’été. La chaleur favorise la prolifération des bactéries et l’augmentation des mouches, des vecteurs importants de contamination.» De plus, les périodes de sécheresse amplifient le problème, entraînant un manque d’eau et des difficultés de filtration, ce qui aggrave l’accumulation de microbes. Les habitudes alimentaires jouent aussi un rôle. Nombreux sont ceux qui consomment de la nourriture dans des snacks ou tabagie, souvent dans des conditions d’hygiène discutables. Ces cas peuvent être qualifiés d’intoxications alimentaires. Pour se protéger, il est essentiel d’adopter de bonnes pratiques d’hygiène.
Comment reconnaître les symptômes ?
Soyez attentif aux symptômes suivants. Une simple gastro-entérite peut se manifester par une diarrhée aiguë, définie comme trois épisodes ou plus de selles partiellement formées ou aqueuses en une journée, sur une durée ne dépassant pas 14 jours. Cependant, selon la virulence de l’agent pathogène et la résistance de la personne infectée, d’autres signes peuvent apparaître : fièvre, maux de tête, crampes d’estomac, vomissements, faiblesse générale et, dans les cas plus graves, déshydratation. Si la diarrhée est accompagnée de sang, il ne s’agit plus d’une simple gastro-entérite mais de dysenterie. Cette dernière, beaucoup plus dangereuse, nécessite une attention médicale immédiate. La dysenterie peut entraîner des complications graves.
Quelles précautions prendre pour l'éviter ?
Afin d’éviter ce virus désagréable, quelques gestes simples de prévention peuvent faire toute la différence. L’hygiène et la désinfection sont primordiales. «Lavez-vous régulièrement les mains avec du savon et nettoyez soigneusement les surfaces après vos activités quotidiennes. Couvrez les aliments et conservez-les au réfrigérateur pour éviter qu’ils ne deviennent un foyer de bactéries.» conseille le Dr Han Mui Heinsley. Soyez vigilant concernant les snacks à emporter. Si la nourriture semble être mal conservée, il est préférable de l’éviter et de préparer vos repas à la maison, en les stockant correctement au frais. Pensez également à faire bouillir l’eau du robinet avant de la consommer.
Si un membre de votre famille contracte la gastro, évitez de partager ses objets personnels et veillez à ce qu’il se lave soigneusement les mains. Désinfectez tout ce qu’il touche, y compris après son passage aux toilettes. Au bureau, si un collègue est malade, il est préférable qu’il reste chez lui jusqu’à son rétablissement complet, car une personne peut rester contagieuse quelques jours après la fin des symptômes. En adoptant ces mesures simples, vous limiterez efficacement les risques de contamination et contribuerez à freiner la propagation du virus.
Quand consulter un médecin ?
La gastro-entérite est généralement une maladie auto-limitée, ce qui signifie qu’elle suit son cours et que le corps se rétablit de lui-même. Toutefois, en cas de symptômes sévères, il est crucial de consulter un médecin. Plusieurs épisodes de vomissements, une forte fièvre au-dessus de 39°C ou une faiblesse extrême nécessitent une prise en charge rapide, surtout pour les nourrissons, les personnes âgées et les individus immunodéprimés, qui sont plus vulnérables.
Sans intervention, la gastro-entérite peut entraîner une déshydratation sévère et un déséquilibre des électrolytes, notamment du sodium et du potassium. Cela peut provoquer des complications graves telles que des chocs du système, des pertes de mémoire, une désorientation, des crampes abdominales intenses, ou même des arythmies cardiaques. Dans ces situations, une hospitalisation pour un traitement intraveineux est nécessaire pour réhydrater le patient et stabiliser les électrolytes, surtout si les vomissements fréquents empêchent la prise de médicaments par voie orale.
Parlez-nous des traitements et de la prise en charge...
La prise en charge de la gastro-entérite est souvent symptomatique. L’objectif principal est de prévenir la déshydratation et d’atténuer les symptômes. La réhydratation est essentielle, grâce à des solutions de réhydratation orale disponibles sous forme de sérums, sachets, briques ou tubes. Ces solutions permettent de restaurer les fluides et les électrolytes perdus. Pour soulager la fièvre, les douleurs et les vomissements, le médecin peut prescrire des antipyrétiques, des antispasmodiques ou des antiémétiques. Dans certains cas, si un pathogène spécifique est suspecté, comme une bactérie, des antibiotiques peuvent être recommandés. Toutefois, ces derniers sont prescrits avec précaution pour éviter les résistances et ne sont pas utiles en cas d’infection virale.
Quelques conseils pour finir ?
«À Maurice, beaucoup se demandent ce que le patient peut manger. Personnellement, je préfère qu’il ne mange pas. Le corps dispose de réserves caloriques, et en cas de gastro-entérite, le tractus digestif ne fonctionne pas normalement. Il est donc préférable de ne pas le surcharger. Des liquides suffiront», recommande le Dr Heinsley. Il conseille d’ajouter un peu de probiotiques et de zinc pour accélérer la guérison. Ceux-ci favorisent la restauration de la flore intestinale et renforcent le système immunitaire. En revanche, il déconseille les médicaments anti-motilité comme le lopéramide, connu sous le nom d’Imodium. «Ces médicaments peuvent ralentir l’élimination des microbes dans le tractus intestinal, ce qui peut prolonger la maladie.»
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