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Quand la bonne foi s’effondre face à l’éthique

25 mai 2025

Inexpérience, naïveté ou maladresse ? Quelle qu’en soit la cause, la déception est réelle et elle est proportionnelle à l’espoir suscité. Autant l’arrivée de Rezistans ek Alternativ (ReA) fut une bouffée d’air frais dans l’Alliance du Changement, autant les critiques sont vives après la découverte du processus de sélection des membres de la NEF, tombant sous le ministère de Subron.

Est-ce que ces secousses auxquelles on assiste risquent de créer une brèche dans les relations entre les partenaires du gouvernement après que quelques voix rouges ont condamné publiquement la manière de faire de ReA ?

Pourtant, au départ, l’initiative fut fort louable, exemplaire même. En proposant un exercice d’expression of interest ouvert à ceux souhaitant faire partie du board de la NEF, ReA faisait preuve d’originalité : sortir des sentiers battus, rompre avec les pratiques opaques du passé, création d’une nouvelle manière de gouverner ! Une attitude en phase avec les valeurs de ce parti politique progressiste tandis que Subron projetait l’image d’un dirigeant illustrant concrètement la notion de transparence et de méritocratie.

Mais lorsque l’on découvre que ce sont des membres de ReA eux-mêmes – dont la conjointe du ministre et le junior minister Parapen – qui ont conduit les interviews, la crédibilité du processus vacille. Du coup, l’exercice du départ qui se voulait «révolutionnaire», «inédit», car «prenant un autre sime» devient douteux aux yeux du public qui se demande si c’est l’état-major de Rezistans ek Alternativ qui dirige le ministère de l’Intégration sociale et de la Sécurité sociale !

En décidant d’agir autrement, le tandem Subron-Parapen a voulu en finir avec la manière de faire de l’ancien gouvernement qui pratiquait la nomination des membres du board sur une base de copinage politique ! Mais l’intention honnête du départ laisse entrevoir une violation des procédures, sinon une première dérive avec l’ingérence d’un parti politique qui choisit des membres d’un organisme parapublic ! Depuis, le public s’interroge sur les éventuels conflits d’intérêts, et sur la capacité et l’impartialité des dirigeants de ReA qui se sont substitués au rôle du ministre.

Subron aura beau expliquer être de bonne foi, et qu’il ne pouvait pas humainement étudier les 269 candidatures reçues, que quelques cadres de son parti l’ont aidé à faire une présélection de 40 personnes et que les interviews ont été menées gratuitement par sa conjointe, il ne peut empêcher l’émergence de soupçons après cette intrusion inappropriée dans son ministère.

Certes, aux yeux des militants de ReA et dans une bonne partie de l’opinion publique, le ministre de l’Intégration sociale et ses camarades incarnent sincérité et sérieux, mais la politique étant ce qu’elle est à Maurice, dès qu’il s’agit de fonds publics et de ses organismes, l’éthique compte plus que les intentions.

D’autant que la gestion du gouvernement MSM a marqué les esprits ! Le contrôle de nos institutions, la mainmise de sa garde prétorienne et l’inacceptable ingérence des proches de Jugnauth – qu’on a découverte lors des Moustass Leaks – provoquent désormais une certaine méfiance à laquelle Rezistans ek Alternativ n’échappe pas ! Même si ReA n’est pas comparable au MSM et même s’il serait injuste de parler de corruption dans ce cas précis, le soupçon demeure.

Si Subron et ses amis ont le droit de défendre le statut de Dany Marie, une infatigable et courageuse activiste connue et respectée, membre fondatrice de ReA, vue souvent sur plusieurs fronts, dont la rigueur semble incontestable, aux yeux de l’opinion publique, l’image projetée reste cruellement celle d’une conjointe qui s’ingère dans les affaires de l'État ! Le symbole est là, tenace !

Toute cette polémique entraîne dans son sillage un doute sur les membres sélectionnés du board, dont plusieurs pourtant sont connus pour être des professionnels dans leur secteur de prédilection. Et c’est ainsi que ce qui devait être un exemple de bonne gouvernance devient un contre-exemple. Inexpérience, naïveté ou maladresse ?

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