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Quand la rupture promise se transforme en rupture avec le peuple !

24 août 2025

C’est un élu de la majorité, leader d’un parti et partenaire dans l’Alliance du Changement, qui le dit : «Les nominations aux postes-clés soulèvent légitimement des attentes élevées de transparence et de mérite. Je comprends ces critiques et je pense qu’il faut aller plus loin et plus vite pour placer la méritocratie au cœur du processus. C’est pourquoi je soutiens pleinement la création d’un Appointments Committee indépendant, comme prévu dans le programme gouvernemental, qui aurait pour mission d’examiner chaque nomination sur la base de critères clairs et publics…» Un commentaire émis (dans les colonnes de l’express) par le député Lobine (Nouveaux Démocrates) qui sonne comme un signal envoyé à ses camarades du gouvernement après les secousses dont l’Alliance du Changement aurait pu se passer suite aux nominations controversées et finalement refusées.

Fallait-il une pression de la rue et de l’opinion pour que des décisions prises maladroitement soient corrigées ? N’y a-t-il donc personne au sommet de l’État qui puisse dire au tandem Ramgoolam-Bérenger que la population ne comprend pas comment, au nom du changement, on peut reproduire les erreurs du passé ? En neuf mois, la série de faux pas du gouvernement de l’Alliance du Changement, qui avait suscité tant d’espoir, ébranle la confiance placée aveuglément en lui.

Mais le malaise va bien au-delà d’un Appointments Committee. Et c’est toujours le même Lobine qui met un coup de projecteur sur un autre chantier se faisant toujours attendre : la création d’une Constitutional Review Commission, qui, dit-il, est son «souhait le plus cher» et «constituerait le moteur d’une transformation systémique dans notre forme de gouvernance et offrirait un cadre solide pour accompagner les grands bouleversements politiques à venir». Serait-ce une piqûre de rappel à ses camarades ?

Doit-on rappeler que cette éventuelle commission, lorsqu’elle avait été annoncée dans le discours programme en janvier dernier, était assortie d’un délai de six mois pour sa création ? Une promesse qui avait reçu un accueil positif de par sa mission de redessiner un nouveau paysage de notre pays, tout en renforçant la démocratie : la création d’un Collège électoral pour élire le président de la République (Gokhool n’a pas eu besoin de respecter ce critère), les recommandations pour des réformes constitutionnelles et électorales rendant la tenue d’élections locales obligatoires à intervalles régulières, l'élimination de l'obligation de décliner son appartenance ethnique, la création d’une loi sur le financement des partis politiques, l'introduction d’une dose de proportionnelle, une augmentation du nombre de femmes à l'Assemblée nationale et le droit de révoquer des parlementaires dans des situations spécifiques.

Or, plus de six mois plus tard, on attend toujours la concrétisation de cette commission et les noms des professionnels indépendants qui y siègeront ! Pour quelle raison le gouvernement peine-t-il à respecter ses engagements ? La liste s’allonge, les exemples ne manquent pas ! Alors que Bérenger multiplie les sorties médiatiques ces jours-ci (à croire qu’il a la nostalgie des conférences de presse des samedis matins quand il était dans l’opposition), Ramgoolam reste silencieux ! Ce, alors même qu’il avait pris l’engagement – le 12 mars dernier – de rendre des comptes tous les 100 jours pour garantir la transparence des progrès de son gouvernement….

La population qui a offert un 60-0 historique, en plaçant toute sa confiance dans le leader du PTr et son équipe au nom de la rupture et du changement, se retrouve face à une réalité inattendue : les promesses s’effondrent les unes après les autres. Les nouveaux dirigeants ne montrent aucun intérêt à changer le système. Bien au contraire ! Ils le nourrissent. Au fond, la seule vraie rupture est entre le peuple et la confiance en la classe politique….

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