Publicité

La minute légale avec… Aurélien Oudin, juriste

Quand l’image privée devient arme publique : droits, devoirs et risques à l’ère numérique à Maurice

23 octobre 2025

Usurpation d’identité, «revenge porn», chantage en ligne… Le juriste Aurélien Joseph Raoul Oudin, BSc, MBA, LLB, fait le point sur ces délits qui accompagnent l’ère numérique.

Dans le miroir du numérique, une image intime partagée, un profil usurpé ou un chantage diffusé peuvent transformer une vie paisible en champ de bataille juridique. À l’Île Maurice, la loi s’est adaptée : le cadre légal se durcit, les poursuites se multiplient, et la responsabilité personnelle n’est plus une option. Cet article vise à instruire les lecteurs – jeunes, familles, professionnels – sur ce que prévoit la législation mauricienne et comment se prémunir.

1. La diffusion d’images intimes sans consentement et le chantage

La diffusion ou menace de diffusion d’images ou vidéos à caractère sexuel ou intime, sans le consentement de la personne concernée, constitue une violence numérique. Ce type d’acte, souvent qualifié de revenge porn, est puni par la loi. Le chantage à la diffusion d’images intimes est également une infraction grave.

2. Le cadre légal mauricien

Le Cybersecurity and Cybercrime Act 2021 encadre spécifiquement la diffusion non consentie d’images intimes et le chantage numérique. Le Data Protection Act 2017 protège les données personnelles, et l’ICTA Act régule les comportements sur les réseaux sociaux. Ces lois punissent sévèrement la publication non autorisée d’images ou la création de faux profils à des fins malveillantes.

3. Faux profils et usurpation d’identité

La création d’un faux compte pour usurper l’identité d’autrui, harceler ou nuire, constitue une infraction. L’article 17 du Cybersecurity Act prévoit des sanctions pénales contre toute personne utilisant de faux profils à des fins de fraude ou de nuisance.

4. Jurisprudence mauricienne

Les tribunaux mauriciens ont déjà condamné des auteurs de cyberharcèlement et d’usurpation d’identité. Dans l’affaire Police v. S. Teeluck (2012), un faux profil Facebook avait entraîné des poursuites pour atteinte à la vie privée.

5. Conséquences légales et sociales

Les victimes subissent des traumatismes psychologiques, des pertes d’emploi ou d’estime publique. Les auteurs encourent des peines d’emprisonnement, d’amende et un casier judiciaire. Ces délits sapent la confiance numérique et fragilisent la cohésion sociale.

6. Que faire en cas de chantage ou diffusion

  1. Conserver toutes les preuves (captures d’écran, messages, liens).

  2. Porter plainte auprès de la police ou de la Cybercrime Unit.

  3. Signaler le compte ou la publication à l’ICTA ou à la CERT-MU.

  4. Contacter un avocat pour demander réparation.

7. Prévention et sensibilisation

Ne jamais partager d’images intimes, même dans un cadre de confiance. Contrôler ses paramètres de confidentialité, sensibiliser les jeunes, signaler tout comportement suspect. Le respect de la vie privée est un acte citoyen.

8. Conclusion

À l’ère du numérique, un simple clic peut détruire une réputation. La loi mauricienne protège désormais l’intime avec rigueur, mais la vigilance individuelle reste la première barrière. Respecter l’image d’autrui, c’est protéger la dignité humaine et l’ordre social.

Publicité