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23 octobre 2025 10:19
Sodnac, ce quartier de Quatre-Bornes qui dévoile ses plus belles couleurs quand le soleil se cache derrière la colline de Candos. Son artère principale, Hillcrest Avenue, a des allures de boulevard qui mène en hauteur, là où les maisons bordent un ciel souvent dégagé. Certains y voient un quartier chic, d’autres, un endroit oublié malgré ses infrastructures tape-à-l’œil. On nous glisse même, non sans humour, qu’ici, il y a «plus de pots de fleurs que d’entretien régulier». Bref, l’apparence ne fait pas tout. Ce jour-là, nous remontons la pente doucement, au rythme d’un quartier encore tranquille, à mi-chemin entre ville et nature. Sodnac reste, aux heures de pointe, un nœud de passage entre le centre de Quatre-Bornes et le Phoenix Mall. Mais nous, on s’est arrêtés au Sodnac Wellness Park, au pied de la colline. Un lieu que nous connaissons bien. C’était en 2020, parmi nos premiers reportages, que nous découvrions ce parc, créé en 2009 sur l’ancien champ de tir de la Special Mobile Force (SMF). Depuis, peu a changé… jusqu’à la récente visite du 24 septembre 2025, qui annonce un lifting. Les ministres Rajesh Bhagwan et Arvin Boolell ont promis une série de rénovations : gym en plein air, sécurité 24h/24, éclairage, entretien, agrandissement du parcours de santé… Enfin, il est temps de bichonner ce petit bijou vert… sans se planter. Car ce parc, géré par l’Employees Welfare Fund, c’est plus qu’un lieu de sport. C’est un souffle pour le quartier, un terrain d’expression pour les seniors, un bol d’air pour les jeunes, une pause pour tous. Nous avons voulu retourner et nous balader à Sodnac. Reprendre le pouls, écouter ceux qui courent, marchent ou même ceux qui n’y passent plus. Allez, baskets aux pieds, appareil photo autour du cou, on vous emmène faire le tour. Promis, pas de jogging obligatoire !
Non loin du poste de police de Sodnac, le Leisure Park est plutôt calme. Quelques joggeurs, une brise légère… mais c’est plus loin, au terrain de pétanque, que l’animation se fait entendre. Les parties sont déjà bien entamées quand Francis Cangy, en attendant son tour, nous parle de son quartier : «Certaines personnes disent que c’est un quartier huppé… Ce n’est pas le cas. Parce que ça voudrait dire qu’il n’y a que de grandes maisons et des intellectuels. Mais ici, c’est un vrai mélange !» Presque chaque jour, il retrouve là une bande de boulistes amateurs. «Je suis membre de la Fédération de pétanque de l’île. Je n’hésite pas à partager mon expérience avec ceux qui veulent apprendre. C’est un plaisir.» Il fréquente rarement le Wellness Park : «Là-bas, ce n’est pas approprié pour jouer aux boules. Ici, le terrain est lisse. Mais il y a trop de laisser-aller… plus d’eau au robinet, alors qu’on en a besoin pour arroser le terrain. La poussière est partout et ça, c’est mauvais pour la santé. Les toilettes sont inutilisables depuis des années.» Autre problème : l’éclairage en soirée. «On joue parfois jusqu’à 21 heures. Et souvent, on vient même avec nos propres râteaux pour nettoyer le terrain !» Pourtant, malgré les manquements, il tient à ce lieu : «Il faut le garder vivant. On est parfois jusqu’à une quinzaine ici, surtout les dimanches. Vous savez, la pétanque, c’est de 7 à 87 ans !» lance Francis, qui fêtera ses 84 ans le 11 octobre, dans un éclat de rire.
Sur la longue Hillcrest Avenue, difficile de rater le Kwik Stop, une boutique aux airs de mini supermarché. «Nou ena tou seki inportan pou enn depanaz!», sourit Patrick Ng, propriétaire du commerce depuis 14 ans. «À l’époque, c’était ma sœur qui le tenait. Ici, c’est un quartier tranquille, chic et surtout, très fréquenté depuis que cette route est connectée à l’autoroute.» Il connaît bien le Wellness Park, mais avec un regard de parent : «J’y suis allé avec ma petite-fille il y a trois mois. L’espace est grand et calme, mais il manque une vraie sécurité à l’entrée. En cas de souci, vers qui se tourner ? Et ça découragerait aussi certaines mauvaises fréquentations, car la journée, il n’y a pas toujours du monde.» Autre point qu’il soulève : les infrastructures. «Il faudrait plusieurs points de toilettes, pas juste un seul endroit. Et puis ici, à Sodnac, il y a un manque flagrant de maintenance. Regardez juste devant chez moi : les slabs du trottoir sont abîmés. Zot panse, kan mete, li pou res a vi?» Et d’ajouter : «Il faut penser à nettoyer nos routes aussi. Pas juste ramasser les ordures. Si pena enn swivi, li pa vo lapenn!»
En cette fin d’après-midi, nous croisons Ketyana Ozone, en pleine partie de ballon avec ses deux enfants, Mattyas et Abygail. «Mes parents habitent à Candos et ça fait longtemps que je fréquente le Wellness Park. Je me souviens quand je venais ici avec le groupe de scouts adventistes, à l’époque où les SMF faisaient encore leurs entraînements dans le parc. Avec les amis, on ramassait les balles perdues dans l’herbe… On était contents d’en trouver ! Bien sûr, on les rejetait ensuite.» Aujourd’hui, c’est en famille qu’elle profite du lieu. «Ma maman, Indiana, 73 ans, est déjà à son deuxième tour de marche. Difficile de la suivre avec les deux petits ! Après un tour, les enfants veulent courir sur la grande plaine. Heureusement, aujourd’hui elle n’est pas envahie par les footballeurs.» Plus loin, elle nous indique un family corner, parfait pour les pique-niques, avec des toilettes à proximité. «En haut, il y a un portail qui mène vers la colline. On n’y est pas allés aujourd’hui, par prudence avec les enfants, même si j’ai aperçu un officier de la SMF sur place.» Pour elle, ce parc est essentiel : «Ça fait du bien de respirer, on se sent mieux. Il faut préserver ces espaces.» Elle soulève tout de même quelques points : «Je ne sais pas si le parc ferme en journée. Une fois, avec mon époux, on a dû rebrousser chemin. Et il manque un peu de bancs tout au long du parcours. Beaucoup de personnes âgées viennent marcher ici et une pause peut être nécessaire.» Avant de partir, elle glisse une idée : «Pourquoi ne pas ajouter une piste cyclable ? Les routes sont de plus en plus dangereuses avec toutes ces voitures et il n’y a plus vraiment d’endroit sûr pour les enfants à vélo. Ce serait une belle manière de les motiver à sortir, à décrocher des écrans et à bouger un peu.»
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