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Drame routier à Bel-Étang

Rajend Jeetun : un médecin respecté et un homme de cœur qui laisse un vide immense derrière lui

12 juin 2025

C’est une tragédie qui a bouleversé tout le village de Laventure – et bien au-delà. Sur les réseaux sociaux, les messages de sympathie pleuvent depuis vendredi matin. Rajend Jeetun, 63 ans, médecin spécialisé en orthopédie, a succombé à ses blessures après un grave accident de la route survenu aux premières heures du matin.

Il était environ 4h30, ce vendredi 6 juin, lorsque sa voiture, une Toyota RAV4 grise, a dérapé et a terminé sa course sur le toit à environ sept mètres de la route principale, près d’un kovil à Bel-Étang. Grièvement blessé, Rajend Jeetun a été transporté d’urgence à l’hôpital Sir Anerood Jugnauth, où son décès a été constaté à 6h10. L’autopsie pratiquée plus tard dans la matinée par le Dr Chamane, médecin légiste, a conclu que le décès était dû à une asphyxie par aspiration de contenu gastrique. Le médecin était-il déjà mort avant que sa voiture ne dérape ? L’enquête se poursuit pour répondre à cette question et déterminer les circonstances exactes du drame.

Lorsque nous arrivons à Laventure, son village natal, l’émotion est palpable. L’ambiance est lourde et les allées et venues vers sa maison, près du village hall, témoignent de sa popularité. Son frère aîné, Purmess Jeetun, nous accueille avec tristesse : «Nous sommes 12 frères et sœurs. Rajend a toujours été le pilier de la famille. C’était un bon vivant, très attaché aux siens. La veille du drame, il était venu me déposer enn rezim banann. Je ne l’ai même pas vu. C’était comme un dernier cadeau…» Il marque une pause, les yeux remplis de larmes. «Il nous a quittés si brusquement. Je regarde encore les photos de famille d’un récent mariage. Il avait enfin pris un jour de congé, mais il était quand même on-call. Il adorait danser avec les enfants», dit-il en montrant une photo de sa petite-fille dans les bras de Rajend.

Médecin consultant en orthopédie à l’hôpital Victoria, il avait travaillé dans plusieurs hôpitaux de l’île et était aussi très actif dans les cliniques privées. Travailleur infatigable, il passait de l’hôpital à ses plantations de légumes : «Li ti kontan travay later. Nou bann paran ti travay dan kann. Linn gard sa.» Il possédait aussi une salle des fêtes dans le village – le Maharaja Palace Hall. Jeudi, Rajend s’était rendu à Montagne-Blanche pour collecter les loyers de ses locataires – d'ailleurs, les policiers ont retrouvé une importante somme d'argent en liquide dans sa voiture après l'accident – et rencontrer un proche souffrant d’une entorse. «Il a préféré aller le voir en personne plutôt que par visio. Il a dormi sur place, mais il voulait rentrer très tôt, vers 3 heures du matin. Mo fami-la ti pe dir li dormi ankor apre to ale! D’habitude, dès 4 heures, il était déjà debout ; il nourrissait son chien, passait voir ses champs ou inspectait son hall. Il préparait un mariage prévu ce week-end.»

Son cousin, Nyan Dewan, renchérit : «Nous étions très proches. Dan tipti nou ti pe al larivier ansam. C’était un vrai gentleman. Il était chef de service en orthopédie et allait devenir assistant commissaire à l’hôpital. Il vivait sous pression, mais il ne comptait pas ses heures.» Sa nièce, Soni Jeetun-Monebahal, pharmacienne, partageait avec lui l’amour de la médecine : «C’était un homme toujours prêt à aider. Un modèle de rigueur. Il a étudié à Jaipur, en Inde, et à son retour, il a été l’un des premiers orthopédistes à opérer à Maurice. Il a rapidement gravi les échelons.»

Rajend Jeetun a été incinéré le samedi 7 juin à Laventure. Il laisse derrière lui son épouse Mira et ses deux enfants. Un médecin respecté et un homme de cœur qui laissera un vide immense.

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