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Le corps d’Irfaan Supur, agressé mortellement par un groupe d’individus, retrouvé après trois semaines

Sa soeur : «Il avait ses défauts mais ne cherchait jamais la bagarre»

12 avril 2025

Le trentenaire était porté marquant depuis plus de deux semaines lorsque ses proches ont rapporté sa disparition.

Il n’avait plus donné signe de vie depuis le 23 mars mais c’est le samedi 5 avril que l’enquête sur la disparition d’Irfaan Supur, un habitant de La Tour Koenig âgé de 31 ans, a pris d’autres proportions. L’enquête a pu établir qu’il avait été tué et abandonné dans un champ de cannes à Albion. Plusieurs suspects, dont un mineur, ont été appréhendés dans le cadre de cette affaire et sont passés aux aveux. Toutefois, ce n’est qu’après la dernière arrestation en date, qui remonte au vendredi 11 avril, que la police a obtenu des informations précises sur l’endroit où son corps avait été enterré. Abasourdis, les membres de sa famille se confient.

Pendant environ une semaine, ils sont restés scotchés à leur cellulaire, à l’affût du moindre développement dans le cadre de cette affaire. Au fur et à mesure que les jours passaient, l’attente devenait de plus en plus pesante, voire insupportable. Bien que les proches d’Irfaan Supur, domiciliés à La Tour Koenig avaient déjà accepté, bien malgré eux, que celui-ci avait quitté ce monde tragiquement, ayant été informés de son agression mortelle, faire leur deuil s’avérait difficile en l’absence de son corps.

Depuis environ une semaine, les limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT) disposaient de renseignements selon lesquels le jeune homme aurait été tué par groupe d’individus et son corps abandonné dans un champ de cannes à Albion. Bien que les arrestations se sont succédé et que les suspects sont passés aux aveux, aucun d’eux ne semblait pouvoir leur donner de précisions sur l’endroit exact où la dépouille Irfaan Supur avait été enterrée. Des battues avaient eu lieu au quotidien dans la région, en vain. Ce n’est que ce vendredi 11 avril, après qu’ils ont mis la main sur un huitième suspect, que les enquêteurs ont vu la lumière au bout du tunnel. Ce samedi 12 avril, un peu avant midi, celui-ci a accompagné les policiers à Albion et leur a indiqué le lieu où il s’était débarrassé du corps d’Irfaan Supur, permettant aux membres de sa famille d’entamer leur chemin de guérison.

Âgé de 31 ans, Irfaan Supur était connu des services de police, ayant déjà été coffré pour plusieurs délits, notamment pour vol. Chaque semaine, il devait se présenter trois fois au poste de police ; condition rattachée à sa remise en liberté. Séparé de sa compagne et papa d’une fillette de 9 ans, il vivait avec ses parents à Terrasson et gagnait sa vie en travaillant avec son père, un fabricant de meubles en rotin. Bien que son entourage eût tout fait pour le mettre sur le droit chemin, il ne parvenait pas à sortir de l’enfer de la drogue. D’après sa sœur, «cela lui arrivait souvent de quitter la maison, mais il finissait toujours par rentrer après un jour ou deux».

La dernière fois que ses proches l’avaient aperçu remonte au 21 mars dernier quand il avait quitté le domicile familial. Mais, ce n’est que deux jours plus tard qu’ils l’avaient eu au bout du fil. «Li pa ti ena telefonn. Li ti pran enn portab prete pou sonn nou ek dir nou rapel li. Nous ne l’avions pas rappelé car nous étions convaincus que c’était pour nous emprunter de l’argent pour se droguer, comme il le faisait bien souvent.» À ce moment-là, se remémore sa sœur, «il ne nous avait pas donné l’impression d’avoir des problèmes. So lavwa ti paret korek».

Les jours suivants, Irfaan Supur ne leur avait plus donné de nouvelles. Cependant, de nombreuses connaissances de la famille s’étaient présentées chez eux pour leur dire que le trentenaire «finn gagn bate avek bann dimounn dan landrwa». Cette fois encore, la famille n’avait pas tout de suite pensé qu’elle devait s’inquiéter davantage, habituée aux frasques du jeune homme. «Nous pensions qu’il avait dû chercher des ennuis, qu’il s’était frotté aux mauvaises personnes, mais n’avions pas imaginé que c’était bien grave», poursuit sa sœur.

Fragment d'os

C’est finalement le mercredi 2 avril, soit un peu plus d’une semaine après son dernier coup de fil, que son père a décidé de se rendre au poste de police de la localité pour rapporter sa disparition. «Mo finn ale-vini ant stasion La Tour Koenig ek Pointe-aux-Sables parski zot pa ti pe kone kisana pou pran lanket-la. Dernye ler, zot finn dir mwa zot pa pou kapav met enn case missing deswit, ki zot bizin chek dan stasion ek lopital avan tansion lapolis finn ferm li ou linn blesse», relate-t-il. Il est donc rentré chez lui le temps que la police procède à des vérifications.

Deux jours plus tard, soit le vendredi 4 avril, les proches d’Irfaan Supur en ont appris un peu plus sur ce qu’il lui était arrivé après avoir reçu la visite de l’un de ses amis – un dénommé Ludovic, âgé de 35 ans et habitant la localité. «Il avait demandé à voir mon fils, mais je lui ai indiqué qu’il ne nous avait pas donné de nouvelles depuis plusieurs jours. Il m’a raconté que le 23 mars, mon fils et lui avaient été agressé par un groupe de personnes. Il avait, d’ailleurs, le bras toujours recouvert d’un bandage.»

Ce même Ludovic s’est rendu au poste de police de La Tour Koenig le lendemain matin pour consigner une déposition contre les individus l’ayant tabassé ; une agression qui se serait produite chez lui. Ayant subi de graves blessures, il avait dû être hospitalisé. Cuisiné davantage par les enquêteurs, il finira par leur livrer d’inquiétantes informations. Il leur a affirmé avoir vu Irfaan Supur se faire agresser à Pointe-aux-Sables le même jour et que son corps aurait ensuite été transporté dans un champ de cannes à Albion. Ces révélations ont conduit à son arrestation sous une accusation provisoire de conspiracy to commit murder. Grâce à ses confessions, la police a pu démarrer son enquête sur la disparition inquiétante d’Irfaan Supur et a enfin pu recueillir la déposition de son père.

Après la Criminal Investigation Division (CID) de Port-Louis Sud, la Major Crime Investigation Team (MCIT) est entrée en jeu et a pris le relais dans cette enquête. Depuis le début de cette semaine, les officiers de la Special Support Unit (SSU) ont effectué des battues dans les champs de cannes à Albion, dans l’espoir de retrouver son corps. Durant les recherches, un fragment d’os y avait été récupéré, tandis que le corps de la victime demeurait introuvable. Les enquêteurs avaient aussi relevé des traces de sang, un bandage et récupéré des bouteilles de bière ; des pièces à conviction qu’ils ont dû soumettre à des tests ADN pour les besoins de l’affaire. C’est finalement ce samedi 12 avril que leur minutieuse enquête aura fini par porter ses fruits. À l’heure où nous mettions sous presse, huit suspects avaient déjà été appréhendés pour l’agression mortelle d’Irfaan Supur, dont un mineur. Une affaire de drogue serait à l’origine de ce crime sordide.

Même si la police a pu résoudre cette enquête, des questions continuent d’inonder l’esprit des proches d’Irfaan Supur. «Je ne cesse de me demander si tout cela aurait pu être prévenu si nous l’avions rappelé», lâche sa sœur, rongée par le remord. Bien qu’elle concède que le trentenaire avait des défauts, elle précise qu’«il était tout de même quelqu’un de respectueux, qui ne cherchait jamais la bagarre. Il n’a jamais eu de comportement violent envers qui que ce soit». Maintenant que la police a pu mettre la main sur le corps d’Irfaan, le plus grand souhait des membres de cette famille est de procéder à ses rites funéraires. «Nou zis anvi fer so lanterman, lerla nou pou less lapolis kontign so travay.»

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