Son entourage déplore la lenteur de l’intervention de la police

Il était un amoureux de la pêche depuis son plus jeune âge, mais c’est en s’adonnant à son activité préférée que Joey Allas (photo), 21 ans, a perdu la vie. Le dimanche 19 octobre, au cours d’une partie de pêche entre amis, il s’est retrouvé en difficulté dans l’eau après avoir plongé pour tenter de décrocher sa ligne et n’a pas survécu. Sa famille, bouleversée, pointe du doigt la police. Elle témoigne.

Dans le village de Bain-des-Dames, la pêche est une activité très prisée par ses habitants. Pour certains, elle est une source de revenus, tandis que d’autres la pratiquent pour se détendre et combler leur temps libre. Domicilié à la rue Noor Mohamed Osman, dans la localité, Joey Allas ne manquait jamais une occasion de se rendre au lagon accompagné de ses amis pour s’adonner à l’un de ses passe-temps préférés. Son endroit favori pour pêcher étant situé derrière la centrale électrique de Fort Victoria, soit à seulement une centaine de mètres de sa maison, c’est à pied qu’il s’y rendait régulièrement pour se détendre et mouiller une ligne. Le dimanche 19 octobre, ce qui devait être un agréable moment entre amis a, cependant, pris une tournure cauchemardesque. En tentant de décrocher sa ligne, restée accrochée aux rochers, Joey Allas s’est retrouvé en difficulté dans l’eau. Ceux qui étaient en sa compagnie ont tenté de lui porter secours mais n’ont pas été en mesure de le sortir du lagon. Lorsque les garde-côtes sont intervenus et l’ont repêché, il avait, hélas, déjà rendu l’âme.

«Linn koumans koule»

Agé de 21 ans, Joey Allas est passionné par la pêche depuis son plus jeune âge, comme pratiquement tous ceux ayant grandi sur la côte. Le dimanche 19 octobre, ayant du temps libre, c’est accompagné de son petit frère Jhamil et de quelques amis habitant la localité qu’il s’est rendu derrière la centrale électrique de Fort Victoria avec ses équipements de pêche dans la matinée. A un moment donné, «letan nou pe lapes, so lalign inn maye. Trwa kamarad inn sot dan delo ansam avek li pou al dekros li. Dan li pe retourne, pa kone kinn arrive, linn koumans koule. Bann kamarad-la inn rod tir li me dan li pe lite li ti pe ris banla. Zot inn bizin larg so lame ek sort andeor delo», relate avec émotion son petit frère, témoin de cette tragédie. Pendant que leurs amis sont allés trouver de l’aide auprès de ceux présents dans les alentours, il a couru jusque chez lui pour informer Cristelle, leur mère, du drame. Celle-ci s’est, à son tour, rendue sur les lieux pour s’enquérir de la situation. Elle déplore la lenteur des services de police à intervenir. «Lorsque je suis arrivée sur place, une soixantaine de personnes étaient présentes, mais la police et les premiers-secours n’étaient toujours pas arrivés», dit-elle, agacée. Selon Cristelle, «ils n’ont fait leur apparition qu’au bout d’une heure alors que leur bureau se trouve à seulement dix minutes des lieux». Sa fille Priskaelle, tout aussi remontée, abonde dans ce sens. «Kan mo finn aprann nouvel-la, mo ti Flic-en-Flac. Monn sonn Coast Guard ek kasern depi mo ti laba. Monn gayn letan rant Bain-des-Dames, me zot ti ankor pe arrive».

Lorsque les premiers officiers de la National Coast Guard (NCG) sont arrivés sur les lieux, disent mère et fille, ils ne seraient pas intervenus immédiatement pour autant. D’après notre interlocutrice, «zot pa ti mem ena lekipman. Zot finn dir nou ki zot pa pou kav rant dan delo, ki bizin atann zot bann koleg arrive. Se koumadir zot finn vini kouma specktater» ; des faits ayant suscité des tensions entre les policiers et les membres du public présents. D’après Steeve, le père de la victime, «quand leurs collègues sont finalement arrivés, c’est sur place qu’ils se sont changés pour se mettre en tenue de plongée. Letan nou pe atann tousa letan-la, ti fini tro tar». Il lâche, avec regret : «Zot pann vini pou sov enn lavi, me zis pou tir enn lekor dan delo». Après que le corps sans vie de Joey Allas a été repêché des eaux du lagon, celui-ci a été transféré à la morgue de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo. Le même jour, une autopsie a été pratiquée par le Dr Seewooruttun, médecin légiste de la police, et a attribué le décès de la victime à une autopsie provoquée par la noyade. Anéanti, l’entourage de la victime estime que la police a fait preuve de négligence parce qu’elle n’aurait pas agi assez rapidement.

Des projets

Sollicité, l’ASP Suhail Lidialam, du service de presse de la police, soutient, cependant, que les forces de l’ordre ont agi aussitôt que l’alerte a été donnée. Il explique que la première équipe présente sur place était composée de life savers et qu’ils auraient porté secours à la victime si elle était dans leur champ de vision. Puisque le corps de Joey Allas avait déjà disparu sous l’eau, poursuit-il, «ils ont alerté l’OPS Room pour qu’une autre équipe soit déployée avec les équipements nécessaires pour ce type d’intervention». Ainsi, avance l’ASP Suhail Lidialam, «bann bato finn deploye depi Les Salines ek Harbour. Des commandos sont arrivés sur place pour les recherches au bout de dix minutes, soit vers 13h40. Ils ont retrouvé son corps une trentaine de minutes plus tard à Fort Victoria. Zot finn fer first aid me viktim ti fini desede». L’enquête suit son cours afin de faire la lumière sur ce qui a conduit à cette tragédie.

Cadet d’une fratrie de six enfants, Joey Allas gagnait sa vie comme bûcheron. D’après son entourage, le jeune homme avait des projets plein la tête, mais son plus grand désir avait toujours été de fonder sa petite famille. Il était aux anges depuis la venue au monde de son enfant, survenu il y a cinq mois, bien que sa compagne et lui avaient choisi de prendre des chemins différents. Décrit par ses proches comme quelqu’un de «popiler, korek avek tou dimoun, ki kontan riye ek badine, mett lazwa», celui qu’ils surnommaient affectueusement Joker à cause de son caractère enjoué et rigoleur laisse derrière lui une montagne de souvenirs mémorables. Son père Steeve esquisse un sourire en repensant à leurs derniers moments en famille. «Lavey so dese, nou ti al fer lakot lor motosiklet. Nou finn pass enn bon moman ansam ziska trwazer di matin. Lorsque nous nous sommes levés le dimanche matin, juste avant qu’il parte pêcher, nous avons pris un dernier petit-déjeuner ensemble. Nou finn rekoz lor tou seki nou finn fer lavey, nou ti pe riye. Zame nou ti pou atann ki pou arriv enn maler». Outre la pêche, il était également passionné de musique. Il était un grand fan du chanteur Lion Vibe et avait commencé à apprendre à jouer de la guitare.

Les funérailles de Joey Allas ont eu lieu ce lundi 20 octobre.

Un ressortissant chinois se noie; son ami aux soins intensifs

Des vacances entre amis ont viré à la tragédie pour deux ressortissants chinois. Arrivés à Maurice le vendredi 17 octobre, ils séjournaient au Tamarina Golf Resort et prévoyaient de quitter l’île au bout de quatre jours. La veille de leur départ, un drame a bouleversé leurs plans. D’après nos renseignements, les deux hommes auraient ignoré les avertissements du personnel de l’hôtel et plongé dans le lagon à l’endroit même où deux drapeaux rouges avaient été installés pour alerter le public du danger. La mer étant très agitée ce soir-là, ils se sont retrouvés en difficulté dans l’eau. Ce sont des membres du personnel de l’établissement qui les ont sortis de l’eau et appliqué le first aid en attendant l’arrivée du Service d’Aide Médical Urgente (SAMU). Hélas, l’un d’eux, âgé de 42 ans, a été déclaré mort tandis que le second, âgé de 50 ans, a été admis au département des soins intensifs de l’hôpital Victoria, à Candos. D’après nos renseignements, il serait hors de danger.