Le Cheval de l’Année 2022 est tombé pour la quatrième fois sur notre turf. Aligné dans une course qui sentait le traquenard à plein nez, Walls Of Dubrovnik s’est fait remonter par Bless My Path de l’écurie Daby, qui s’est illustrée par un joli doublé, hier.
Sur papier, l’épreuve phare semblait promise à Walls Of Dubrovnik, tant il y avait un gouffre, sur la valeur intrinsèque du moins, entre le porte-drapeau de l’écurie Ruhee et ses quatre adversaires. Mais une course est loin d’être courue d’avance, encore moins au Champ-de-Mars et les partisans du champion en ont fait l’amère expérience.
Il faut dire que cela sentait déjà le roussi à l’ouverture des boîtes, où «Walls» s’élança moins bien qu’à l’accoutumée. Dès lors, on sentit Cédric Ségeon, son cavalier, en mode compensation, le jockey français sollicitant sa monture sur toute la montée, en troisième épaisseur, pour se rapprocher de la tête du peloton. Your Pace Or Mine, qui était à son intérieur, ne lui facilita, d’ailleurs, pas la tâche.
Ce n’est que dans la ligne opposée que le favori parvint à se hisser en pole position. Il n’eut cependant aucunement le loisir de souffler, car Colour My Fate prit le relais pour lui rendre la vie dure (Ndlr : les commissaires reverront cette prestation de l’apprenti Kulloo), le coursier de l’écurie Sewdyal lancé en épaisseur, venant lui mettre la pression. La menace se précisa au 400m quand Sooful déboîta Bless My Path.
Avec le courage qu’on lui connaît, Walls Of Dubrovnik s’est battu comme un lion en ligne droite, mais Ségeon ne fit que retarder au maximum l’échéance. Eventuellement, Bless My Path, qui recevait neuf kilos (!) du favori, fit pencher la balance dans les toutes dernières foulées. Your Pace Or Mine a fini sur la troisième marche du podium.
Bless My Path, qui s’est imposé lors de chacune de ses courses de rentrée lors des trois dernières saisons, n’a pas fait mentir sa réputation de coursier excellant sur la fraîcheur. À l’image de son entraîneur Preetam Daby, son entourage nourrissait un «silent hope» avec lui et il ne les a pas laissés tomber. Quant à Walls Of Dubrovnik, le terrain mou – il avait plu en début de journée – ne lui réussit définitivement pas.
Quadruplé de Ramdin
L’écurie Daby, qui a repris tardivement le chemin de la compétition, a été mise sur orbite un peu plus tôt dans la journée avec l’entrée en lice, également, de Canford Lights (4e course). Lancé aux avant-postes par Sooful, le sprinter a su conserver l’avantage jusqu’au but, bien aider, il faut le souligner, par les approximations de Sonaram (Bella Fiorino) en ligne droite.
Sinon, les courses de la People’s Turf réussissent définitivement mieux à l’entraîneur Raj Ramdin. Après avoir triomphé dans une course de groupe avec Goethe il y a quinze jours, le vétéran en a remis une couche, s’offrant cette fois la moitié des épreuves au programme. Le festival Ramdin débuta ainsi dans la deuxième épreuve avec Broadway Alley. Bien qu’encore assez «green», surtout en ligne droite, l’alezan réalisa le bout en bout sous la conduite d’Aucharuz.
Taking Silk : quelle santé ! Aligné pour la quatrième fois en cinq semaines, Taking Silk s’est offert une véritable promenade dans la troisième épreuve. Bellagio King, son rival annoncé, ne fut jamais à la hauteur du défi. Poussif dès l’ouverture des boîtes, le protégé de Nawaz Rawat s’est engagé dans une vaine course-poursuite tout au long du trajet. Interrogé par les commissaires, l’entraîneur estima que l’état de la piste pourrait avoir eu une incidence sur la contre-performance de son coursier. Au final, Taking Silk s’est imposé comme à la parade par 6,35L !
La passe de trois fut rendue possible par Secret Oasis. Grandissime favori de la cinquième épreuve, le bai brun a fait cavalier seul tout au long du trajet. Il a facilement précédé son compagnon d’écurie Arizona Silk sur la ligne d’arrivée. High Key (8e course), le dernier gagnant de l’écurie Ramdin pour la journée a été tout aussi impérial sous la conduite de l’apprenti Goolgar, qui retrouvait la compétition pour la première fois cette année.
Au terme d’une sage course d’attente, l’outsider a profité de toute l’agitation autour de lui pour plonger à la lice et déposer ses adversaires. Babylon, le premier des battus, a été relégué à plus de sept longueurs. À noter que les commissaires ont annoncé une «race review» de cette épreuve assez particulière, où le favori Royal Italian a notamment voyagé le nez au vent, en troisième épaisseur, sur pratiquement tout le parcours…
Battue dans l’épreuve phare, l’écurie Ruhee s’est consolée avec un deuxième doublé pour la saison en cours. Offert à une cote prohibitive de Rs 135 dans l’épreuve d’ouverture, réservée aux compétiteurs de la valeur 0-15, The Hitman n’a point commis d’erreur. Taquiné sur la partie initiale, il a pris le pouvoir avant le passage de la route pour ne plus jamais être rejoint.
Le tandem Ruhee-Ségeon scella son doublé pour la journée par l’entremise de Brabanzio dans la septième épreuve. Le sprinter, qui en était à sa toute première participation de l’année, a été exact au rendez-vous. Mis dans les meilleures dispositions à l’ouverture des boîtes, Brabanzio a facilement contrôlé les assauts de ses adversaires jusqu’au but. Le compteur de Cédric Ségeon affiche, désormais, huit réalisations pour la présente campagne.
Pillai : la récidive
À force de scander «for the people, by the people and with the people» tel un mantra, la People’s Turf (PTP) a fait école. L’émission «En Piste» est ainsi devenue la tribune du propriétaire Kanna Pillai de l’écurie Zaki. Après avoir «recadré» une publication spécialisée pour un article qui n’était pas à son goût dans un passé pas trop lointain, le défenseur de Dominic Zaki est monté à nouveau au créneau, hier, pour manifester sa désapprobation d’une opinion émise par Nitin Leckraj, rédacteur en chef de l’Express-Turf et consultant de la PTP. Serait-ce une tentative d’intimidation, d’autant que le principal concerné s’était encadré de plusieurs connaissances pour les besoins de son intervention ? De toute évidence, M. Pillai jouit de certaines largesses au sein de la PTP, car le micro lui est tendu à chaque fois qu’il veut s’exprimer. Entre organiser des courses hippiques ou animer une émission-débat, la PTP devra choisir. À bon entendeur…
Turf news
Madagascar : le nouveau terrain de jeu de Lee Shim
L'homme serait décidément infatigable. À peine le retrait de la People's Turf du Champ-de-Mars annoncé pour le 6 octobre prochain, voilà que Jean-Michel Lee Shim (JMLS) lorgne du côté de Madagascar, en parallèle à son projet d'organiser des courses hippiques à Petit-Gamin d'ici juin 2025.
Pour en revenir à son déplacement dans la Grande Île, il serait bon de rappeler que JMLS s'est accompagné d'une délégation de presse. Un voyage qui a coïncidé avec la fête des Mimosas sur l'hippodrome de Mahazina, où l'engouement pour les courses hippiques serait non-négligeable.
En sus de son partenariat avec l'ASCEL, l'autorité hippique malgache, pour la promotion des courses hippiques de Madagascar, Lee Shim envisage également de développer un projet d'élevage de poulains, de même que la fabrication de nourriture équine pour l'exportation. Tout un programme !
Retour du MTC : vers un regain d'optimisme
Les nombreux partisans du Mauritius Turf Club (MTC) sont sur des charbons ardents. Après avoir été longtemps un vœu pieux, il semblerait que le retour du MTC dans l’organisation des courses ne serait plus qu'une question de temps. En effet, les négociations chronophages avec le gouvernement seraient en passe de trouver une issue favorable. Un retour avant même la fin de l'année a été évoqué, mais il serait assez compliqué à réaliser dans la pratique. On pencherait donc plus pour 2025. Toujours est-il que le MTC s'active dans les coulisses et son équipe dirigeante a même rencontré certains entraîneurs dans la semaine pour tâter le pouls. Il serait bon de rappeler que le MTC a formulé plusieurs propositions au gouvernement pour un éventuel retour. Des développements majeurs sont attendus dans les jours qui viennent.