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Boxe : Quand Muhammad Ali fascinait les Mauriciens

6 juin 2016

Ali terrassant Foreman lors du fameux combat de Kinshasa.

Une légende s’en allée après son dernier combat. Cela faisait trente-deux ans que l’ancienne icône de la boxe mondiale luttait contre la maladie de parkinson. Il a jeté les armes, hier matin, à l’âge de 74 ans. Celui qui était auparavant connu comme Cassius Clay, avant sa conversion à l’Islam en 1965, a fasciné des millions d’amateurs de boxe à travers le monde dans les années 60 et 70, et les Mauriciens n’étaient pas en reste (voir réactions ci-contre). Certains n’hésitaient pas donner le nom de Muhammad Ali à leur nouveau-né. C’est dire que l’ancien boxeur américain était adulé au summun de sa forme.

 

Muhammad Ali a, donc, perdu à 74 ans son dernier et plus long combat, celui contre la maladie de Parkinson, a annoncésa famille dans un communiqué. Icône du sport mondial, personnalité marquante de l’histoire du XXe siècle, il s’est éteint dans un hôpital de Phoenix dans l’Arizona. Les obsèques du triple champion du monde des lourds auront lieu dans sa ville natale de Louisville, dans le Kentucky, sans que la date ne soit précisée (à l’heure où nous mettons presse). Il s’était marié à quatre reprises et avait neuf enfants : Laila, Rasheda, Asaad, Hana, Jamillah, Khaliah, Maryum, Muhammad Ali jr, Miya. Laila Ali est, elle aussi, une boxeuse et présentatrice du jeu télévisé American gladiators.

 

L’ex-boxeur était hospitalisé depuis jeudi pour soigner un problème respiratoire dans une clinique de Phoenix,où il s’était établi avec sa quatrième épouse Lonnie. Il souffrait depuis les années 1980 de la maladie de Parkinson et avait,déjà, été hospitalisé à deux reprises fin 2014 et début 2015 pour une pneumonie et une infection urinaire. L’annonce de son décès a déclenché une vague d’émotion à travers le monde, sur les réseaux sociaux avec des hommages appuyés célébrant le sportif mais aussi la personnalité qui, pour beaucoup, a marqué l’histoire des Etats-Unis.

 

Celui qu’on surmommait «The Greatest»s’est mis à la boxe, enfant, pour se venger d’un gamin qui lui avait volé son vélo. Et très vite, à la force impressionnante de ses poings, il collectionne les victoires et les titres, celui de champion olympique à Rome en 1960, puis de champion du monde WBA en 1964 en battant Sonny Liston par KO au 7e round.

 

Le lendemain, il décide de changer de nom et se fait appeler Cassius X en l’honneur du leader des «Black Muslims», Malcolm X. Un mois plus tard, il se convertit à l’Islam et prend le nom de Muhammad Ali. Grâce à son style unique, les bras souvent ballants le long du corps, il conservera son titre mondial jusqu’en 1967, date à laquelle il refuse d’aller faire la guerre au Vietnam.

 

Il échappe à la prison, mais est interdit de ring, vilipendé par une majorité de l’opinion publique américaine mais tenu par d’autres comme un pilier de la contre-culture et un champion de la cause des noirs qui se battent alors pour l’égalité des droits. Déchu de ses titres, interdit de boxer pendant trois ans et demi, il redevient champion du monde en 1974, réunifiant les titres WBA et WBC lors de sa victoire par K.-O (8e round) sur George Foreman lors du mythique «Rumble in the jungle (NdlR : combat dans la jungle)»à Kinshasa au Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo). Ce combat aussi médiatique que spectaculaire dans son organisation et son déroulement, marque le sommet de sa carrière

 

Il a, ensuite, perdu son titre aux points face à Leon Spinks le 15 février 1978 et l’a récupéré en prenant sa revanche le 15 septembre de la même année. Retraité en 1979, il est contraint de remettre les gants deux ans plus tard, à 39 ans, faute d’avoir su gérer sa fortune. C’est le combat de trop. En octobre 1981, il est tristement humilié par son compatriote Larry Holmes, trop fort pour lui (abandon 11e reprise). Ali n’est plus «le plus grand»mais il s’entête. En décembre de la même année, une défaite face à Trevor Berbick sera son dernier combat.

 

En 1996, il apparaît, malade et affaibli par la maladie de Parkinson, lors de la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques d’Atlanta où, tremblant, il avait difficilement embrasé la vasque olympique. En 2005, il avait reçu la médaille présidentielle de la liberté, la plus haute décoration civile aux Etats-Unis. Ses apparitions en public étaient de plus en plus rares, la dernière remontait à avril dernier à Phoenix lors d’un dîner de charité pour lever des fonds pour la recherche contre la maladie de Parkinson.

 

A sa retraite du ring en 1981, on dénombrait 56 victoires, dont 22 en championnats du monde et 37 avant la limite, en 61 combats pour le champion de boxe. Il avait été désigné Sportsman of the Century par Sports Illustrated et Sports Personality of the Century par la BBC.

 

Ils ont dit...

 

Jean-Claude Nagloo, ancien directeur technique national (DTN) : «Il a révolutionné la boxe»

 

«Mohamed Ali était avant tout un modèle pour moi. C’est une légende qui a donné un nouveau dynamisme à la boxe, grâce à son style de combat et son jeu de jambes. Auparavant, les boxeurs ne faisaient que se taper dessus mais il a révolutionné cela en apportant sa touche personnelle. A cette époque, il n’y avait pas de télévision à la maison, donc, pour voir ses combats, nous devions nous rendre sur le terrain de football de la localité où on avait installé un poste de télé. C’était en blanc et noir à l’époque mais y avait toujours beaucoup de gens pour suivre ses combats. Il a apporté une nouvelle dimension au noble art et c’est à travers lui que ce sport est aussi populaire aujourd’hui. Je l’ai vu de près lors des jeux Olympiques d’Atlanta en 1996 alors qu’il était au début de sa maladie. Il était venu voir les préparatifs avant le début de la compétition de boxe et je dois dire que je n’oublierais jamais ce moment-là. Sa présence même a illuminé toute la salle, car, d’un seul coup il retenait l’attention de tout le monde. C’était vraiment impressionnant.»

 

Rajiv Rajcoomar, ex-président de l’Association mauricienne de Boxe (AMB) : «Je l’ai rencontré en 2007»

 

«La disparition de Muhammad Ali est une grande perte pour la boxe et le sport mondial. Il n’y aura jamais un deuxième Ali, il restera toujours ‘The Greatest of All Time’. Je l’ai rencontré en 2007, lors des championnats du monde à Chicago. Il était parmi les anciennes gloires invitées à la compétition, et je n’oublierais jamais ce moment. Les gens se bousculaient pour le rencontrer, et j’ai eu la chance de m’approcher de lui, de lui serrer la main et lui parler brièvement. Cela reste un moment magique, car, malgré sa maladie, il dégageait une aura qu’on ne peut expliquer et on est tout de suite submergé par l’émotion. C’était un boxeur-né, voire même le dieu de la boxe, et qui avait beaucoup de fans à Maurice. Je me souviens qu’à la maison on aimait regarder ses combats à la télévision. Il faut dire que dans les années 70’s, on commençait à avoir la télévision à la maison et c’est comme ça que j’ai pu suivre ses combats.»

 

Guy Bazerque, ancien secrétaire de l’Association mauricienne de Boxe (AMB) : «Un phénomène»

 

«Muhammad Ali est un phénomène comparable à celui qu’est Usain Bolt actuellement en athlétisme. C’est un homme qui avait un grand amour pour la boxe et qui à chaque fois qu’il montait sur le ring savait transmettre cette passion aux gens qui le regardent. Il savait captiver l’attention des gens par ses provocations et sa manière de boxer. Je me souviens qu’à Maurice ses combats suscitaient toujours une grande attention. Les Mauriciens l’aimaient bien et sa notoriété n’a cessé de grandir à mesure qu’il avançait dans sa carrière.»

 

Rehade Jhuboo et Qadeer Hoybun

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