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Shihan Eddy Gabathuler : «Je suis devenu un leader grâce au karaté»

16 mars 2015

Le shihan Eddy Gabathuler

Instructeur de renommée internationale ayant animé des séminaires dans les quatre coins du monde, vous êtes à Maurice à l’invitation de l’International Federation of Karate (Mauritius) pour animer un stage de formation. Qu’est-ce qui vous a amené au karaté ?

 

J’ai commencé à étudier le kyokushin à Coire, la capitale du canton des Grisons en Suisse. Je me souviens très bien de mon premier jour d’entraînement. C’était le 9 septembre 1974. À l’époque, mon sensei était Charlie Lent. J’ai obtenu ma ceinture noire en 1981. Depuis juillet 2008, j’ai accédé au statut de shihan lorsque j’ai reçu mon 6e dan.

 

Comment le karaté vous a-t-il été bénéfique sur le plan sportif et dans votre vie professionnelle ?

 

En tant que sportif, à travers la pratique du karaté ces quarante dernières années, j’ai appris à ne jamais reculer devant l’adversité ; à ne jamais jeter l’éponge. En pratiquant le karaté, en particulier le kyokushin, on acquiert une grande puissance. Il est important de n’en pas faire un mauvais usage. Grâce à l’enseignement que j’ai reçu, je me suis forgé un mental de leader. C’est une qualité qui m’est particulièrement utile dans mes activités professionnelles. Je suis sergent-major au sein des forces de police suisses.

 

En tant qu’instructeur de karaté, j’arrive à comprendre l’état d’esprit de mes élèves. Je cerne rapidement leur potentiel et sais comment m’y prendre pour tirer le meilleur d’eux.

 

Quelle est votre devise en tant que sportif de haut niveau ?

 

C’est d’être toujours soi-même dans n’importe quelle circonstance.

 

Vous occupez un rôle de premier ordre au sein de l’International Federation of Karate Kyokushin et dans la dissémination du karaté en Suisse. Dites-nous en un peu plus.

 

Je suis resté proche de Charlie Lent et je l’aide dans l’enseignement du kyokushin à Coire, surtout pour tout ce qui concerne l’aspect technique. Je suis responsable de deux dojos où s’entraînent respectivement 65 enfants et 15 adultes.

 

Je suis aussi le représentant national de l’IFK Switzerland Kyokushin, ainsi que membre de son comité technique. De même, je suis membre du conseil de la branche principale de l’IFK Kyokushin.

 

Je dois préciser que j’ai commencé à enseigner le karaté dès 1978. Je n’étais alors que ceinture verte. Partager mes connaissances dans les arts martiaux est devenu une passion. J’aime rencontrer les gens de différentes cultures. Grâce au karaté, j’ai fait le tour du monde. Ces vingt dernières années, j’ai animé des séminaires en Suisse, en Angleterre, en Russie, en Bulgarie, en Roumanie, en Argentine, en Afrique du Sud, en Australie, entre autres pays. Aujourd’hui, je suis à Maurice. Dans trois semaines, je serais en Roumanie, avant d’officier comme arbitre à un tournoi en Grèce.

 

Fondé dans les années 60 par Masutatsu Oyama, le kyoskushin s’est imposé comme le style le populaire dans le karaté ; avec aujourd’hui plus de 10 millions de pratiquants à travers le monde. Qu’est-ce qui a contribué au succès de cet art martial ?

 

Le kyokushin est un karaté de full-contact. Il nous apprend à aller au-delà de nos limites. Le pratiquant du kyokushin doit lutter contre lui-même pour s’améliorer. Je me souviens de la première fois que j’ai passé mon examen pour l’obtention de mon 2e dan. Il était tellement dur que j’ai échoué. J’étais très déçu ! Je me suis alors dit : soit je m’améliore ou j’abandonne tout. J’ai décidé de ne pas abandonner et de devenir encore plus fort. Quand on pratique le kyoskushin, on apprend à développer un mental d’acier. Aujourd’hui encore, quand je supervise un examen de passage de grade, j’attends à ce que les karatékas donnent leur maximum. Sinon, je les fais échouer.

 

Quand on pratique les arts martiaux, on apprend à faire rejaillir son plein potentiel. Dans le même temps, on devient maître de soi. Vous remarquerez que les pratiquants d’arts martiaux (budo) sont des gens honnêtes. Hormis le karaté, j’ai pratiqué le judo, mais aussi le jujitsu où j’ai le grade de ceinture noire. Je me spécialise, par ailleurs, dans l’utilisation du tonfa et du couteau.

 

Au cours de votre carrière, vous avez eu l’occasion d’entraîner des karatékas à travers le monde et avez officié comme arbitre à de nombreux tournois. De par votre expérience, qui estimez-vous être les meilleurs combattants ?

 

Sans hésiter, je dirai que les plus forts sont les Russes. On trouve aussi de très bons combattants en Grande-Bretagne, en Espagne et en Hollande. Et quelques-uns en Suisse. Si les Russes sont aussi forts, c’est parce que contrairement aux Occidentaux, ils vivent dans des conditions extrêmement difficiles ; le luxe leur est étranger. À cause du climat inclément, s’entraîner est devenu pour eux quelque chose de naturel.

 

Au tournoi mondial de 2013 qui s’est déroulé en Bulgarie, les Russes ont remporté la victoire dans douze des quatorze catégories.

 

Vous avez eu une brillante carrière en tant qu’arbitre. Quelles sont les qualités pour réussir dans ce domaine ?

 

En effet, j’ai été sacré meilleur arbitre au monde en mai 1997. Pour réussir dans ce domaine, il faut être capable de voir les choses et surtout de faire montre d’honnêteté. La victoire doit revenir au meilleur combattant. C’est un principe que doit observer n’importe quel arbitre ou juge indistinctement de la discipline sportive concernée.

 

Stage de perfectionnement à Saint-Pierre et en pleine nature

 

Invité par le président de l’International Federation of Karate (Mauritius), le sensei Nazir Hossen, 3e dan, le shihan Eddy Gabathuler, 56 ans, accompagné de son épouse Corina, a animé un stage de perfectionnement les 21 et 22 février à l’intention des élèves du club.

 

Le premier jour d’entraînement s’est déroulé au dojo de Saint-Pierre. À cette occasion, le shihan Gabathuler, décrit par le sensei Hossen «comme l’un des meilleurs instructeurs au monde», a concocté un programme en trois étapes : la maîtrise des techniques de base en kyokushin, les combinaisons lors des combats et l’application de katas dans les situations d’autodéfense. Ce premier jour d’entraînement, particulièrement intense, a duré près de trois heures.

 

Le lendemain, les stagiaires ont eu droit à une séance en plein air. Ils se sont notamment entraînés aux Gorges de la Rivière-Noire.

 

En février 2014, l’International Federation of Karate (Mauritius) avait organisé la venue du shihan David Picktwall, un karatéka de haut niveau qui, lors de son passage, avait supervisé un examen de passage de grade.

 

Richard Le Bon

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