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12 ans plus tard, il gagne son procès dans l’affaire des résultats truqués du Loto

Stellio Antonio totalement blanchi après un long combat judiciaire

1 décembre 2025

Arrêté en septembre 2013 dans l’affaire allégué des résultats truqués du Loto, puis poursuivi pendant plus de 12 ans, Stellio Antonio a finalement été innocenté par la Cour suprême le 21 novembre. Une affaire marquée par des conditions de détention difficiles, des accusations qu’il a toujours niées et des conséquences humaines, familiales et professionnelles profondes.

La patience est amère, mais son fruit est doux, dit l’adage. Stellio Antonio (photo), ancien employé de Lottotech, aura attendu plus de 12 ans avant de voir son nom entièrement blanchi. Arrêté le 14 septembre 2013 sous une accusation de «conspiracy» dans l’affaire alléguée des résultats truqués du Loto et détenu cinq jours au Detention Centre de Vacoas, il avait été libéré sous caution, mais soumis à des conditions extrêmement strictes : présentations obligatoires trois fois par semaine au poste de Curepipe, confiscation de son passeport et interdiction de voyager.

Pendant toute cette période, il dit avoir vécu «une humiliation répétée», notamment lors de ses visites au poste de police où il lui arrivait d’être publiquement rabaissé par certains policiers. Une vie complètement bouleversée, dit-il, depuis cette arrestation largement médiatisée à l’époque, qui a eu des répercussions immédiates sur sa vie personnelle et professionnelle. Il a, évidemment, perdu son emploi à Lottotech, où il percevait plus de Rs 90 000 en salaires et allocations. Et après neuf mois de chômage, il a dû accepter un poste à Rs 15 000 dans une quincaillerie à Castel.

Il a ensuite, dit-il, connu une véritable descente aux enfers financière : vente de sa maison à Curepipe pour rembourser ses emprunts et déménagement forcé à Poste-de-Flacq. Sa famille a été directement touchée. Sa fille aînée a dû abandonner ses études de droit à l’étranger, faute de moyens. Sa fille cadette, une enseignante, a perdu son emploi, la direction de son établissement estimant que la famille était trop «affichée dans les journaux». Sa benjamine, étudiante au LCC, a, elle aussi beaucoup souffert de la situation. Son épouse, femme au foyer, a également assumé le poids moral de cette affaire durant toutes ces années.

Faux avocat

Stellio Antonio affirme aujourd’hui que les premières heures de son arrestation ont été marquées par de graves irrégularités. Il soutient qu’un officier de la CID de Curepipe se serait présenté à lui comme avocat mandaté par son épouse. Il affirme également avoir été encouragé à formuler de fausses déclarations sur le Lottotech, ce qu’il dit avoir refusé de faire. Selon lui, plusieurs policiers présents à l’époque lui auraient confirmé que l'autre officier n’était pas avocat, mais bien chef inspecteur de la CID. Certains d’entre eux auraient ensuite été écartés de l’enquête après avoir exprimé des réserves.

Stellio Antonio dénonce aussi, au fil des années, des comportements dégradants, des pressions et des moqueries répétées de la part d’au moins quatre policiers impliqués dans le dossier. Le 15 janvier 2021, il croit voir la fin du tunnel. Ce jour-là, le magistrat Raj Seebaluck, aujourd’hui juge à la Cour suprême, rend un jugement en sa faveur, estimant que les accusations ne reposent pas sur des éléments crédibles. Il critique sévèrement la conduite de certains policiers, pointant des contradictions et de fausses déclarations sous serment. Me Pyndiah Moorghen représentait alors la police en Cour intermédiaire dans cette affaire.

Mais quelques jours plus tard, le 30 janvier 2021, le Directeur des poursuites publiques (DPP) décide de faire appel du jugement. Et cest finalement le 21 novembre 2025 que l’affaire prend fin : les juges Gunesh-Balaghee et Mootoo rejettent en bloc les sept points d’appel déposés par le DPP, confirmant intégralement le jugement de 2021 et l’innocence totale de Stellio Antonio. Un verdict qualifié par ses avocats de «clair et sans ambiguïté». À l’issue de ce long parcours judiciaire, Stellio Antonio dit vouloir tourner la page, tout en mesurant l’ampleur des dégâts causés par 12 années d’incertitude : stress, pertes financières importantes, maladies à répétition, rupture sociale et professionnelle.

«Zame dan mo lavi mo pa'nn kokin enn roupi pou enn dimoun. Mo’nn touzour ed lezot. Mo deteste tou kitsoz malonet. Mo enn kroyan. Mo remersie Bondie ek tou seki finn touzour krwar dan mo linosans», dit-il avec émotion. Le principal concerné exprime aussi sa gratitude envers ses conseils légaux : Dick Ng Sui Wa et Avineshwar Dayal. «Me Ng Sui Wa est un brillant avocat qui a su prouver mon innocence», souligne Stellio Antonio. Il tient aussi à remercier Me Neelkanth Dulloo pour son soutien ainsi que l’avoué Pazany Rengasamy.

Il remercie également toutes ces autres personnes qui l'ont soutenu durant toutes ces années, à commencer par les membres de sa famille, les prêtres qui ont été là pour lui, dont le cardinal Maurice Piat, Mgr Michael Durhonne, Patrick Fabien, Jean Claude Véder, Antoine Law et Gérard Mongelard, et des amis chers comme les frères Ah Teck, feu Carl, Thommy et Patrice, Cyril How et Moorghen Veeramootoo, le CEO de Lottotech, entre plusieurs autres.

La dernière aventure de Stellio Antonio, mais non la moindre, est celle lancée le 16 décembre 2022 avec son épouse, ses enfants et quelques proches : METRO PRESSE, un magazine communautaire gratuit dont le 36ᵉ numéro paraîtra ce 5 décembre. Auparavant, il avait collaboré avec son ami Bernard Li Kwong Ken au sein du département communication et relations publiques pour le lancement de Cœur de Ville Flacq. Ensemble, ils avaient également fondé Le Journal de l’Est, EST PRESSE, un tabloïd gratuit aujourd’hui présent en ligne.

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