Publicité

Hidden Disabilities Sunflower

Un symbole universel, une mission locale

4 octobre 2025

L'association a récemment organisé deux conférences : l'une sur les troubles bipolaires avec l’artiste Pascal Lagesse et l'autre à l’occasion de la Journée de sensibilisation au Syndrome d’alcoolisation fœtale avec l’addictologue Dr Thierry Maillard de l'

Une fleur de tournesol pour dire que le handicap invisible existe, que la personne qui en est atteinte a besoin d’attention, de compréhension et de soutien. À Maurice, l’association Hidden Disabilities Sunflower Mauritius offre ce symbole discret aux personnes concernées, afin de sensibiliser le public et de créer une société plus inclusive et empathique.

Derrière une apparence dite normale, se cachent parfois des difficultés invisibles qui compliquent le quotidien. Et pour cause ! Saviez-vous que près de 80 % des handicaps étaient invisibles ? Autisme, troubles auditifs, maladies chroniques, anxiété. Ces réalités, souvent méconnues, touchent des milliers de personnes à travers le monde et, évidemment, de nombreux Mauriciens. Face à cette réalité souvent ignorée, l’association Hidden Disabilities Sunflower Mauritius a choisi d’agir en militant pour donner à ceux concernés plus de visibilité et de reconnaissance. Ceci, à travers un badge portant le symbole du tournesol qui permet de signaler discrètement qu’une personne peut avoir besoin de temps, de patience ou d’accompagnement supplémentaire, tout en sensibilisant le grand public et les institutions à l’importance de l’inclusion.

Née au Royaume-Uni en 2016, cette initiative s’est répandue dans plus de 50 pays pour sensibiliser le public aux handicaps invisibles. À Maurice, l’association Hidden Disabilities Sunflower Mauritius adapte ce concept en menant des actions concrètes pour améliorer l’inclusion et la compréhension envers les personnes qui sont dans une telle situation. C’est ce que nous explique Nadjah Abbasakoor, fondatrice de The Sunflower Charitable Foundation, orthophoniste et directrice de The Inclusion Station :* «Hidden Disabilities Sunflower a été incorporée comme une institution charitable en mai dernier. Avant, nous opérions sous le cabinet privé The Inclusion Station. Hidden Disabilities Sunflower est un réseau international, nous sommes donc affiliés à ce réseau. Plus précisément nous détenons la franchise pour Maurice et les Seychelles.»*

La particularité de cette ONG réside dans son approche : la personne porte un badge en forme de tournesol, ce qui indique discrètement qu’elle peut avoir besoin d’un peu plus de temps, de compréhension ou d’accompagnement dans ses activités quotidiennes. «Notre mission est de soutenir les personnes qui vivent avec un handicap ou une pathologie invisible. Hidden Disabilities Sunflower les encourage à porter un landyard, symbole discret indiquant qu’ils ont un besoin spécifique (besoin de temps par exemple...) mais sans qu’ils n’aient besoin de dévoiler le nom de leur maladie ou handicap.»

Si l’équipe est encore petite à ce stade, l’association ayant débuté il y a quelques mois seulement, elle multiplie déjà les actions de sensibilisation et cherche à étendre son impact sur l’ensemble de l’île. «Nous avons déjà organisé deux conférences depuis mai. Il y a eu un témoignage public le 12 juillet sur les troubles bipolaires par l’artiste Pascal Lagesse. Et le 9 septembre, nous avons organisé une conférence à l’occasion de la Journée de sensibilisation au Syndrome d’alcoolisation fœtale grâce à l’expertise de l’addictologue Dr Thierry Maillard, venu expressément de l’île de La Réunion pour rencontrer les acteurs de la société civile mauricienne. Depuis notre affiliation en 2024, nous avons également distribué quelque 600 landyards, dont la plupart pour des enfants atteints de handicaps invisibles», souligne Nadjah Abbasakoor.

Visibilité

Et jusqu’ici, poursuit-elle, le retour est positif et encourageant. «Nous avons aussi eu des retours positifs de parents d’enfant sur le spectre autistique. Quand on voit le landyard et qu’on réalise que l’enfant a une condition non visible, il y a moins de jugement, plus d’empathie. D’ailleurs, je saisis l’occasion pour remercier chaleureusement nos cinq ambassadeurs actuels : Paul Draper, Nathalie Philogène, Pascal Lagesse, Helena Lutchman et Delphine Toulet. Je remercie également Small Step Matters.org (http://matters.org/), qui nous a aidés à identifier ces personnes ressources pour leurs qualités humaines notamment.»

D’ailleurs, après une première campagne de levée de fonds sur smallstepmatters.org, Hidden Disabilities Sunflower travail sur un nouveau projet. «Nous lançons une nouvelle campagne pour un projet pilote innovant à Maurice qui est de créer un réseau de soutien pour les patients atteints de bipolarité en s’appuyant notamment sur la créativité. Pascal Lagesse, notre ambassadeur, sera partie prenante de ce projet à titre volontaire, ainsi qu’un psychologue. Nous envisageons également une campagne de communication pour déstigmatiser la bipolarité. Des adultes bipolaires suivis, sous traitement parviennent tout à fait à être fonctionnels dans leur vie active, leur vie familiale. Malheureusement, à Maurice, c’est encore tabou et les gens cachent leur maladie. D’autres refusent de se faire soigner.Dans le domaine de la maladie mentale, j’ai de grandes aspirations pour Hidden Disabilities Sunflower.» Face aux attentes des citoyens atteints de handicaps invisibles, l’importance de la sensibilisation dans tous les secteurs est cruciale et l’implication des entreprises et des institutions tout aussi essentielle. «À Maurice et aux Seychelles, nous comptons des membres dans le secteur privé. C’est important pour les clients de voir l’engagement de ces entreprises, mais aussi pour les employés de ces entreprises, qui se sentent incontestablement mieux accueillis, mieux pris en compte. Notre objectif est donc de convaincre de plus en plus d’entreprises et d’institutions publiques du bien-fondé de notre action. En particulier, celles impliquées dans les moyens de transport ou au sein du domaine hospitalier, comme les cliniques. Les citoyens atteints d’une maladie ou d’un handicap invisible ou les parents d’un enfant porteur d’ADHD, d’autisme, de trisomie 21 ou du Syndrome d’alcoolisation fœtale sont vraiment en attente d’une certaine bienveillance quand ils se déplacent, quand ils voyagent, quand ils fréquentent les services de soin, quand ils font leur shopping ou prennent un repas dans un mall», explique notre interlocutrice.

Face au manque de visibilité des handicaps invisibles à Maurice, Nadjah Abbasakoor insiste sur la nécessité d’une meilleure reconnaissance et de services adaptés pour une meilleure inclusion : «J’espère que notre rôle va s’accroître dans les 10 ans à venir, comme notre impact.Aujourd’hui, l’inclusion à Maurice est un concept assez vide de sens et de réalisations concrètes. J’espère que l’Hidden Disabilities Sunflower contribuera à un changement de mentalité, à une société mauricienne plus inclusive et plus empathique. Maurice compterait 87 000 personnes handicapées, mais combien en situation de handicap invisible ? Ces citoyens sont-ils visibles ? Leurs droits respectés ? Il serait aussi très intéressant de lancer des études de prévalence pour avoir plus de visibilité sur les différents handicaps non visibles et pour pouvoir proposer des services adaptés aux besoins spécifiques.»

En donnant de la visibilité aux handicaps invisibles et en sensibilisant la société mauricienne, Hidden Disabilities Sunflower rappelle que l’inclusion n’est pas un concept abstrait, mais un geste quotidien. Chaque badge, chaque action, chaque projet contribuent à bâtir une île Maurice plus empathique, où chacun peut trouver sa place.

Publicité