«La Voix Humaine» : une femme, un téléphone, et plein d’autres choses

Ce 16 janvier à 19h30, le Caudan Arts Centre nous propose cette pièce où nous retrouverons la comédienne Clémence Soupe dans une mise en scène de l’autre comédienne Vinaya Sungkur, le tout dans cette adaptation de l’œuvre de Jean Cocteau, où il est question d’une femme au téléphone avec son amant, sur le point de se marier. Le point avec le duo féminin, visages connus autant sur les planches qu’au cinéma…

Parlez-nous de votre découverte de "la Voix Humaine" chacune de votre côté ? 

Clémence : Je suis tombée sur ce texte par hasard il y a 3 ans en version audio dans une lecture de Simone Signoret. J’ai d’abord été subjuguée par la sincérité de l’actrice mais aussi par le texte de Jean Cocteau. Lorsque j’ai découvert qu’il s’agissait d’une pièce de théâtre, je me suis projetée très rapidement dans l’idée de la jouer sur scène. C’est là que j’en ai parlé à Vinaya.

Vinaya : Cette pièce m’a également bouleversée. Et dès que Clémence m’en a parlé je l’ai visualisée immédiatement sur scène dans ce personnage !    Qu’est-ce qui résonne en vous, en tant que comédienne, metteuse en scène, mais aussi femme, lorsqu’on évoque cette pièce...

Clémence : C’est une notion qui me paraît universelle : la douleur sourde d’une séparation. Faire face à des émotions qui nous écrasent lorsque l’on quitte la personne qui nous a aimés. Ce qui contraste totalement avec le sentiment amoureux, qui lui nous rend plus léger et plus vivant. Dans cette pièce, couche après couche cette femme se dévoile. Par désespoir, par tristesse, par touches d’espoir également... (…) Mais le personnage passe aussi par des phases qui nous entraînent dans des dimensions presque irréalistes, propres à Cocteau. A la frontière entre le rêve et le réveil. 

Vinaya : C’est la sincérité de ces sentiments tellement intimes à l’origine. Cela donne une dimension presque impudique à la pièce. En tant que comédienne, c’est un véritable challenge de laisser libre cours et d’assumer cette impudeur devant un public et en tant que metteuse en scène le travail pour y parvenir passe par le fait de se débarrasser de tous ces réflexes de protection que l’on se met au quotidien afin d’éviter de ressentir ses émotions pour être dans la sincérité la plus crue (…).

A quoi s’attendre sur scène ?

Clémence : Lorsque nous avons décidé de monter le projet, l’idée qui nous plaisait le plus c’était justement de jouer la pièce telle quelle. Le texte est beau, le personnage est riche et tellement complexe... Les situations humaines et les relations entre les personnages et le monde qui l’entoure sont suffisamment intemporelles pour qu’il ne nous semble pas nécessaire de l’adapter autrement.

Vinaya : Les thèmes de la pièce sont tellement universels qu’ils transcendent tout.  Mais ce qui nous tenait vraiment à cœur, Clémence et moi c’était de jouer cette pièce à Maurice, chez nous. C’est une production 100 % locale. En fait la touche mauricienne de "La Voix Humaine" c’est nous !    Et justement, comment se passe cette première collaboration ?  

Clémence : Nous étions ensemble sur le film The Blue Penny en tant que comédiennes, mais nous n’avons pas eu de réelles scènes à jouer ensemble. Donc "La Voix Humaine" nous permet d’avoir cette première collaboration en tant que comédienne et metteuse en scène. Et cette collaboration se passe on ne peut mieux. Sans Vinaya, je n’aurais pas exploré mes émotions de façon aussi poussée, je n’aurais pas eu le même regard sur mon personnage non plus parce qu’elle m’a permis de le découvrir avec une approche douce et bienveillante ! 

Vinaya : C’est une première en tant que comédienne/metteuse en scène, oui. Et je suis d’accord, on ne peut mieux ! Son engagement, son travail et son écoute sont un véritable plaisir. Je la remercie d’ailleurs pour sa confiance car pour vivre cette pièce il fallait sauter dans le vide sans être attaché (…).

Et la suite ? D’autres projets ensemble ?

Clémence : Prochainement j’aurais le plaisir de rejouer au Caudan en mars pour le spectacle Intra-muros mis en scène par Marie-Ange Koenig. Et d’autres projets avec Vinaya, c’est certain, l’avenir nous dira quand !

Vinaya : Ensemble oui sûrement : Oui, des projets pour 2025, je remonte sur les planches !