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16 janvier 2016 22:26
Plus rien n’a été à nouveau pareil pour elle. Il y a quatre ans, un 27 février, quand sa sœur Connie, 26 ans, s’éteint après deux ans de lutte contre un violent cancer, la vie d’Elisa Rosse bascule. Depuis, elle n’est plus la même personne. Impossible, dit-elle, de reprendre le cours de sa vie normale après avoir côtoyé le cancer, après avoir vu ses ravages, après avoir vu sa sœur mener un combat sans relâche malgré la souffrance, la faiblesse, la transformation physique et les incertitudes face à son espérance de vie. Mais par-dessus tout, après avoir vu toutes ces souffrances, Elisa sait plus que quiconque aujourd’hui que la mort n’arrête pas l’amour.
«J’ai 26 ans, soit l’âge qu’avait Connie lorsqu’elle nous a quittés. J’ai vu la vie de ma sœur changer du jour au lendemain alors qu’elle était jeune, avait une belle maison, une famille, de beaux enfants, un boulot, était une femme épanouie et active. Puis, le cancer s’est invité dans sa vie», confie Elisa. Mais malgré la gravité des choses, Connie, raconte Elisa, ne s’est jamais avoué vaincue : «Elle a tenu tête à la maladie, a fait mentir tous les diagnostics. On lui donnait trois mois à vivre. Elle a tenu deux ans. Contre vents et marées, elle s’est battue, allant même jusqu’à donner la vie à son fils Mathis qui n’avait que trois mois lorsqu’elle est partie. Et c’est forte de tout ce qu’on a traversé que je mesure aujourd’hui à quel point la vie est fragile, à quel point rien n’est jamais acquis. Et à quel point personne n’est à l’abri»,ajoute Elisa.
Certes, sa grande amie de toujours n’est plus là, avec son grain de folie propre à elle, pour lui faire rire et vivre des expériences qu’elle n’aurait jamais osé tenter. Certes, sa «chef cirque»n’est plus à ses côtés pour lui remonter le moral quand ça ne va pas ou pour la pousser à se surpasser dans des moments de doutes comme avant, mais grâce à sa Connie, Elisa est une jeune femme qui dit voir la vie autrement : «J’ai compris qu’on doit soi-même construire son bonheur.»Et cela, c’est Connie qui le lui a appris : «À 26 ans, ma sœur a eu une petite vie remplie. Elle s’est toujours donné les moyens de faire de ce qu’elle voulait faire. Elle a été vite indépendante, a été mariée à 18 ans, a été élue Miss Mauritius Worlden 2003, finaliste de Dance Fever,elle adorait danser. Bref, elle était tellement pleine d’énergie et de talent que même la maladie n’a pu la ralentir.»
Et là, une petite anecdote lui revient : «C’était à l’époque où elle était malade. Son état de santé était comme une montagne russe. Un coup ça allait et puis l’instant d’après, ce n’était plus vraiment ça. Et ce soir-là, ce n’était pas la grande forme pour elle. Pourtant, à 3 heures du matin, elle a débarqué dans ma chambre et a voulu qu’on aille danser. On s’est habillées et on a mis le cap sur Péreybère. Ce soir-là, Connie a dansé comme personne. Elle était rayonnante et infatigable.» C’est en s’inspirant de Connie qu’Elisa avance aujourd’hui : «Elle m’a toujours tirée vers le haut. Nous avions deux personnalités différentes. Elle, elle a toujours été la fonceuse, celle qui n’avait peur de rien. Et c’est armée de toute cette énergie qu’elle a tout tenté.»
C’est d’ailleurs poussée par sa sœur aînée qu’Elisa a participé au concours Miss Mauritius : «Ce n’était pas vraiment mon truc. Elle a déboulé un jour dans ma chambre avec des talons et elle m’a demandé de défiler. C’était compliqué pour moi, mais quelque temps plus tard, elle m’a appris qu’elle m’avait inscrite au concours Miss Mauritius.» Encore une fois, soutient Elisa, Connie avait vu juste : «J’ai adoré vivre cette aventure.»
Elisa le sait. Elle ne peut oublier les années partagées. Les souvenirs restent, souligne-t-elle, comme marquées d’une encre indélébile. Et au milieu de toutes ces images qui défilent souvent dans sa tête, il y a les sourires de Léna, 10 ans, et Mathis, 4 ans : «Il y a une part de Connie qui continue à vivre en eux. Quand je regarde Léna, je la vois. Elle a son caractère et Mathis a son énergie.»C’est dans son rôle de maman de substitution qu’Elisa trouve aujourd’hui son équilibre : «Peu avant de partir, Connie m’a demandé de prendre soin de ses enfants…»C’est donc sans se poser de questions qu’elle a pris sous son aile ces deux petits anges qui lui procurent chaque jour beaucoup de bonheur : «C’est une responsabilité. Mais il y a toute une équipe qui le fait. Il y a ma maman et aussi le papa des petits qui, comme moi, ont à cœur le bien-être des enfants.»
Elisa a aujourd’hui l’impression de marcher dans les pas de sa sœur : «Elle a provoqué beaucoup de déclics en moi. Elle a faitMiss Mauritius, je l’ai fait aussi. Elle a faitDance Fever, et j’ai moi aussi participé à un concours de danse. Elle a travaillé dans l’automobile et c’est également maintenant mon domaine.Grâce à elle, je sais ce que c’est de s’occuper des enfants. Bref, Connie a partagé avec nous une grande leçon de vie. C’est de ne jamais laisser tomber et surtout de ne pas se laisser accabler par les épreuves.Elle a été forte jusqu’au bout et elle a même préparé ses funérailles, ses vêtements, sa musique avant de partir…»
Jusqu’au bout, elle a tout géré, tout en rappelant à ses proches que la mort n’arrête pas l’amour.
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