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24 juin 2015 03:22
«C’est comme la bicyclette ! Quand on sait faire du vélo, c’est pour la vie.» C’est en faisant ce parallèle que Jennifer Ng et Corinne Lallman-Sit Yee ont repris leur «twirling baton» mercredi dernier pour se remettre, le temps d’une démonstration, dans la peau de majorettes comme au temps de leur jeunesse.
Les pas, les gestes, l’attitude, tout y était. Tout est encore frais dans la mémoire de Jennifer et Corinne malgré le temps qui s’est écoulé entre la dernière fois où elles ont porté fièrement leur uniforme et défilé en musique sur l’air de Colonel Bogey March, qui figurait dans le film Le pont de la rivière Kwai. Et mercredi matin, c’était très difficile pour elles de ne pas replonger dans les souvenirs de leurs années d’étudiantes, quand elles étaient des adolescentes qui excellaient dans les parades.
Ce jour-là, le contraste est saisissant. Jennifer, 44 ans, et Corinne, 40 ans, se retrouvent, après plusieurs années, sur le terrain de foot du collège Queen Elizabeth à Rose-Hill, à s’aligner presque de la même façon pour la photo souvenir avec les 81 filles (de Form II et III) qui composent la nouvelle escouade de majorettes, reformée après 12 ans. Profitant de la fête de la Musique pour faire renaître ce mouvement qui a fait la renommée de la star school durant de nombreuses années. «J’ai vécu ce moment avec beaucoup d’émotion», lâche une Jennifer pleine d’entrain. «C’était wow !» renchérit sa copine Corinne qui, comme elle, a été majorette lors de son passage au collège. Ce qui a grandement, dit-elle, contribué à faire d’elle la femme qu’elle est devenue aujourd’hui.
«Allongez les bras»
Une heure plus tôt, soit à 11h35, les deux femmes vivaient «un rêve éveillé», voire, selon leur propre aveux, un grand accomplissement. Après plusieurs années d’absence, les majorettes faisaient leur grand come-back sur cette pelouse qui a vu tant et tant de générations défiler, enchaînant les pas, exécutant des chorégraphies, entre autres prouesses, avec leur «bâton», outil de prédilection des majorettes.
Alors que les filles s’exécutent sur le titre Mamma Mia d’Abba, interprété par la fanfare de la police, Jennifer et Corinne sont sur le qui-vive. «Allongez les bras», lance Jennifer qui se repasse les différents pas dans la tête. Ses échanges avec les filles sont ponctués de «baguettes up», «position north-west», entre autres. Elle se met sans problème dans la peau de ces jeunes filles paradant en uniforme flambant neuf et revisité – les shakos avec des plumes ont été remplacés par des bérets jugés plus confortables – pour l’occasion pour «faire plus moderne». Autre grand moment : «Revoir les musiciens du Police Band, dont certains étaient là à l’époque où les majorettes vivaient leurs heures de gloire», confie une Jennifer nostalgique.
Entre grâce, précision des mouvements, pour essayer d’être synchro avec toute la troupe, être majorette, expliquent les deux passionnées, c’est tout un art. C’est une façon de marcher, mais aussi un show à part entière. «Et c’est loin d’être facile», lâche Corinne. Jennifer avoue, pour sa part, qu’elle a vécu l’événement de mercredi dernier comme une victoire personnelle. «C’est en 2013 que j’ai appris qu’il n’y avait plus de majorettes. J’ai été triste, car pour moi, c’est une discipline sportive, un art qui permet aux filles de se dépasser et d’exceller. À l’époque, les prestations des filles du QEC étaient souvent très attendues.»
Une belle expérience
Pour Corinne et Jennifer, toutes les deux mariées et travaillant à leur compte, il était primordial de permettre à la jeune génération de vivre «une si belle expérience». Entre les cours que dispensait la défunte Ginette Cabon, les costumes et les différentes participations à des spectacles divers comme lors de la cérémonie officielle du 12 mars pendant plusieurs années, ou encore lors de gala nights, entre autres, les deux jeunes femmes ont vécu de merveilleux moments. Elles ont donc voulu transmettre la flamme, le virus qui les a touchées, il y a plusieurs années, à ces filles qui, pour ce come-back, ont, selon leur monitrices, relevé le défi haut la main.
«Pendant une année et demi, à hauteur d’une session par semaine within school hours, on leur a enseigné la base, les pas et les techniques du twirling», explique Corinne qui, comme Jennifer, parle de l’activité qu’elles ont relancée avec beaucoup d’amour. Grâce à cette discipline, les deux ont partagé de grands moments : les championnats du monde de majorettes en 90 à Amsterdam et en 93 à Marseille.
«Je garde de très bons souvenirs de cette période. Les événements comme les championnats du monde sont des expériences qui marquent à jamais. C’est la première fois où j’ai pu exécuter des pas en solo sur une danse fusion», raconte Corinne, maman d’une fille de 11 ans et d’un garçon de 5 ans. Comme Jennifer, elle affirme avoir pu maintenir un bon équilibre entre les études et leur passion pour cette discipline. «La preuve, nous avons toutes les deux été classées et nous avons pu poursuivre nos études supérieures et avoir une bonne position», explique Jennifer qui promet qu’on entendra encore parler de ses girls qui font aujourd’hui partie de la belle et grande famille des majorettes… pour toujours !
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