Petites îles, grands enjeux… Car le rendez-vous était important. Nécessaire pour contrer les effets du changement climatique. Essentiel pour se préparer à l’avenir. Primordial pour sauver les petites îles. La 4e Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID) s’est tenue à Antigua-et-Barbuda, dans les Caraïbes, du 27 au 30 mai. Durant ces quelques jours, la communauté internationale s’est réunie pour examiner les progrès réalisés par les PEID en matière de développement durable et pour proposer une nouvelle décennie de partenariats et de solutions afin de stimuler leur transition vers une prospérité résiliente.
Car, plus que jamais, en ce moment, les PEID sont confrontés à de multiples crises : changements climatiques, répercussions économiques et sociales de la pandémie de Covid-19 et crise de la dette… La communauté internationale a ainsi reconnu que les PEID devaient faire l’objet d’une attention particulière en raison de leur vulnérabilité unique, notamment leur petite taille, leur éloignement géographique et leur exposition à des chocs économiques, sociaux et environnementaux exogènes. Ces pays ont, à l’issue du sommet, reçu des engagements renouvelés de la part des Nations Unies, des partenaires internationaux et de la communauté mondiale pour relever leurs défis uniques en matière de développement. Après cette rencontre, un nouveau plan décennal offre ainsi une bouée de sauvetage aux petits États insulaires en développement. La conférence a réuni les dirigeants mondiaux des PEID et leurs partenaires, la société civile, le secteur privé, le monde universitaire, les jeunes et d’autres parties prenantes afin d’élaborer des solutions pratiques et efficaces pour relever les défis propres à ces pays. Et parmi ces participants se trouvait Krishna Pentayah, fondateur et président de l’organisation Sov Lanatir, ingénieur mécanique et chercheur à l’Université de Maurice. C’est en fin de semaine, quelques jours après la Journée mondiale de l’environnement, qui a été observée ce mercredi 5 juin, que notre compatriote est rentré au pays, la tête remplie de souvenirs et riche d’une très belle expérience qu’il a savourée avec gourmandise.
«Par rapport à la 4th International Conference for Small Island Developing States (SIDS4), j’avais fait une recherche autour du développement des offshores wind turbines à Maurice et je fais des études sur comment on peut développer les offshores renewable energies pour les SIDS, notamment pour les petites îles mais qui ont des large ocean states. Comme Maurice qui a un une grande oceanic region dont on doit pouvoir se servir d’une façon sustainable pour le pays et qu’on doit développer d’une façon vraiment durable. Une organisation japonaise a aimé le travail que je fais et a décidé de financer mon déplacement à la 4th International Conference for Small Island Developing States (SIDS4)», nous confie le jeune homme qui s’est nourri de tout ce qu’il a vécu.
«Flash floods»
«Ce genre de rendez-vous est essentiel car un événement du genre survient chaque 10 ans. Et en ce moment, c’est une période cruciale où de nombreuses îles sont en train de souffrir, notamment Maurice, par rapport aux fréquents cyclones et flash floods. Il y a d’autres pays qui sont comme nous. On ne doit pas se sentir seul et isolé. Ce qui est important, c’est que tous ces pays se réunissent et discutent par rapport aux international laws et frameworks qui sont mis en place par les Nations Unies pour nous permettre d’avancer. Les petites îles font ce qu’elles peuvent. On n’a pas de ressources ni de gros moyens. C’est pour cela que c’est important de comprendre que c’est le devoir des Developped Countries, étant responsables du changement climatique, d’amener une damage reparation à ces petites îles», souligne Krishna.
Pour lui, la présence de Maurice à cet événement était très importante. «Pour moi, ça représente beaucoup d’avoir été partie prenante d’une telle rencontre en tant que représentant des jeunes. Au niveau de Sov Lanatir, nous avons impliqué plus 50 000 à 60 000 jeunes dans différents projets. Nous sommes sur le terrain et nous sommes aussi dans la recherche, à l’académie, notamment autour des mangroves, de la coastal regeneration et des énergies renouvelables. Donc, pour moi, c’était important de représenter cela, de représenter Rodrigues aussi, mais pas que représenter car l’objectif est aussi de faire entendre notre voix. Et par faire entendre notre voix, je veux dire qu’il y a des solutions que nous, les Mauriciens, avons proposées, mais il y a aussi des solutions proposées par d’autres petites îles qui sont plus avancées que nous dans certains domaines, tout comme nous sommes plus avancées qu’elles dans des domaines spécifiques. Ces échanges sont essentiels pour qu’on puisse prendre des décisions, surtout concernant notre futur», précise le président de Sov Lanatir.
Et qu’est-ce qu’une telle aventure lui a apporté ? «Il y a quelque chose de très important dont on ne parle peut-être pas assez à Maurice, c’est le néocolonialisme ; soit, comment la colonisation a vraiment affecté toutes ces petites îles qui en sont les fruits. Un exemple : c’est l’usage des mots. Le terme Small Island Developing States peut donner l’impression que nous sommes une petite île au milieu de l’océan et sans grand pouvoir. Il y a eu des conférences où il a été question de changer ce terme en Large Ocean States ou Big Ocean States, ce qui démontrera que ces îles, bien qu’elles soient petites, sont entourées d’une grande partie océanique. On doit donc trouver des solutions par nous-mêmes mais ça ne veut pas dire non plus qu’on ne doit pas amener ceux qui sont responsables de ce qui nous arrive à se sentir concernés. Les Developped Countries ont un devoir de réparation envers nous, les petites îles», souligne Krishna qui a aussi eu l’occasion de découvrir Antigua et Barbuda.
«Ce qui m’a particulièrement marqué à Antigua et Barbuda, c’est leur habitat naturel qui est resté untouched. Ce n’est pas une question de préservation ou de conservation, c’est un habitat qui n’a pas été touché du tout. Par exemple, il y a le Princess Diana Beach qui est untouched. Les oiseaux endémiques et les lézards sont toujours là. Il y a certes des développements mais ces bêtes cohabitent avec la population. Il y a là-bas un écosystème extrêmement riche et le développement du pays se fait en ligne avec la nature. Mais, je vais aussi vous partager une photo sur une situation qui m’interpelle ; une photo choquante. C’est une villa qui est en train de s’effondrer à cause du rising sea level. Cela peut être le futur de Maurice si on ne prend pas les actions nécessaires», précise le jeune homme en s’attardant sur le cliché qui l’a beaucoup marqué : «Cette photo symbolise ce qui peut arriver à Maurice si les pays internationaux ne collaborent pas et ne commencent pas à prendre des actions. Certes, il y a des actions qui ont commencé à être prises mais il faut accélérer leur implémentation. Cette photo symbolise aussi ce qui peut nous arriver à nous, Mauriciens, si on ne commence pas à s’adapter contre la crise climatique. Il est donc essentiel que moi et tous les délégués de Maurice utilisions toutes les connaissances acquises à cette conférence pour aider notre pays mais aussi les îles sœurs à traverser la crise climatique.»
Cette rencontre restera à jamais gravée dans la mémoire de Krishna pour plusieurs raisons, mais aussi parce qu’il a fêté ses 26 ans là-bas. «J’ai fêté mon anniversaire pendant la conférence et j’y ai appris beaucoup de choses. J’ai beaucoup appris sur le plan diplomatique et sur les relations internationales aussi. J’ai accueilli une année de plus entouré d’autres îles qui subissent les mêmes choses que nous par rapport aux changements climatiques. Finalement, on est tous ensemble dans ce grand combat. Mais ce qui est ressorti, c’est que l’île Maurice n’est pas seule dans cette lutte.» Paroles d’un grand défenseur de l’environnement...