Elle est constamment à l’affût. Toujours attentive, prête à dégainer son filet pour le lancer et mettre le grapin sur une perle rare. Son carnet d’adresses à portée de main et son sens de la persuasion chevillé au corps, elle est souvent en chasse… Sauf que Wardah Jhakri n’est pas une chasseuse comme les autres. Elle ne court pas derrière les gibiers mais est en perpétuelle recherche de talents qui sortent du lot. Sa profession ; chasseuse de têtes.
Quelques explications s’imposent. «J’ai fait mes études en France, précisément à Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et à l’Université Paris Ouest Nanterre. J’ai fait un master en Management Strategy & International. Après avoir passé quelques années dans la ville la plus en vogue de Paris, j’ai décidé de rentrer au pays. Je suis aujourd’hui Recruitment Consultant Manager pour PALICAO, filiale d’une boîte française liée au profil de recrutement de cadres.» Voilà pour les présentations.
C’est dans son bureau à Ébène, où elle dirige une petite équipe, que la jeune femme nous reçoit. C’est en ces lieux que tout se passe. C’est là que son personnel et elle, qui travaillent pour des firmes étrangères, débusquent des cadres talentueux et cela, même s’ils sont en poste. Leur arme principale : leur force de persuasion pour convaincre ces profils rares qu’un nouveau job, plus intéressant et mieux rémunéré, les attend. «Je dirige une équipe de cinq personnes», nous dit celle qui, à 26 ans, a su se créer une place dans le monde des affaires. «Mes années en France m’ont pemis de me construire. J’ai travaillé énormément. J’étais barista, le soir. En même temps, j’étais le head de la promotion de MSc Management Strategic & International à Nanterre. J’étais en charge de beaucoup de choses, notamment de l’organistation d’événements divers. Et en même temps, je m’étais retrouvée à travailler pour PALICAO en tant que chargée de recherches. J’ai acquis beaucoup d’expériences en évoluant dans ce domaine mais après quelques années, je sentais que quelque chose me manquait. Je me devais de rentrer dans mon pays», confie Wardah qui décrit sa vie en France comme une parenthèse riche en découvertes et en apprentissage.
Si son envie de rentrer dans son île natale l’avait rattrapée, son patron, lui, ne voyait pas cela du même œil. «Il ne voulait pas me laisser partir et il m’a alors proposé de poursuivre l’aventure mais à Maurice.» Et depuis 2017, Wardah Jhakri porte fièrement sa nouvelle casquette : «J’ai accepté de relever le défi et je suis aujourd’hui consultante en recrutement. Je suis très jeune sur le marché mauricien. Tout s’est enchaîné très vite. Dès les six premiers mois, on a eu du succès. Et petit à petit, j’ai formé mon équipe.»
Elle ne voulait pas de personnes qui avaient déjà travaillé dans le domaine. Elle a alors elle-même formé son équipe à la culture PALICAO. «Il me fallait des personnes qui n’avaient pas froid aux yeux et qui pouvaient répondre aux exigences de la compagnie par rapport à notre mode de recrutement. On travaille ainsi pour de gros cabinets spécialisés en stratégie dont l’une des quatre plus grandes compagnies dans le domaine. On travaille aussi beaucoup avec des cabinets de conseil et des corporates, principalement pour des profils exécutifs. On travaille pour l’instant avec des clients français et pour l’année à venir, on pense toucher à d’autres marchés.»
Wardah, qui a été à Paris, il y a quelques semaines, pour son évaluation, se dit très fière du petit chemin parcouru : «Mon patron est très content de notre évolution. En France, ils m’ont tous bien accueillie. Il y a beaucoup de respect et cela ne peut qu’être encourageant pour moi.» La jeune femme, qui est motivée par l’envie de toujours se surpasser, porte aussi d’autres casquettes : «Je suis également Part-Time Lecturer à l’UTM pour des cours de management parce que j’aime bien partager mon savoir. J’anime aussi souvent des conférences. Je prépare également les étudiants à intégrer le marché du travail. Je pense que si j’ai réussi dans la vie, c’est parce que j’ai été bien entourée et que j’ai reçu beaucoup d’aide. Je pense là à mes parents, à mes tantes, particulièrement à la famille Yi, sans oublier mon directeur, Julien Fournaise, qui a cru en moi. Il m’a fait confiance…»
Véritable touche-à-tout, Wardah n’hésite pas à tenter d’autres expériences. «J’aide aussi mes parents dans le business familial, Cotton Candy Season Ltd, pour la vente de barbe à papa ou encore de pop-corn dans les centres commerçiaux notamment. Le travail ne me fait pas peur. Et j’aime donner de ma personne, pour un objectif ou encore pour un projet», souligne celle qui dit avoir le sens des affaires dans son ADN…