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Yaaseen Edoo : Mon handicap, ma force

13 juillet 2015

Il a reçu sa médaille de Queen’s Young Leader des mains de la reine Elizabeth II.

Les gens qui réussissent dans la vie sont ceux qui n’abandonnent jamais leurs rêves, dit l’adage. Yaaseen Edoo est définitivement de ceux-là. Né avec une malformation de la colonne vertébrale, il aurait pu s’apitoyer sur son sort et prendre uniquement ce que la vie voulait bien lui donner en tant que personne vivant avec un handicap. Mais le mot impossible ne faisant pas partie de son vocabulaire, le jeune homme de 28 ans a balayé avec force tous les obstacles qui se dressaient sur sa route afin de réaliser ses rêves.

 

Diplômé en multimédia et Web de l’Université des Mascareignes, il fait la fierté de ses parents, Kamal Azad, un policier, et Shakila, femme au foyer, de par sa volonté et sa capacité à toujours aller de l’avant et son combat pour faire respecter les droits des personnes handicapées dans l’île. Un engagement hautement reconnu, car il vient de recevoir le Queen’s Young Leader Award des mains de Sa Majesté la reine Elizabeth II en Angleterre ainsi que le titre d’Outstanding Young Person 2015 qui lui a été décerné par la Junior Chamber International Mauritius, le samedi 4 juillet.

 

«J’ai fait de mon handicap une force», lance Yaaseen d’un ton posé lorsque nous le rencontrons à son domicile à Terre-Rouge. Vêtu d’un pantalon bleu foncé et d’un T-shirt blanc portant le sigle du Queen’s Young Leader Award, le jeune homme ne descend plus de son petit nuage. Même si celui-ci n’arrive pas à masquer totalement une triste réalité que Yaaseen vit depuis quelque temps. Malgré ses qualifications académiques et le fait qu’il soit reconnu tant sur le plan national qu’international pour ses engagements sociaux, il cherche désespérément un emploi.

 

Kamal Azad et Shakila sont fiers de leur fils, qui est l’heureux titulaire du titre Outstanding Young Person 2015.

 

«Je détiens un BSc en multimédia et Web de l’Université des Mascareignes depuis octobre 2014. Suite à l’obtention de ce diplôme, j’ai envoyé ma candidature à de nombreuses compagnies privées. Certaines m’ont contacté, d’autres non. Toutefois, lorsque j’ai évoqué la possibilité qu’un moyen de transport soit mis à ma disposition ou que mes frais de taxi soient remboursés, les négociations se sont arrêtées net», se désole Yaaseen Edoo qui ne lâche pas pour autant le morceau. Il compte bien faire en sorte que les personnes handicapées soient employées dans des firmes privées comme le préconise la loi. Mais il considère que c’est au gouvernement de donner l’exemple en premier.

 

«Selon la loi, 3 % des employés d’une compagnie qui compte plus de 35 personnes doivent être des gens vivant avec un handicap. Mais cela n’est jamais respecté. C’est au gouvernement de donner l’exemple pour que le secteur privé suive la tendance», clame ce battant dans l’âme. Son père Kamal Azad le regarde avec fierté avancer ses arguments. «Il n’a pas eu une vie facile. Mais il s’est toujours battu. Aujourd’hui, nous sommes fiers de son parcours ô combien exceptionnel», souligne-t-il.

 
Véritable combat

 

Lorsque Yaaseen voit le jour le 21 mai 1987, ses parents sont choqués lorsque les médecins leur apprennent que leur bébé présente une sérieuse malformation au niveau de la colonne vertébrale. Commence alors un véritable combat pour le petit Yaaseen qui doit subir plusieurs interventions chirurgicales. «C’était un bébé très fort qui s’est toujours battu. Il y a eu des moments où j’ai cru que le pire arriverait. Mais par la grâce d’Allah, il a tenu bon», lâche sa mère Shakila qui n’a rien oublié de cette période de sa vie.

 

Coincé dans un fauteuil roulant, Yaaseen ne sait pas ce que c’est que de se mouvoir en toute liberté ou de jouer comme les gamins de son âge. Sa situation l’empêche même de connaître les joies de la maternelle. «Je n’ai pas connu cette période. Puis, vers l’âge de 7 ans, j’ai commencé à apprendre par moi-même à travers les programmes télévisés. Graduellement, j’arrivais à prononcer quelques mots correctement. De fil en aiguille, je me suis amélioré et j’ai commencé à lire les journaux. Entre-temps, mes parents ont décidé de m’inscrire dans une école primaire vu que mon état de santé s’était beaucoup amélioré. Mais le maître d’école a refusé mon admission à cause de mon handicap», relate-t-il amèrement. Il avance qu’aujourd’hui encore, les personnes handicapées n’ont pas les mêmes chances que les autres s’agissant d’éducation.

 

Pour cause, certaines écoles spécialisées les accueillent uniquement jusqu’au School Certificate. Il leur est de ce fait difficile de compléter leur cycle secondaire et de décrocher ensuite un diplôme universitaire. «Après cet épisode, j’ai reçu la visite d’une employée du ministère de la Santé, attachée au service Community Based Rehabilitation. Elle m’a aidé à rejoindre une école spécialisée à Calebasses où mon enseignant a vu mon potentiel et m’a inscrit aux examens du CPE. Ce prof, Rishi Bundhoo, venait aussi m’aider à la maison sur une base humanitaire.»

 

 

En 2001, Yaaseen participe aux examens du CPE et décroche trois B et un C. Il est ensuite admis à la SSS Hassen Raffa à Terre-Rouge entre 2002 et 2009. Son Higher School Certificate en main, il intègre l’Université des Mascareignes et décroche son BSc en multimédia et Web en octobre 2014. Parallèlement, il s’engage à faire respecter les droits des personnes handicapées dans l’île à travers le Leonard Cheshire Disability Young Voices de Maurice, dont il est le leader, et devient l’un des 500 membres du Global Partnership On Children with Disability de l’Unicef.

 

Yaaseen Edoo en compagnie de David Beckham et de Yalda Hakim.

 

Ses engagements lui ont d’ailleurs valu de rencontrer des célébrités dont Sa Majesté la reine Elizabeth II, le footballeur David Beckham ainsi que la très adulée Yalda Hakim, présentatrice de la BBC. Des étoiles plein les yeux, il compte se battre jusqu’au bout pour réaliser son rêve le plus cher. Celui de décrocher un emploi.

 


 

Kendy Mangra et Anisha Aujayeb se distinguent

 

Journaliste à la MBC depuis six ans, Kendy Mangra est un jeune engagé auprès des plus nécessiteux. Et son combat, c’est à travers son métier qu’il le mène. Soit avec ses deux émissions phares : Lot coté laglas qui vise à redonner le sourire, la dignité et la joie de vivre aux personnes en difficulté à travers un relooking, et Anou bouzer qui met en lumière les conditions de vie des personnes vivant avec une maladie et qui ont besoin de financement pour se faire soigner à l’étranger. Un engagement qui lui a valu de remporter le deuxième prix lors de l’Outstanding Young Person Award 2015. «C’est une récompense qui me pousse encore plus à donner le meilleur de moi-même dans ce que je fais. Ma prochaine mission sera de m’engager à Curepipe, ma ville natale, afin de mettre sur pied des projets novateurs qui pourraient changer la vie des plus nécessiteux. Pour ce faire, je compte sur le soutien de la mairie», confie Kendy.

 

 

Anisha Aujayeb, engagée sur le plan humanitaire à travers le Global Shaper Port-Louis Hub, s’est vu décerner le troisième prix du concours. C’est son projet Anti-Bullying Campaign qui a retenu l’attention des jurés. Elle nous en dit plus : «À l’école, j’ai moi-même été victime de bullying. J’ai vécu une expérience vraiment traumatisante et vu que ce phénomène prend de l’ampleur dans l’île, j’ai proposé qu’on mène une campagne nationale sur ce sujet au niveau de l’association afin de sensibiliser les jeunes et qu’ils respectent mieux leurs camarades.»

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