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28 juillet 2022 13:29
Au Parlement
Le leader de l’opposition est revenu à la charge le mardi 19 juillet, avec une PNQ adressée au Premier ministre afin de l’interroger sur les allégations de «sniffing» portées par Sherry Singh. Une nouvelle fois, le PM a affirmé qu’il s’agit d’accusations sans fondement et qu’il n’a jamais ordonné l’installation d’équipements pour intercepter des données Internet et que «le seul objectif de l’enquête était dans l’intérêt de la sécurité nationale». À la question de savoir s’il compte instituer un select committee pour faire la lumière sur cette affaire, Pravind Jugnauth s’est montré catégorique, jugeant cette démarche «superflue et injustifiée» car une enquête de la police est déjà en cours.
L’opposition a, de son côté, maintenu la pression en lançant un ultimatum au PM, l’exhortant à démissionner «tant qu’il est encore temps». Lors d’un point de presse, elle a, en effet, brandi la menace de rendre publics les détails d’un rapport «accablant». Xavier-Luc Duval a, lui, réclamé la publication du rapport du Chief Technical Officer (CTO) sur le «survey» après la fuite d’une lettre de ce dernier datant du 2 juillet dans laquelle il affirme qu’il n’y a pas eu de «sniffing». Les membres de l’opposition ont même tenu une manifestation le 20 juillet devant le Parlement et devant le PMO pour crier à la «haute trahison» et réclamer la démission de Pravind Jugnauth et du gouvernement.
Sherry Singh aux Casernes centrales
Après les deux premiers actes de l’enquête policière la semaine dernière suivant le grand déballage de l’ancien CEO de Mauritius Telecom, l’interrogatoire a repris le mardi 19 juillet pour une troisième audition, suivi d’un quatrième interrogatoire le lendemain aux Casernes centrales. Les enquêteurs ont confronté Sherry Singh à plusieurs documents dont les lettres envoyées par le PMO en octobre et décembre 2021, réclamant des informations sur le câble SAFE. «Le quatrième acte est terminé. Ça a été plus court que prévu. Il semblerait que les policiers manquent de questions à poser à mon client, ce qui nous rend encore plus sereins dans la tournure des événements», a déclaré Me Gavin Glover qui a affirmé que son client est «souriant et serein» face aux événements et attend la suite de l’enquête.
Coup de théâtre chez Mauritius Telecom
Cette semaine a vu son lot de rebondissements au sein de MT. Le mardi 19 juillet, Girish Guddoy, le CTO, a soumis sa démission, contre toute attente, après plus de 20 ans de service. La veille, une lettre qu’il aurait rédigée, datant du 2 juillet avait fuité dans la presse. Dans celle-ci, Girish Guddoy, qui accompagnait les techniciens indiens à Baie-du-Jacotet le 15 avril lors de cet exercice qui a duré plus de six heures, dit qu’ils ont «quitté l’endroit sans effectuer de ‘‘sniffing’’ et sans installer un équipement quelconque». Pourtant, dans sa lettre de démission, il écrit : «Je fais aujourd’hui le choix de rester fidèle à mes valeurs et de faire ce qui est juste. La bonne chose pour moi, pour ma conscience et pour le pays.»
Le lendemain, un autre développement de taille a eu lieu au sein de MT. Le gouvernement a demandé à quatre de ses représentants au sein du conseil d’administration, dont le Chairman Nayen Koomar Ballah, de démissionner afin de constituer un nouveau board. Entre-temps, Kapil Reesaul, qui a eu une longue carrière chez MT avant de prendre de l’emploi comme Manager à la Royal Bank au Canada, a été désigné nouveau CEO. En attendant le retour au pays de celui-ci et sa prise de fonction le 1er août, le board de MT a été reconstitué avec de nouvelles nominations. Maxime Sauzier a été nommé nouveau Chairman du board. Les autres membres sont : Anandsing Acharuz, Kritananda Naghee Reddy, Mario Alain Ah Sue et Neermal Saddul.
Après ses premières interviews sur Radio Plus et l’express, les 1er et 12 juillet respectivement, l’ancien no 1 de MT est revenu au-devant de la scène lors d’une émission de defimedia.info, intitulée La vérité sur Baie-du-Jacotet, où plusieurs nouveaux éléments ont été révélés au public. Des images de la vidéosurveillance de la Landing Station lors de la visite du 15 avril 2022 ont été diffusées, montrant l’équipe de techniciens indiens dont «Monsieur Moustache» entrer et sortir de Baie-du-Jacotet. Le rapport technique de l’ancien CTO, soumis au CEO par intérim de MT le 12 juillet, a aussi été diffusé.
Girish Guddoy soutient que l’équipe de techniciens se serait connectée au réseau de la Landing Station avant de faire du «data capture». Information qui contredit les affirmations de Pravind Jugnauth au Parlement, selon lesquelles il n’y a eu l’installation d’aucun équipement là-bas pour intercepter le trafic Internet. «Le survey a été fait en utilisant leurs outils avec lesquels ils se sont connectés à différents liens Internet que nous avons sur le câble SAFE et ils ont fait un data capture de deux minutes sur chacun de ces liens», peut-on lire dans ce rapport. Des informations qui confortent Sherry Singh dans sa démarche.
Sur le plateau de Nawaz Noorbux, il est revenu dans les détails sur plusieurs points de cette affaire. Il a d’ailleurs affirmé que, contrairement à ce qu’avance Pravind Jugnauth, les lettres envoyées par le PMO le 21 octobre et le 22 décembre ne faisaient aucunement mention de survey. Il a aussi dit ne pas être au courant d’une autre lettre datant du 12 avril, comme déclaré par le PM au Parlement. S’il a accordé l’accès à la Landing Station, a-t-il affirmé, c’est uniquement sous la pression du Premier ministre.
Amy Kamanah-Murday
Ils ont contre-attaqué le samedi 23 juillet. Lors de la conférence de presse du MSM, les ministres Deepak Balgobin (TIC) et Bobby Hurreeram (Infrastructure nationale) sont montés au créneau pour commenter la dernière sortie de Sherry Singh sur TéléPlus. Voici les points évoqués…
➢ Toute l’émission de TéléPlus
Deepak Balgobin : «On assiste à du mauvais cinéma. Teaser, grandes révélations annoncées. Mais qu’a vu la population ? Une compétition entre l’express et Radio Plus, entre Axcel et Nawaz, pour qui a le plus de likes.»
Bobby Hurreeram : «Je dénonce ce complot entre Sherry Singh, Nawaz Noorbux et Bruneau Laurette (...) Sherry Singh parle du droit au silence mais des documents sortent chez Radio Plus, c’est comme si on avait la Radio Plus Court of Justice.»
➢ Images CCTV du groupe à Baie-du-Jacotet
Deepak Balgobin : «Ils sont venus avec des ‘‘preuves’’ nous montrant les images CCTV. Sur le plateau, Sherry Singh avait l’air étonné que Radio Plus ait pu avoir ces images. Mais qui était tout d’abord en possession de ces images, sinon l’ancien CEO ? N’est-ce pas un complot pour déstabiliser le gouvernement ? (...) Nous n’avons rien à cacher. Et diffuser du footage d’un endroit considéré comme une critical infrastructure, n’est-ce pas là un acte illégal ?»
➢ Porte de derrière
Deepak Balgobin : «L’ancien CEO ne fait que changer sa version. Il parlait avant d’une intervention sur le câble Safe, hier (Ndlr : vendredi), il vient parler plutôt de différents serveurs. À un moment donné, il ne voulait pas donner accès pour le survey, puis il donne l’accès. Pourquoi cela ? Est-ce que les experts indiens allaient découvrir des choses ? Est-ce qu’il y a eu des backdoor access de la part des proches et compagnies proches de l’ancien CEO ?»
➢ Le rapport technique du 12 juillet
Deepak Balgobin : «L’ancien CTO a fait cette lettre signée datée du 2 juillet, qui disait qu’il n’y avait pas de sniffing. Or, voici qu’on brandit un document, un rapport technique, présenté comme une evidence explosive, extraordinaire, qui est comme une rédaction A Day at the Seaside ! Ce rapport technique n’est pas signé, on ne nous dit rien sur le data qui a été pris ou pas. Est-ce que ce rapport a été écrit sous pression ? Est-ce une fabrication ? Et quel est le lien de parenté entre les anciens CEO et CTO ? Dans leurs lettres de démission, on retrouve les mêmes mots… Le Premier ministre a mis un case à la police, la population verra qui ment…»
➢ Les procédures pour avoir accès à Baie-du-Jacotet
Bobby Hurreeram : «Le Premier ministre a agi en fonction, a pris les devants parce qu’il était question de National Security, avec la population qui pourrait être en danger.»
Stephane Chinnapen
Le leader du Parti travailliste était face à la presse le samedi 23 juillet. Navin Ramgoolam a notamment abordé les révélations faites dans le sillage de la démission de Sherry Singh de Mauritius Telecom, qui a débouché sur l’affaire Baie-du-Jacotet. Pour lui, Pravind Jugnauth doit démissionner comme Premier ministre : «Pravind Jugnauth a trois choix, soit il démissionne comme Premier ministre, soit il retourne le pouvoir au peuple, soit c’est le peuple qui doit prendre son destin en main.»
À ce sujet, Navin Ramgoolam dit avoir eu des discussions avec des dirigeants des partis de l’opposition pour des actions communes afin de forcer le départ de Pravind Jugnauth. «Nous devons nous unir, les partis de l’opposition et la population, car le pays est en danger suite aux récents événements», a-t-il ajouté.
Pour Navin Ramgoolam, Pravind Jugnauth a commis un «acte de trahison envers la nation mauricienne, tout en violant notre souveraineté» et a menti sur l’affaire Baie-du-Jacotet. Il estime qu’il y a encore beaucoup de zones d’ombre dans cette affaire.
Rehade Jhuboo
En conférence de presse le samedi 23 juillet, les membres de l’Entente de l’Espoir se sont évidemment attardés sur l’affaire Sherry Singh, notamment avec les nouveaux éléments qui ont été dévoilés au public en fin de semaine...
Xavier-Luc Duval : «Les documents viennent corroborer tout ce que Sherry Sing a dit et ce que j’ai moi-même avancé lors de la dernière PNQ ce mardi. Ils viennent prouver que Sherry Singh dit la vérité et que mes informations pour la PNQ sont 100 % vraies. Le rapport du CTO konfirm ki finn gagn intervansion a Baie-du-Jacotet ek ki finn gagn intersepsion, recording ek capture de done... On ne peut plus douter de la véracité de ce qui s’est passé ce 15 avril. (...) Dan tou bann deli au Parlement, mentir est le délit le plus grave.»
Paul Bérenger : «Le data capture est illégal. D’ailleurs, l’ancien président de l’ICTA, Me Radhakissoon, l'a dit publiquement. Le PM demandait une preuve irréfutable mais prev irefitab la li la. Le rapport du CTO, li enn prev irefitab. Finn ena sniffing. Pravind Jugnauth bizin ale. Li enn danze pou sa pei-la. Moi ek Xavier, nou finn koz ar Navin Ramgoolam ek nou pe zwenn a nouvo, nou pou koordonn les choses, étant donné la gravité de la situation.»
Nandho Bodha : «Mo konn MSM bien. Mo santi enn latmosfer fin de regn. Ek mo trouv enn dezespwar, d’où les mensonges. Dan sa watergate a la morisienn-la, c’est clair qu’un crime a été commis le 15 avril à Baie-du-Jacotet. Le PM, li accountable. Parski se li kinn pran tou bann desizion. It is his doing. C’est clair que le PM pann dir la verite o Parlman. C’est grave.»
Christophe Karghoo
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