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12 juillet 2017 02:31
Le temps à Curepipe a beau être froid et maussade, à l’intérieur du centre d’éveil de Cité Joachim, des petits rayons de soleil apportent chaleur et baume au cœur. Cette année, ils sont 19 enfants, âgés entre 2 et 3 ans, et issus des quartiers alentour, à passer une partie de leur journée avec l’équipe du centre d’éveil de Caritas, qui a vu le jour il y a trois ans. Entourés de leurs puéricultrices, les enfants apprennent des petites choses leur permettant de bien démarrer leur scolarité dès la maternelle. «L’objectif, c’est qu’ils commencent l’école avec un certain bagage intellectuel. Le but est de faire reculer l’échec scolaire au maximum», explique Marie-Hélène Montenot, responsable de projet et du comité de gestion du centre d’éveil.
Cette préparation, souligne-t-elle, est essentielle pour ces petits qui viennent majoritairement de milieux où précarité, difficultés de logement, chômage, alcool, drogue et violence se côtoient. Pourtant, confie Marie-Hélène Montenot, convaincre ces familles d’envoyer leurs enfants au centre n’était pas aussi simple. «Au départ, elles étaient réfractaires. Elles ne voyaient pas la nécessité de ce genre de programme. Puis, peu à peu, elles ont réalisé que c’était une aide non négligeable.»
Pour permettre un développement optimal de l’enfant, l’équipe du centre d’éveil mise sur des activités ludiques alliant apprentissage académique, à travers des chants, des jeux et des contes, initiation aux règles d’hygiène et sorties pédagogiques, etc. L’enseignement passe d’abord par une autonomisation de l’enfant. «On commence par leur apprendre à ne plus utiliser leur couche et à dire quand ils ont envie d’aller aux toilettes, à se tenir bien à table, à parler correctement», explique Dyana Fanor, puéricultrice. Selon elle, l’amour et la tendresse des accompagnatrices sont primordiaux pour instaurer un climat de confiance. Pour cela, le centre mise sur une formation pointue du personnel, sur une conseillère pédagogique et sur des visiteuses qui font le suivi avec les familles.
Outre les uniformes, le centre fournit chaque jour petit déjeuner et déjeuner aux enfants. Un must, estime Jean-Claude Dercy, trésorier et secrétaire du comité de gestion. «Un enfant mal nourri ne peut pas se concentrer et capter ce qu’on lui enseigne. C’est la psychologie de l’enfant.» Leur offrir uniformes, matériels scolaires et repas chauds enlève, souligne Marie-Hélène, un poids des épaules des parents qui, souvent, ne peuvent pas se le permettre. Sauf que tout a un coût que le centre a du mal à soutenir. Un appel à parrainage a donc été lancé.
«Il y a 17 centres d’éveil dans l’île. Nous sommes le 15e à ouvrir ses portes. Les 14 premiers sont soutenus financièrement par une entreprise. Lorsque nous sommes arrivés, on nous a dit qu’ils avaient fait provision pour les 14 premiers uniquement», regrette Marie-Hélène Montenot. L’équipe enchaîne alors les demandes, va frapper à toutes les portes mais se retrouve avec des échecs sur les bras.«À chaque fois, ils nous disent qu’on ne rentre pas dans leurs projets ou qu’ils ne font plus de CSR.»
Au plus bas financièrement, le centre d’éveil se trouve, il y a quelques mois, dans l’obligation de faire appel aux paroissiens de l’église Ste-Thérèse. Une exposition des travaux du centre est organisée dans l’enceinte de l’église. Un programme de parrainage est lancé et trois paroissiens décident de se porter volontaires. Si les mois qui viennent sont assurés, ils savent que cela ne va pas durer et qu’ils devront trouver une autre solution, d’où leur appel à soutien. Le message est simple : «Soutenez un enfant par mois au coût de Rs 2 055 ou sur une année pour un total de Rs 25 000. Ils ont besoin de vous.»
Cette aide est indispensable. Le centre espère ainsi mener cette mission à bon port. Marie-Hélène Montenot, elle, n’a qu’une demande : «Ayez un regard dans votre entourage, chez vos voisins. Il y a peut-être un enfant qui lui aussi a besoin d’un centre d’éveil.»
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